8H20…Premier jour avec un départ aussi matinal, le ciel bleu est de retour et ne nous quitteras pas de la journée et pour compléter le tableau idyllique de cette matinée il y a juste une brise légère sur toute la baie de Somme que nous longeons pour rejoindre le Hourdel point de départ de tous les groupes pédestres encadrés pour l’observation des phoques très réglementés sur la baie. A moins de 300 mètres vous risquez une amende de 750€…
Parfois lorsque notre application Geovelo ne trouve pas mieux, vous pouvez vous retrouver à rouler sur des chemins pas vraiment adaptés à nos vélos chargés…Nous pleurons tous les jours les superbes pistes Hollandaise…Le passage dans les champs du marais au Sud de la baie était “un peu” compliqué…Sous le regard incrédule des habitantes de la région, mais une belle piste droite, une route retrouvée et notre progression peut repartir.
Première étape au dessus du Tréport et de sa partie station balnéaire Mers les Bains. Notre dame de la falaise offre un magnique point de vue. Ensuite sur un sentier parfois très raide nous descendons pour rejoindre le bord de la Manche.
Nous profitons de ce beau temps si nouveau pour nous que nous « trainons » un peu sur le bord de plage en observant ces immeubles témoins des premiers temps balnéaires au début du 20ème siècle. Ensuite il faudra remonter tout en haut de la falaise à l’Ouest de la ville. Dans ces moments là j’apprécie et Chris aussi de disposer d’une puissante assistance électrique sur nos vélos.
Plus loin arrêt pause déjeuner sur une plage de galet avec au dessus de nos têtes le ballet de 2 ou 3 parapentistes qui profitent du vent du Nord Ouest qui vient de se renforcer pour créer des ascendances au dessus des falaises qui nous dominent.
Dernière montée…Dernière pause…Dernière descente vers Dieppe situé tout en bas avec des falaises tout autour. Il y a 25 ans, régisseur de la tournée “Graine de Star”…Tournée infernale sur toute la France avec 41 dates en 50 jours, j’étais présent ici le 11 août 1999 pour vivre l’éclipse totale. TOTALE émotion de quelques minutes qui vous font comprendre pourquoi des terriens courent la planète après ce phénomène naturel extrordinaire. Une arrivée tardive, une certaine fatigue et lassitude m’amène à vous présenter Dieppe sous son meilleur jour avec des photos qui ne sont pas de nous.
Dimanche 9 Juin…92 Kms / 5H35 de route pour 16,5 Kmh de moyenne.
DIEPPE – OPERATION JUBILEE – 19 AOUT 1942
Le 19 août 1942, les Alliés lançaient en Normandie l’opération Jubilee, un raid sur le port de Dieppe occupé par les Allemands pour un échec sanglant…Canadiens et Américains y perdent leurs tout premiers soldats sur le continent européen. 6 000 hommes, dont près de 5 000 Canadiens et un millier de Britanniques, sont engagés dans cette attaque éclair. Son objectif est de tester les défenses côtières allemandes et d’endommager les infrastructures de l’ennemi, avant de réembarquer vers l’Angleterre. L’opération se solde par de lourdes pertes …1 200 hommes tués, dont 913 Canadiens, 2 000 prisonniers, sans oublier une centaine d’avions abattus, une trentaine de chars perdus et un destroyer coulé.
« Il a fallu attendre longtemps avant que la vérité n’éclate »
Lorsque le soldat du 14e Régiment blindé canadien Gordon Fennel revient en Angleterre après le raid, remorqué à bord d’un bateau qui prenait l’eau, il comprend vite que le récit fait de la bataille n’a aucun rapport avec sa réalité. Cet homme aujourd’hui âgé de 100 ans était le seul vétéran du raid parmi la petite poignée d’individus encore en vie à assister aux commémorations vendredi. Les forces canadiennes ont perdu lors du raid sur Dieppe trois fois plus d’hommes que pour le D-Day, deux ans plus tard. Le raid de Dieppe s’est soldé par un carnage pour les soldats canadiens, mais les alliés avaient décidé qu’ils annonceraient une victoire, et le IIIe Reich en a profité pour se déclarer invincible…On nous a dit que c’était un exercice, mais nous étions tous préoccupés, c’est seulement trente secondes avant d’embarquer dans les bateaux » que le véritable but de la mission a été dévoilé,
Côté alliés, travestir le fiasco en victoire…
Si le secret entoure logiquement un tel raid avant le départ, Gordon a été surpris de ce qu’il a pu lire et entendre, revenu sur le territoire britannique le jour même parmi les quelque 3 000 rescapés, la moitié seulement du contingent de départ, (près de 900 Canadiens tués et 1 900 prisonniers). Les Canadiens, à qui l’on vante la réussite de l’opération mais qui restent sans nouvelles de leurs proches, se posent des questions. L’historienne Béatrice Richard écrivait en avril 2016 dans « Dieppe, la fabrication d’un mythe » que dès la fin de la bataille, les services des relations publiques du DOC « entrent en action et tentent de transformer le fiasco en victoire ». Les jours suivant, les titres des journaux sont dithyrambiques « Le commando laisse Dieppe en ruines » ou « Combat acharné à Dieppe, tâche accomplie pour les alliés qui surclassent les défenses allemandes » pour The Hamilton Spectator.
On cache les morts…Mais sur la petite dizaine d’objectifs fixés, seuls deux, maintenir la pression sur les forces allemandes en France et gagner en expérience sont atteints, pour un coût humain astronomique…Après les premières publications louant la réussite de l’opération, on commence à publier la liste des morts, blessés et disparus dans les journaux. La dissonance devient évidente ». Les Canadiens, à qui l’on vante la réussite de l’opération mais qui restent sans nouvelles de leurs proches, se posent des questions. Certains assistent à des rassemblements initiés par des journalistes présents à Dieppe mais ces derniers s’autocensurent sur fond de nationalisme guerrier. Il faut attendre mi-septembre pour que la vérité éclate enfin, c’est « la phase de révélation », à partir du 15 septembre, « celle du bilan officiel des pertes et la diffusion d’un rapport officiel sur l’opération trois jours plus tard ».
Côté allemand… La propagande sévit aussi. Les photographes dramatisent la scène en alignant des corps sur la plage, les actualités parlent de l’échec d’un « débarquement » à but d’invasion, alors qu’un raid est par essence une opération prévue sur un court laps de temps avec rembarquement de toutes les forces en présence. L’idée allemande que cette « ouverture d’un second front allié en Europe de l’Ouest a échoué en 1942, s’éloignant du concept du raid pour se rapprocher de celui de débarquement », s’est tellement propagée dans l’imaginaire collectif, explique Marie Eve Vaillancourt, que même « les historiens canadiens ont mis l’accent sur cette thèse pendant plusieurs années ».
Gaspillage de vies humaines… ou « répétition générale » nécessaire du débarquement réussi du 6 juin 1944 ? L’opération Jubilee fait l’objet d’interprétations divergentes. Dans ses mémoires, le lieutenant-colonel britannique Shimmy Lovat, qui y a participé, jugeait qu’elle n’était finalement qu’un « show » commandé aux militaires par les politiques. Cette opération aura en tout cas permis d’éclairer les Alliés sur les erreurs à ne pas commettre…Il y a un tas d’imperfections dans cette opération, ce qui en fait une espèce de laboratoire d’expérience. Les Alliés apprennent beaucoup. De manière douloureuse, mais ils apprennent ». Loin de ces interprétations ou manipulations.
Gordon Fennell, présent ensuite sur les théâtres d’opération de Hollande, d’Allemagne ou d’Italie où il a perdu son frère qui combattait avec lui, n’a qu’un mot pour décrire cette journée… épouvantable !
Demain, lundi 11Juin, direction Rouen.