Fin du Monde..?

Avant chaque film, je vais acheter des magazines de mode ou de photo à New York, que je rapporte au pays et je regarde ce qui m’inspire, la lumière, les cadrages, les couleurs. C’est comme ça que je prépare mes films. Pas en regardant ceux des autres. J’ai aussi mes instincts de cinéma, Titanic / La Leçon de piano / Magnolia / Batman, des films complètement hétéroclite qui viennent de mon enfance. Mais je n’ai plus besoin de les revoir, ils sont en moi. Ils m’accompagnent sur chaque projet. Je réalise toujours une scène comme si elle était dans Titanic. Je ne filme jamais de manière consciente, intentionnelle, ce sont des inspirations qui me hantent. Je suis heureux parce que pour la première fois, a Cannes, des journalistes ont parlé de « juste la fin du monde » en le comparant a mes précédents films et non plus à tel ou tel autre cinéaste.    Xavier NOLAN

 

 

 

 

GRAND PRIX JURY 2016 CANNES / 2 CESAR 2017 REAL / MONTAGE

 

QUÉBECOIS A 6 ANS IL JOUAIT DÉJÀ DANS DES PUBS… ACTEUR SUR UNE DIZAINE DE FILM DONT 3 DES SIENS IL DOUBLE DEPUIS TOUJOURS DES PERSONNAGES DE SÉRIE TV. SON RYTHME ? UN FILM TOUS LES 18 MOIS ET TOUS SÉLECTIONNER A CANNES OU A VENISE. COMME LA PLUPART DES CINÉASTE IL A VU BEAUCOUP DE FILMS ET PARLE TOUJOURS DE…

 

la Leçon de piano. Comment ne pas aimer un film aussi bien écrit et réalisé, aussi beau et simple ?

 

SON CINÉMA ? DES GROS PLAN POUR LES CONFESSION ET DIALOGUE / DES CONFLITS VIOLENTS.

DES REGARD CAMERA ET UN CADRE PARFOIS DÉCENTRÉ.

DES CHOIX MUSICAUX TRÈS SUR.

 

 

 

 

CE FILM EST D’ABORD UNE PIÈCE DE THÉÂTRE DE JEAN-LUC LAGARCE ÉCRITE A BERLIN EN 90 UN DES AUTEURS LES PLUS JOUES EN FRANCE – DÉCÉDÉ 1995 A 38 ANS. XAVIER DOLAN PAR RESPECT FAIT PARLER SES PERSONNAGES COMME ILS ÉTAIENT ÉCRIT POUR LA PIÈCE. CHACUN CHOISIRA SON PERSONNAGE, ET OU SA SCENE PRÉFÉRÉ…

 

NATHALIE BAYE EST STUPÉFIANTE.

 

GASPART ULLIEL CÉSAR 2017 MEILLEUR ACTEUR.

 

 

 

 

FAMILLE NUCLEAIRE par Jacques Mandelbaum

Le retour amer, chez ses parents, d’un écrivain qui se sait condamné.

 

Deux veines irriguent à ce jour le corps cinématographique du jeune Xavier Dolan, spécialiste postmoderne des amours impossibles. La première est pop, opératique, colorée comme une bulle de chewing-gum qui laisse fuser l’amertume quand elle éclate. On aura reconnu Les Amours imaginaires (2010) ou Laurence Anyways (2012). La seconde est sobre, concise, tranchante comme une lame. Le tournage serré, la tentation du huis clos, le chromatisme éteint servent un propos plus ostensiblement sombre, si ce n’est cruel et désespéré. Tom à la ferme (2013) en fut un bel exemple, qui mettait en scène, d’après la pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard, un jeune publiciste de la métropole venu rendre un dernier hommage à son amant dans la ferme familiale, où il se heurtait en une épreuve passablement perverse au frère du défunt, psychopathe puissamment homophobe.

 

On ne peut manquer d’être frappé, découvrant aujourd’hui Juste la fin du monde, par la proximité de manière et de propos qui relie les deux films. Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, écrite en 1990, cinq ans avant que l’auteur ne succombe aux effets du sida, ce récit évoque, de manière ô combien ironique et déchirante, celui du retour du « fils prodigue » dans sa famille. Louis (Gaspard Ulliel), écrivain à succès, y revient quant à lui après douze années d’absence. Il y retrouve sa mère (Nathalie Baye), son frère (Vincent Cassel) et sa femme (Marion Cotillard), sa sœur (Léa Seydoux). Se sachant condamné par la maladie, il vient annoncer sa mort imminente, mais repartira, quelques heures plus tard, sans avoir pu le faire, le cœur plus lourd, à moins que ce ne soit l’inverse, qu’à son arrivée. Qu’on ne nous tienne pas rigueur de la révélation, tant elle est au fond négligeable…Le film tient tout entier dans l’entre-deux, c’est un traité clinique de la folie familiale, une saisissante coupe in vivo de l’égarement de l’amour au profit de l’ambiguïté et du ressentiment. Le cinéaste ménage, pour ce faire, une suite d’apartés du « revenant » avec chacun des membres de la famille, et une scène collective d’anthologie, autour d’une tablée qui vire au fiel. Formellement, le film fait se rencontrer quelque chose qui tiendrait de l’hyper-cinéma (caméra en mouvement, gros plans) avec de l’hyper-théâtre (une manière de faire tenir l’intrigue dans le langage plutôt que dans l’action proprement dite).



Concrètement, les personnages, comme les acteurs qui les incarnent, se posent là. La mère, ongles bleus, tailleur brodé de satin rouge, breloques, pendentif et carré possiblement postiche, est une femme qui ratiocine, enfermée dans la boucle temporelle d’un bonheur familial passé dont on a quelques raisons de se demander s’il a jamais existé. Le frère, brute matoise et obtuse, est un pervers qui passe son temps à se prétendre victime des autres pour mieux s’exonérer de la torture qu’il inflige à son entourage. La belle-sœur est une gourde de bonne volonté, qui cherche ses mots pour ne pas nommer la souffrance qu’il y a à partager la vie de cet homme. La sœur est une jeune fille mal dans sa peau, en guerre ouverte avec son psychopathe de frère, dont le rêve ultime semble consister à conduire la voiture familiale. Point commun de la tribu : tous ont de bonne foi le sentiment que Louis qui a sans doute commis la faute de ne plus vouloir entrer dans ce jeu est la cause de leurs maux et l’accablent à tour de rôle, dans une concertante et d’autant plus terrifiante déraison.



Sans doute ne passe-t-on pas très loin du morceau de bravoure, avec galerie de monstres sanctifiant, par contraste, le héros sensible élevé au rang de martyr. Certains connaisseurs de Lagarce, croisés à l’issue de la projection, et qui ne reconnaissent ici ni l’univers ni la langue du metteur en scène, semblent d’ailleurs s’en offusquer. Xavier Dolan prétend quant à lui être resté au plus près des dialogues originaux. Eternel problème de l’adaptation. L’essentiel n’est sans doute pas là. Il tient plutôt dans le fait que le film parvient à ménager, malgré sa férocité, une possibilité d’entrer dans le sentiment, aussi faussé serait-il, de chaque personnage. Tourné comme à travers la ouate d’un mauvais rêve utérin, le film nous fait entendre la cacophonie feutrée des dialogues qui ne se nouent jamais et qui finissent par s’assourdir dans l’épuisement de leur inanité. Le langage et en ce sens le film resterait fidèle à l’esprit de Lagarce y apparaît en effet comme un foyer constant d’approximations à corriger, le lieu privilégié d’une mise au point qui s’éloigne à mesure qu’on cherche à la nommer. Tel un vêtement rapiécé jeté sur la nudité des passions, il ne cesse de mettre en lumière ce qu’il cache. En un mot chacun, y compris la victime de cette triste histoire, est ici seul avec sa souffrance en même temps qu’il ne peut se passer des siens pour l’éprouver. Une possible définition, pas la plus gaie on en convient, de la famille.