08-Le Quart de la France…

Une journée sans vélo pour rejoindre une île mythique, l’Île de SEIN. Par sa position à l’extrémité de la pointe du raz, sa forme, sa surface, ses tempêtes et l’histoire courageuse, exemplaire de ses habitants. Embarquement à 9 heures pour une heure de traversée en longeant le cap de la pointe du raz et son fidèle phare. Ce matin le bateau est complet avec des passagers d’un jour, ceux qui vont y dormir une ou plusieurs nuits et les îliens. Sans oublier les bagages et le fret pour faire vivre cette île.

 

 

 

Aujourd’hui la mer est « d’huile », la lumière du ciel est lavée des brumes de chaleurs et nous offre des façades de maisons pleines de couleurs.

 

 

 

Le phare de la Vieille  

 

Un phare maritime du Finistère, construit de 1882 à 1887 sur le rocher de Gorlebella « la roche la plus éloignée » en breton. Il éclaire et sécurise fortement le passage dangereux du raz de Sein, de concert avec la tourelle de la Plate. Il est situé dans le raz de Sein à moins d’un mille marin à l’ouest de la pointe du Raz sur la commune de Plogoff et appartient à l’État français. L’« Enfer » de la Vieille doit sa célébrité à sa situation isolée en mer dans une zone agitée. De plus, il se démarque par son histoire et son passé riches…Entre les études de faisabilité et le premier allumage, près de dix ans ont été nécessaires pour sa construction. Lors de son automatisation en 1995, les gardiens en place refusèrent la relève en signe de protestation. Inscrit monument historique par arrêté du 31 décembre 2015.

 

 

 

 

 

 

En juin 1940, la quasi-totalité des hommes en âge de combattre choisissent de partir de leur île rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre. A l’annonce de la signature de l’armistice, sur les 1200 habitants de l’Ile de Sein 10% d’entre eux sont partis, soit 136 hommes. Une question persiste de quelle manière l’île de Sein est-elle rentrée dans la résistance, en quoi est-ce unique ?

 

 

 

 

Entre le 24 et le 26 juin 1940, 136 îliens embarquent pour l’Angleterre sans savoir s’il aillait y avoir des représailles de l’occupant ni comment leurs familles allaient survivre. Le plus jeunes avait 14 ans, 52 hommes sont mariés laissant 145 enfants, un vrai sacrifice. L’altruisme et le patriotisme sont les raisons pour lesquelles un si grand nombre de Sénans s’engagent et si peu dans le reste de la métropole, cela les définis et ce depuis toujours. En effet, les Sénans ont toujours répondu aux appels de détresse. Depuis des siècles, par les mers les plus agitées, ils ont bondi dans leur canot de sauvetage pour secourir des navires venus de tous les points du globe se fracasser sur les côtes de Sein. Ils ont agi de la même manière pour l’appel de Gaulle. « On est partis parce qu’on était patriotes, parce qu’on aimait la France, c’est tout » a dit Louis Fouquet, 84 ans. A 14 ans, il était le plus jeune de tous.

 

 

 

 

Ils s’engagent dans la France libre avec pour les plus jeunes dans la marine de guerre, les plus âgés vont dans la marine marchande ou au service des ports. Quand le général de Gaulle, le 1er juillet 1940 passant en revue à Londres les 600 premiers volontaires de la France libre, Il S’entendra répondre si souvent à sa question rituelle…D’où venez-vous ?…De l’île de Sein, il dira alors de cette phrase, qu’elle est entrée dans la légende…Sein est donc le quart de la France ? 7000 français seulement s’engageront dans les forces françaises libres durant l’été 1940 dont 136 Sénans.

 

 

 

 

106 Sénans rentrent sain et sauf en 1945, 30 perdent alors la vie durant la Seconde Guerre Mondiale dont 22 Français Libres. Le 30 août 1946, le général de Gaulle visita l’île…Symbole de la Bretagne tout entière. la nommant ainsi compagnon de la Libération, disant alors…S’est refusée à abandonner le champ de bataille qui était le sien la mer. L’île de Sein se verra alors remettre la croix de la libération. Dès le début de juillet 1940, les Allemands occupent l’Ile de Sein et y installant mines et barbelés. Une réglementation sévère est appliquée concernant la circulation tant dans l’île que sur mer. Les conditions matérielles sont difficiles et le restent même après le retour des mobilisés. En dépit de cela, une aide aux familles des Sénans ayant rejoint l’Angleterre est organisée. Parmi les Sénans qui ont rallié la France Libre, nombreux ne reverront pas l’île et leur famille avant 1944, tandis qu’une vingtaine d’entre eux sont morts pour la France. Le général de Gaulle leur a rendu hommage dans ses Mémoires de guerre…

 

Dans les derniers jours de juin, abordait en Cornouailles une flottille de bateaux de pêche amenant au général de Gaulle tous les hommes valides de l’Ile de Sein. Jour après jour, le ralliement de ces garçons resplendissant d’ardeur et dont beaucoup, pour nous rejoindre, avaient accompli des exploits, affermissait notre résolution.

 

 

 

 

 

 

Partir marcher à sa découverte, demande peu de temps pour en faire le tour mais beaucoup plus pour comprendre comment cette île a traversé les crises et fonctionne au quotidien depuis toujours. 

 

 

 

 

 

La sobriété, ça fait dix ans qu’on y travaille. Par Elsa Gautier

 

Coupés du réseau électrique national, les habitants de la petite île de Sein, en Bretagne, dépendent encore d’une centrale au fioul. En attendant leur future éolienne, ils s’organisent pour réduire leur consommation énergétique. Devant la mairie de l’île de Sein, au cœur du lacis de ruelles blanches du bourg, un drôle d’écran noir a récemment été installé par EDF. Chacun peut y lire en temps réel la production des différentes sources d’énergie de l’île. Le soleil de septembre fait en effet fonctionner à plein régime les panneaux photovoltaïques posés sur les toitures du centre nautique, de la gare maritime ou encore de l’écloserie pour les huîtres, qui fournissent 12 % de l’électricité par an. L’écran noir indique aussi aux habitants le potentiel de la future éolienne qui doit être installée par EDF sur l’île en 2023, après des années de controverses et de délais.

 

 

 

 

Située au large de la pointe du Raz, l’île de Sein est un caillou de 0,5 km2, coupé du réseau électrique national. Ici, comme sur les îles de Ouessant ou Molène, la production d’électricité émet pour l’instant treize fois plus de CO2 que sur le continent – proportionnellement au nombre d’habitants, bien sûr. Car pour s’éclairer, recharger leurs portables, mais aussi désaliniser l’eau, les 260 insulaires, et leurs milliers de visiteurs estivaux, dépendent encore essentiellement d’une centrale au fioul. Il y a une décennie, les îles de la mer d’Iroise ont décidé de prendre le chemin de l’autonomie énergétique. Avec un horizon commun, atteindre 100 % de renouvelables en 2030…On consommait jusque-là sur Sein 400 tonnes de fioul par an, depuis, à force de politiques publiques volontaristes, l’île de Sein est passée sous la barre des 300 tonnes. Pour faire baisser les consommations énergétiques, une des priorités depuis 2012 a été d’enclencher la rénovation de l’habitat, ancien et énergivore. Car, à une heure de bateau au large du continent, faire venir artisans et matériel coûte cher. Et une partie des habitants sont des retraités ou des veuves aux revenus plus que modestes, rappelle le maire de Ouessant et conseiller régional dans la majorité de centre gauche.

 

 

 

 

De 2012 à 2017, un premier programme d’aides a permis de financer des travaux dans 18 % des résidences principales des trois îles de la mer d’Iroise (vingt-six logements sur Sein). Et depuis 2019, un dispositif financé par EDF (Renov’îles) a pris le relai. Il ouvre aux locaux l’accès à des subventions forfaitaires pour isoler leur toiture, leurs murs ou encore changer leurs fenêtres…L’amélioration énergétique de l’habitat, ce n’est pas spectaculaire, mais c’est important. En 2017, une opération plus inhabituelle a été menée sur l’île avec le remplacement des vieux réfrigérateurs, gourmands en énergie. Car pour garder des réserves en cas de perturbation de la liaison avec le continent, ou pour stocker leur pêche, les habitants de Sein sont suréquipés en appareils de froid : ils en possèdent deux fois plus que la moyenne des Français. L’État et EDF ont ainsi financé le remplacement sur Sein d’une quarantaine de congélateurs par des équipements étiquetés A++ ou A+++. L’éclairage public a lui aussi été optimisé. Et environ 2 000 ampoules LED ont été distribuées aux foyers. Des équipements hydroéconomes (limiteurs de débit, pomme de douche économe) ont par ailleurs été mis à leur disposition. Car sur Sein, économiser l’eau, produite par désalinisation, revient à économiser du fioul. Les politiques volontaristes menées sur les îles de la mer d’Iroise ont produit une baisse notable des consommations entre 2015 et 2018, avec une réduction de 26 % des émissions de CO2 sur cette période. Et à l’horizon 2023, l’île de Sein est bien partie pour atteindre son objectif de 300 mégawatts-heures (MWh) d’économies par an, précise Émilie Gauter.

 

Mais malgré la poursuite des efforts de sobriété, « le paradoxe, c’est qu’on ne voit plus de diminution de consommation de fioul », constate Denis Bredin, directeur de cette association. En cause ? Le report d’autres consommations énergétiques vers l’électricité…Tous les gens qui se chauffaient directement au fioul se chauffent maintenant à l’électricité. Pour stimuler l’activité économique et garder des actifs, les îles comme Sein cherchent à développer le tourisme hors-saison, et ça marche ! Il y a beaucoup plus de locations hors-saison donc, évidemment, davantage de consommation d’électricité…Néanmoins, malgré cette hausse de l’activité touristique, et un léger regain de population, la consommation n’a pas bondi.

 

 

 

 

L’enjeu crucial de l’eau…

 

Sur des îles où la ressource en eau est rare, et où l’eau potable est produite à partir de l’eau de mer par un osmoseur permettant de traiter de l’eau de mer par le procédé de l’osmose inverse pour la désaliniser, les économies d’énergie peuvent être anéanties par un problème de canalisations. Un bilan détaillé du réseau de Sein est en cours pour éviter les pertes. L’association, les élus et EDF planchent sur un dispositif technique permettant de régler le fonctionnement de l’osmoseur sur les périodes de forte production photovoltaïque. Par ailleurs, si sur les îles, économies d’eau et d’énergie ne font qu’un, les nombreux visiteurs de l’île de Sein (45 000 traversées en 2019), sont loin d’avoir tous les réflexes économes des locaux. À l’horizon 2023, les îles de la mer d’Iroise gardent en tout cas le cap sur leurs ambitieux objectifs d’économies d’énergie, fixés dans la programmation pluriannuelle de l’énergie. Sein, qui consomme à l’heure actuelle 1400 MWh par an, prévoit ainsi de réduire d’encore 200MWh par an sa consommation énergétique.

 

 

 

 

Aujourd’hui, nous reprenons nos vélos pour rejoindre plus au Sud, Bénodet en longeant la côte sur environ 70 kms.

 

 

 

A Suivre…