Trop tard…?

Je me souviens de René Dumont 1er candidat écologiste au monde à la présidentielle de 1974 venir à la télévision avec sa pomme et boire un verre d’eau en rappelant l’urgence écologique de la terre…C’était il y a 44 ans et c’était face à lui une indifférence totale… A cette époque comme beaucoup d’autres je roulais sur une moto qui consommais 20 litres au 100 sans penser un seul instant que les réserves naturelles étaient limitées…

 

 

 

 

Demain est un film documentaire français co-réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent sorti en 2015. Le film adopte un point de vue optimiste, il recense des initiatives dans dix pays de par le monde, face aux défis environnementaux et sociaux du 21ème Siècle qu’il s’agisse d’agriculture, d’énergie, d’économie, d’éducation ou de gouvernance. Fait rare, il dépasse le million d’entrées en France et remporte en 2016 le César du meilleur documentaire. Pour compléter le financement du tournage l’équipe avait besoin de 200 000 euros. Une opération de financement participatif est lancé sur internet. Deux mois plus tard 10 266 personnes apportent 450 000 € ce qui représentait plus d’un quart du budget du film. A la fin d’un très long tournage c’est 60 heures d’images qu’il faudra condenser en 2 heures. Ce documentaire réussit ce que des décennies de lutte écologiste n’étaient pas parvenues à faire…Jeter les bases d’une « nouvelle fiction collective » ».

 

 

 

 

Cyril Dion à 40 ans devient en 2003 coordinateur de projets pour la Fondation Hommes de Parole. En 2007, il crée avec Pierre Rabhi le mouvement Colibri qu’il dirige jusqu’en juillet 2013, cofonde et dirige le magazine Kaizen de 2012 à 2016, et la collection « Domaine du Possible » aux éditions Actes Sud. Depuis l’âge de 17 ans, il écrit de la poésie, avec la publication du recueil « Assis sur le fil » aux éditions de la table ronde. Il vient de publier « Imago » aux éditions Actes Sud qui vient de recevoir le prix Méditerranée du premier roman, mais aussi le « Petit Manuel de Résistance contemporaine », toujours chez Actes Sud et classer dans les meilleures ventes d’essais.

 

Loin d’être moralisateur ou utopique, ce livre incisif et fourmillant d’idées est une vraie bouffée d’air frais de par son approche particulière de l’écologie moderne. Ici, on ne tourne pas autour des questions, mais on les pose tout en essayant d’y trouver des réponses pratiques et constructives.

 

Cyril Dion expose les limites de l’action individuelle mais pour autant il défend cette action comme indispensable pour un changement de comportement des consommateurs et pour permettre l’action conjointe des politiques, des entrepreneurs et des citoyens à grande échelle et préconise la création d’un nouveau récit. Il décrit ce qu’il appelle « la fiction actuelle » construit sur la base d’architectures invisibles à savoir l’obligation de gagner sa vie pour combler ses besoins par des achats parfois jusqu’au surendettement, de se divertir par l’intermédiaire d’outils connectés et d’écrans contrôlés par les GAFAM Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft les 5 firmes américaines qui dominent le marché du numérique, et enfin vivre selon les lois de notre pays, qui se présente comme une démocratie mais dont le réel pouvoir est entre les mains d’une minorité guidée par la fiction de la croissance économique infinie. Cyril Dion avance sa thèse d’obligation de construire de nouvelles fictions et de mener une bataille culturelle, citant le célèbre résistant Stéphane Hessel.

 

« Créer c’est résister. Résister, c’est créer ».

 

Pour ouvrir le débat qui suivra la projection et en opposition à tous les avis positifs, il existe parfois une opinion contraire sur le fond…Cette vision sur les actions individuelles et trop souvent limitées, occulte complètement l’acteur le plus important de la société capitaliste : le capitaliste lui-même. La démarche proposée par le film semble insuffisante en oubliant de prôner un activisme politique nécessaire en préconisant uniquement de continuer à chacun de « faire sa part.

 

 

 

 

 

Mélanie Laurent      C’est 18 ans de carrière pour 55 films et série télé. Elle débute en 1999 à 16 ans et pendant 7 ans joue des seconds rôle dans une dizaine de film. Philippe Lioret lui propose son premier grand rôle dans Je vais bien ne t‘en fait pas avec le césar de meilleur espoir féminin. A noter dans sa carrière d’actrice le film Inglorius Basterds de Tarantino une belle ouverture vers Hollywood. Elle réalise à partir de 2008 3 courts, passages obligés avant de réaliser son premier long métrage en 2011 Les adoptés. Un deuxième film en 2014 Respire avant de se lancer dans la grande aventure du film Demain. 2017 3ème réalisation avec Plonger et depuis ce mercredi en salle son 4ème film Gavelston, un policier américain classique et réussi qu’elle réalise après 10 jours de préparation en 20 jours au rythme de 12 à 16 heures de travail journalier et après avoir convaincu les producteurs sur casting et un final cut qui ne lui appartient pas même si la fin du film montre bien qu’elle a su se faire respecter. Nous sommes très loin des schémas habituels du cinéma Français.

 

 

 

 

Revenons à la réalisation de leur film Demain. De la musique ils disent…Fredrika Stahl est une auteur et interprète Suédoise sensible aux thématiques écologiques qui accompagne ce voyage avec 19 morceaux écrits et composés spécifiquement pour le film. Après avoir spontanément envoyé une chanson : « World to come », qui disait qu’il n’y avait aucun monde à venir. Complètement à l’opposé du propos du film, mais qui collait à notre projet nous avons continué à travailler à distance. Nous lui envoyions des séquences, elle nous renvoyait des morceaux. Sa voix et sa musique sont un personnage à part entière qui donnent une véritable identité au film.

 

 

 

 

A deux voix ils racontent la répartition des tâches. Mélanie…Je me suis concentrée sur la forme, sur la partie artistique, le découpage des images. Chaque soir, Cyril nous expliquait ce que nous allions filmer le lendemain, les personnes que nous allions rencontrer, ce qu’il voulait que cela raconte. Ensuite, avec le chef opérateur, nous découpions les séquences et nous réfléchissions à la meilleure façon de mettre en image chaque initiative, dans sa spécificité, pour Cyril…De mon côté, j’avais le temps et l’espace pour nouer une relation avec ceux que nous allions filmer, préparer les interviews. Nous avions besoin de sentir, à l’image, qu’une vraie rencontre avait lieu, que quelque chose d’intime se produisait. Il fallait que tout cela soit vivant, qu’on sente les lieux, les atmosphères. Nous ne voulions pas que les personnages nous racontent ce qu’ils font, nous voulions les voir faire.

 

 

 

 

La Terre à mieux se porter, c’est aussi aider l’Homme à mieux se connaître, à mieux s’accepter et à mieux vivre ensemble…Maintenant que nous savons, qu’un réchauffement à +2° dans les 20/30 ans à venir accélérera le déséquilibre général déjà enclenché que faisons nous ? Presque rien…