BREUVAGE UNIVERSEL.
C’est une région montagneuse à 40 kilomètres de Mae Chan que nous avons rejointe par une route sinueuse et quel plaisir de le faire en Motobike sous la chaleur du soleil Thaïlandais avec ses paysages magnifiques. Mae Salong est situé aux milieux des montagnes du nord de la Thaïlande, proche de la frontière Birmane. Le village, dont le nom officiel est Santikhiri (référé Mae Salong, du nom de la montagne sur laquelle il se trouve).
L’Histoire de l’armée « oubliée » de Mae Salong…
Une majorité des familles composant Mae Salong sont des anciens de l’armée anti-communiste du KMT, ayant combattu l’armée de MAO durant la guerre civile chinoise à la fin des années 40. Vaincue en 1949, deux régiments refusèrent de laisser tomber le combat. D’abord en Birmanie. Mais c’est ici dans les montagnes de Mae Salong qu’ils trouvèrent refuge au début des années 60, emmené par le général Tuan Shi-wen. Le gouvernement Thaïlandais voyait là une opportunité d’avoir un « protecteur » contre les communistes, ils offrirent la nationalité à la plupart des familles de ces soldats de « l’armée oubliée » en échange de leurs services, visant notamment en empêcher l’avancée des armées communistes Birmanes très actives à l’époque dans ces régions montagneuses. Le cœur du triangle d’or, plaque tournante pour le trafic d’opium, transformé dans une toute autre culture dans ces montagnes.
Ce qui fait la réputation de Mae Salong, ce sont les plantations de thés à flancs de montagnes. La qualité des sols dans la région et l’altitude, située entre 1200 et 1400 m en font un endroit parfait pour la culture du thé. La région produit majoritairement un type de thé chinois de haute qualité appelé « oolong » (ce qui veut dire dragon noir en chinois) ce beau thé aux feuilles longues, torsadées et charnues, de couleur brun-vert. Ce thé vert-oolong est né, il y a environ 30 ans, du rêve d’un planteur chinois de la province du Yunnan. Patience, constance et optimisme ont été sa règle d’or pendant de nombreuses années…
Il a fallu dompter et organiser ces collines du nord de la Thaïlande, qui n’étaient pas au départ des champs de thé à la surface limitée. La production en est donc proportionnelle avec des conditions climatiques et de terroir idéales. Le plant de ce thé vert-oolong vient de Taïwan de la montagne Alsihan, très célèbre pour la qualité de ses oolongs. Le plant s’est bien acclimaté mais il a fallu soins et attentions constants pour faire pousser le théier puis inventer, adapter et dompter la fabrication en un procédé particulier pour obtenir les qualités gustatives souhaitées. C’est bien un savoir-faire spécifique alliant technique chinoise, taïwanaise et même japonaise qui donne sa particularité gustative et visuelle à ce thé. De la technique japonaise, on retient le fait de faire reposer les feuilles environ 1 heure dans un endroit ombragé après la cueillette…A la méthode taïwanaise est empruntée la fermentation minimale et comme pour les thés de Chine, le roulage se fait au chaudron ou dans un rouleur.
A notre arrivée le matin, sur les premières pentes nous avons la chance d’apercevoir au loin un groupe de cueilleuses en plein travail. Nous partons à pied à leur rencontre, pour regarder et fixer des images toujours très esthétiques des champs de thé (vu en Inde du Sud à Munnar et au Sri Lanka à Ella) Elles nous tolèrent mais sans regards ni échanges…Le soleil tape déjà dur et ce que nous ne savions pas c’est qu’elles seraient encore dans le champ après 15H00…
Les cueilleuses passent régulièrement sur toute la plantation en coupant (main ou ciseau) les jeunes pousses mais pas n’importe lesquelles…Les sacs portés pour la pesée devant le contremaître pèsent 10 à 13 kilos et certaines en portaient 2…Nous ne savons pas combien le kilo de feuille de thé leur est payé…
Comment aimer cette montagne façonnée à la gloire du thé…
Aux feuilles inlassablement arrachées par des ouvrières épuisées…