Destin brisé

La fabrication de ce film a nécessité 91 peintres. Leur recrutement s’est effectué en trois étapes : évaluation de leur portfolio, essais de peinture-animation pendant trois jours et 18 jours d’initiation intensive au style pictural de Van Gogh et à la peinture-animation. D’abord tourné en prises de vue réelles, les acteurs ont joué dans des décors construits pour évoquer des toiles du peintre ou sur des fonds verts. Les images ainsi tournées ont ensuite servi de base de travail aux artistes peintres. En amont du tournage, l’équipe de peintres-animateurs a consacré une année à réinventer l’œuvre picturale de Van Gogh sous une forme cinématographique. On retrouve dans le film 94 toiles du maître presque à l’identique et 30 autres reproduites en grande partie ou partiellement. 377 tableaux ont été peints pendant la phase de préparation et les 1009 prises de vues du film se composent de 62 450 plans. A chacun de voir si ce défi humain et technologique est une réussite artistique ou pas.

 

 

 

 

La passion Van Gogh    Film réalisé en 2017 par Hugh Welchman sur une idée originale de Dorota Kobiela polonaise et cheville ouvrière pour ce premier film de l’histoire du cinéma utilisant un tel procédé. Elle raconte…Je travaillais dans l’animation mais la peinture, que j’avais étudiée pendant huit ans, me manquait cruellement et je désirais réunir mon désir de peindre et ma passion pour le cinéma en réalisant un film de « peinture animée ». A l’époque, j’étais profondément marquée par les lettres de Vincent Van Gogh adressées à son frère Théo : ce sont elles qui ont été le premier déclencheur du projet, le second a été la découverte de ses toiles. Je me suis rendue compte qu’il avait abordé de nombreux thèmes différents qui pouvaient facilement donner lieu à un récit. Dans ses tableaux, on voit où il a vécu, qui étaient ses interlocuteurs, où il passait son temps. J’ai décidé de consacrer un court métrage à ses derniers jours. C’était il y a huit ans et à l’époque, je n’imaginais même pas que mon court métrage puisse prendre l’ampleur qu’il a aujourd’hui.

 

 

 

 

Certains peintres et musiciens célèbres de toutes les époques font parties de l’histoire du cinéma soit au travers d’un biopic ou bien d’un moment particulier de leur vie. Mais il faut une vie exaltée, accidentée pour que le cinéma s’y intéresse. La révolution culturelle des pays occidentaux dans les années 60/70 a libéré la créativité des réalisateurs. Ken Russel réalisateur anglais avec ses films déjantés « Music Lovers » en 69 sur la vie de Tchaïkovski et « Malher » en 74 ouvre cette nouvelle ère. Bette Midler dans « The Rose » en 1980 revient sur la malédiction des nombreux musiciens de la Pop Music mort à 27 ans.

 

 

 

En 1984 le film de Milos Forman « Amadeus » montre un Mozart exentrique qui va trouver son public et remporter 8 Oscars et des prix dans le monde entier. Filmer la musique et ses musiciens sous toutes les formes devient possible. 1986 Bertrand Tavernier dans « Autour de minuit » raconte la vie de deux jazzmen, 1988 Clint Eastwood dans « Bird » réalise un magnifique biopic sur la vie du saxophoniste noir Charlie Parker.

 

 

 

1991 en France Jean-Pierre Marielle joue le rôle de sa vie dans « Tous les matins du monde » d’Alain Corneau et Oliver Stone tourne « Doors » centré sur la vie trop brève de Jim Morrison.

 

 

 

Il faudra attendre 10 ans pour revoir un grand film sur la musique « Le pianiste » en 2002 de Roman Polanski avec l’histoire vraie d’un pianiste survivant du ghetto de Varsovie avec la palme d’or à Cannes, 7 Césars et 3 Oscars. 2005 Joaquim Phoenix prend le rôle de Johnny Cash musicien mythique des USA pour un biopic dans « Walk the Line ». 2007 le film « La môme » sur la vie d’Edith Piaf va bouleverser la vie de Marion Cotillard avec l’oscar de la meilleure actrice (3ème Française à l’obtenir). En 2009 un film anglais « Nowhere boy » revient sur la jeunesse et la rencontre de Paul Mac Cartney et John Lennon. En 2010 et 2012 en France deux biopics sur deux artistes très différents « Gainsbourg vie héroïque » et « Cloclo ». Dans deux semaines sort « Bohemian Rhapsody » un film sur la vie de Freddy Mercury leader du groupe Queen mort du Sida en 91. La musique n’est plus uniquement un habillage du film mais un sujet à part entière. En parallèle les musiques de films et leurs compositeurs ont pris depuis 20 ans la place qu’ils méritaient.

 

 

 

Sur la vie des peintres, les réalisateurs font preuve de moins de folie. Se passionnent plus sur la psychologie du peintre et de son entourage. Rembrandt est un des premiers racontés en 1936 et 42 un autre suivra en 99. John Huston dans « Moulin rouge » en 1953 se passionne pour Toulouse Lautrec. Hollywood en 1965 ose représenter Michel-Ange dans la peau de Charlton Heston, la vie de la peintre méxicaine Frida Kahlo est racontée dans la très belle version de 2002 « Frida ». Anthony Hopkins est Picasso en 1996 dans le film de James Ivory « Surviving Picasso » Francisco Rabal en 1999 réalise « Goya à Bordeaux » et raconte les années d’exil et sa mort à Bordeaux. Dans les années 2000 le cinéma américain sort des films pas toujours réussis sur Pollock, Modigliani, Klint, Gauguin, Vermeer. En 2013 Michel Bouquet est un très beau Renoir à la fin de ses jours, Jacques Doillon en 2017 filme Vincent Lindon dans « Rodin ».

 

 

 

Le peintre qui passionne le plus les réalisateurs c’est Van Gogh, une vie courte et torturée, une peinture colorée, des tableaux dans l’imaginaire de tous et des montants fou à chaque vente. Trois films…1990 « Vincent et Théo » de Robert Altman. 1991 « Van Gogh » de Maurice Pialat avec Jacques Dutronc césarisé pour son interprétation. Et surtout…1956 « La vie passionnée de Vincent Van Gogh » de Vincente Minnelli avec Un duo incroyable Anthony Quiin est un Gauguin tout en puissance et Kirk Douglas magnifique en Van Gogh.