ARISTOTE. Créateur.

Connu pour avoir établi les premiers fondements de la philosophie de la nature, discipline regroupant physique et biologie, Aristote est aussi le fondateur de la métaphysique, dite à la fois «philosophie première», puisqu’elle consiste à rechercher les premières causes et les premiers principes de l’existence de l’Univers, et «théologie», puisqu’elle traite de cette cause première qu’est Dieu. Il s’est consacré à la logique, au syllogisme, qui consiste à déceler la vérité dans une proposition donnée. Il est l’auteur d’une théorie morale et politique visant respectivement le bonheur et la «vie bonne». L’aristotélisme irrigua toute la pensée du Moyen Âge.

 

Il n’y a point de génie sans un grain de folie.”

La richesse consiste bien plus dans l’usage qu’on en fait que dans la possession. ”

Les avares amassent comme s’ils devaient vivre toujours,

les prodigues dissipent comme s’ils allaient mourir.”

 

 

Aristote  Né en 384 av. J.C. à Stagire en Macédoine. Son père est le médecin du roi, mais meurt lorsqu’Aristote a 11 ans. Il est élevé par son beau-frère. Selon Diogène Laërce, il avait la voix grêle, les jambes menues, les yeux petits; il était toujours bien vêtu, portait des anneaux aux doigts, et se rasait la barbe. Il aurait souffert également de bégaiement ou d’un cheveu sur la langue. Sa soif de connaissance amène Aristote à partir étudier à Athènes à l’âge de 17 ans, vers -367. Après un essai infructueux à l’école d’Isocrate, il se tourne vers l’Académie de Platon. Celui-ci se trouve à ce moment là en Sicile, pour essayer en vain de mettre en application ses principes politiques. Pendant vingt ans, jusqu’en -347, Aristote suit l’enseignement de Platon. Brillant élève, il devient son assistant.

 

Admiratif, Platon le surnomme l’intelligence de l’école et lui donne le droit d’enseigner la rhétorique. D’ailleurs, Diogène Laërce nous rapporte que cet Aristote fut le seul à écouter Platon lisant son traité de l’âme, tous les autres auditeurs s’en allèrent avant la fin. Il nous dit aussi de ce travailleur infatigable qu’en dormant il tenait dans la main une boule de cuivre au-dessus d’un bassin, afin qu’en tombant dans le bassin elle le réveillât. Durant cette période il écrit 19 ouvrages de philosophie platonicienne, dont l’Ethique à Eudème. Certains d’entre eux étaient des dialogues, aujourd’hui perdus.

 

 

En 347, Platon meurt ce n’est pas Aristote qui est choisi, mais Speusippe, le neveu de Platon Dépité, Aristote part avec Xénocrate et Théophraste, deux condisciples, à Assos, en Troade. Là, il fonde une sorte de filiale de l’Académie. Sa curiosité pour le monde naturel transparaît à travers les nombreuses observations qu’il fait à cette époque de la faune qui l’entoure.

 

 

 

Lorsque le roi local est exécuté par les Perses Aristote se réfugie à Mytilène, dans l’île de Lesbos, où il est accueilli par Théophraste. Il y ouvre une deuxième école, et commence à rédiger son Histoire des Animaux. En -342, le roi Philippe de Macédoine lui confie l’éducation de son fils de treize ans, Alexandre, le futur conquérant, plus connu sous le nom d’Alexandre le Grand. Pendant deux ou trois ans, il devient son précepteur. Il lui fait découvrir les tragédies grecques, lui fait lire l’Iliade et l’Odyssée, lui apprend à penser logiquement. Il se marie, et retourne avec sa femme à Stagire, sa ville natale, dans laquelle il vit pendant cinq ans. Il complète ses observations des animaux, en particulier du cheval. Durant toute cette période, on considère qu’il a rédigé la suite de la Physique, des ouvrages comme De la Génération et de la corruption, la Poétique et la Rhétorique, mais aussi le début de l’Ethique à Nicomaque et la suite de la Métaphysique.

 

 

L’objet de la guerre, c’est la paix.”

 

 

 

En -338, Philippe II de Macédoine conquiert Athènes. Trois ans plus tard, Aristote choisit de quitter la cour du roi et de revenir à Athènes. Il a alors 49 ans. Veuf, il s’est remarié, et a eu un fils, Nicomaque, qui mourut jeune. La direction de l’Académie lui a une nouvelle fois échappé, au profit de Xénocrate. Aussi, lorsqu’il arrive à Athènes, au moment où Alexandre monte sur le trône, il fonde sa propre école. Puisqu’elle est créée à proximité d’un sanctuaire dédié à Apollon Lycien, elle s’appellera « le Lycée ». Les membres de cette école sont appelés péripatiticiens, parce qu’ils enseignent en marchant (du grec peripatein « se promener »). Le programme dispensé est très vaste, de la philosophie aux sciences naturelles en passant par la médecine ou philologie. Il prône l’observation systématique des faits, avant toute tentative d’explication. De ce fait, il réalise plusieurs dissections, dont celle d’un caméléon.

 

Le Lycée comporte une bibliothèque, un musée, financés par Alexandre. Pendant treize ans Aristote est très prolifique. Il finit de rédiger l’Ethique à Nicomaque, élabore le livre VIII de la Métaphysique, écrit les Petits traités d’Histoire Naturelle, etc. C’est une période marquée par un empirisme encore plus prononcé. Il multiplie les observations des phénomènes naturels, les décrit, en cherche les causes.

 

 

Les sciences, c’est l’étonnement de ce que les choses sont ce qu’elles sont.”

 

 

 

 

L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”

 

 

A la mort d’Alexandre, Athènes bascule dans une période de troubles politiques. Le parti anti-macédonien s’empare du pouvoir. Craignant pour sa vie en raison de ses liens avec Alexandre, Aristote fuit Athènes, en 323 av. J.C.. Il souhaite, dit-il, éviter que les athéniens ne puissent commettre un nouveau crime contre la philosophie, faisant allusion ici au procès de Socrate, à l’issue duquel il a été condamné à mort. Aristote meurt l’année suivante, en 322 av. J.C., à Chalcis dans l’île d’Eubée, à l’âge de 62 ans. C’est Théophraste qui prend la direction du Lycée. Cette école continuera à dispenser ses enseignements jusqu’en 529 après J.-C. Elle sera fermée par Justinien Ier, un empereur chrétien orthodoxe, désireux de mettre fin à la philosophie grecque, assimilée au paganisme. Si les dialogues d’Aristote furent perdus, (il n’en reste que quelques fragments), pas moins de trente et un traités nous ont été transmis à travers les siècles. Ceux-ci sont essentiellement des notes de cours ou des écrits destinés à l’enseignement au Lycée.

 

Si son successeur immédiat, Théophraste, fait beaucoup pour la conservation de ces ouvrages, c’est Andronicos de Rhodes, qui restaure l’ensemble des écrits qui reposaient dans une cave, parfois en les trahissant. Au Moyen-Age, ses œuvres ont été largement diffusées dans le monde arabo-musulman, tandis que le monde occidental n’avait accès qu’aux ouvrages traduits par Boèce. C’est Thomas d’Aquin qui au XIIIème siècle lui donna une influence extraordinaire, en l’intégrant comme une composante essentielle de la doctrine officielle de l’Eglise catholique. C’est ce que l’on appelle la scolastique.