« Z » est un film sombre qui secoue les consciences à sa sortie en 1969, est l’adaptation du roman de Vassilis Vassilikos qui raconte l’histoire vraie de l’assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en mai 1963. En grec Zêta est l’initiale de Zi qui signifie « il vit », ou « il est vivant ». Une lettre écrite sur les murs des cités grecques pour protester contre cet assassinat. Z, comme symbole d’une vie plus forte que la mort, d’une liberté plus solide que la violence, de l’espoir qui reste malgré la menace. « Z » est à la fois un film à suspense et un film d’action. Transposé dans un autre pays, sans mention effective de la Grèce, le film marque les esprits. Par son rythme haletant, par les stars qui se succèdent à l’écran: Yves Montand en tête, Jean-Louis Trintignant, Irène Papas, ou encore Jacques Perrin qui est également le producteur du film. « Z » est imaginé et écrit alors que la Grèce bascule dans le régime des colonels qui fait suite au coup d’Etat du 21 avril 1967. Une véritable dictature fomentée en sous-main par les Etats-Unis pour lutter contre le communisme. Ainsi, la politique rattrape la fiction et offre un éclairage particulier à « Z » et à Costa-Gavras. Pour la bande-son, le réalisateur choisit d’ailleurs des musiques de Míkis Theodorakis, compositeur grec emprisonné et ostracisé par la dictature en place.
En 1967, Costa-Gavras sort de l’échec d’Un homme de trop, son film sur la Résistance. C’est dans l’avion, au cours de son voyage de retour de Grèce qu’il lit « Z » de Vassilis Vassilikos. Le réalisateur est embarqué malgré lui dans l’histoire. Il écrit dans ses mémoires…Je découvre au fil des pages les détails d’un assassinat que je ne connais que très vaguement. Des assassinats, dans la Grèce d’après-guerre, il y en a eu pour tous les goûts, politiques, crapuleux, extrémistes. Celui-ci est d’une nature inédite. L’enquête est passionnante, avec des découvertes imprévisibles, des personnages d’une vérité poignante. Une première secousse, puis une deuxième, et un arrêt, nous sommes arrivés. Je me lève, mécontent, troublé par cette lecture. J’émerge d’un monde insoupçonné, d’un monde plus humain, trop humain du fait de l’iniquité de son appareil d’Etat et de la trahison de toute éthique. Ce roman passionnant raconte l’assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en mai 1963, organisé par des éléments de la police et de la gendarmerie et camouflé au départ en accident. Costa-Gavras veut en faire un film. Vite, car dans le même temps, en Grèce, sa patrie d’origine, des militaires grecs ont renversé le gouvernent et pris le pouvoir, nourris par la peur du communisme et instrumentalisés par les Etats-Unis. Ce régime des Colonels est immédiatement reconnu par les Etats démocratiques. Le régime autoritaire verrouille le pays, impose ses lois, provoquant l’exil du roi, mettant le peuple sous tension jusqu’en 1974. Costa-Gavras discute de « Z » avec son ami écrivain José Semprun qui lui dit tout simplement « Faisons le film ». Pas si simple. Il faut en discuter les droits. Son auteur, Vassilis Vassilikos, a fui la Grèce et vit à Rome. On va le voir, il accepte sans hésiter. Il faut trouver un producteur. Costa-Gavras obtient une avance de United Artists. Reste à écrire le scénario. Jorge Semprun est très sollicité. Les deux hommes partent à la campagne. Pendant cinq semaines, ils apprennent à travailler ensemble. C’est leur première collaboration. Costa-Gavras pose la trame, Semprun écrit les dialogues. L’écriture du scénario prend forme entre le flipper au bistrot du village, le café, les clopes et les tartines.
Un film politique qui fait peur…
Le scénario de « Z » est prêt. Il faut maintenant trouver les acteurs. C’est Costa-Gavras qui commence à donner le scénario de « Z » aux comédiens avec qui il a déjà travaillé. Yves Montand, François Perrier, Jacques Denner disent oui, Jean-Louis Trintignant aussi. Irène Papas, Pierre Dux, Magali Noël, Julien Guiomar rejoignent l’équipe. En janvier 1968, le casting est au complet. La United Artists, d’abord preneuse, s’effraie et se retire à la lecture du scénario, qu’il juge trop politique. Personne ne veut produire le film. Mais si le sujet est difficile, il est toutefois indispensable et s’inscrit dans une époque où les dictatures et la guerre froide occupent le haut de l’actualité. Comme tout le monde refuse de produire le film, c’est finalement le comédien Jacques Perrin qui endosse un nouveau rôle, celui de producteur et qui évoque l’Algérie pour y tourner, car il est évident qu’on ne pourra pas faire « Z » en Grèce. Sur place, Jacques Perrin et Costa-Gavras rencontrent le ministre de l’information Mohamed Seddik Benyahia…Pourquoi un thriller s’il s’agit d’une histoire vraie ?demande le ministre curieux…Parce que la forme du thriller fait monter au mieux le fond de la réalité, selon Victor Hugo, lui rétorque le cinéaste. Vous pouvez faire votre film chez nous, nous vous donnerons nos techniciens, le matériel de prises de vues, toutes les autorisations, les séjours dans les hôtels, mais pas d’argent car nous n’en avons pas dit ensuite le ministre…Nous nous sommes mis en mouvement à une vitesse folle, déployant une énergie diamétralement opposée à celle vécue durant les mois d’attente, de refus, ou d’indifférence polie, où nous allions de déception en déception, obligés d’écouter les conseils désespérants de tous ceux qui ne croyaient pas au film et banalisaient notre rêve se remémore le réalisateur. La vitesse folle dont fait mention Costa-Gavras, cette émulation, cette envie d’avancer, de raconter, se retrouve dans le rythme du film. Un rythme, une énergie à laquelle personne n’échappe. « Z » est porté par le réalisme, devenant film étendard mondial de la liberté et du droit. Un camouflet aux dictatures qui sont nombreuses dans le monde à la fin des années 1960. Nous sommes à la mi-juin 68, tandis que la préparation de « Z » se poursuit à Paris, à Alger on construit, on repère des décors, on engage des centaines de figurants. Pour les figurantes, c’est plus compliqué. Il n’y aura pas d’Algériennes. Des Anglaises, des Françaises, et autres touristes feront l’affaire. Un seul décor pose problème, la place où doit se dérouler la manifestation. Elle est au centre d’Alger, plusieurs rues s’y croisent, il faudra la bloquer dix nuits de 18 heures à 4 heures du matin. Pour l’image, Costa-Gavras approche Raoul Coutard, l’homme de la Nouvelle Vague. Lui seul pourra donner la couleur documentaire à ce polar. Il accepte sans hésiter. C’est un ancien de la guerre d’Indochine qui, pour Costa-Gavras se révèle être un formidable compagnon de travail. Le tournage commence à l’été 1968. Costa-Gavras a, autour de lui, une équipe soudée. Par amitié et solidarité, Jean-Louis Trintignant accepte un petit cachet…Tu me proposes un tel rôle, que je le ferai gratuitement. Yves Montand accepte de jouer en participation.
Une fois le film terminé, on organise des projections presse. Les journalistes sortent sans un mot. Le réalisateur écrit dans ses mémoires…Des gens de gauche veulent voir le film. Michael Rocard, Roger Garaudy, Aragon a voulu me voir, j’étais absent, je l’ai raté. A défaut d’Internet, de réseaux sociaux et autres, on pratique l’affichage sauvage avec des repérages dans la journée, expédition dans la nuit. Michèle, Perrin, sa sœur Eva, Hafid, un ami marocain et moi, un seau de colle, des gros pinceaux, nous collons pendant plusieurs nuits des centaines d’affichettes avec un Z. intriguant. Cela fait parler. Une semaine avant la sortie du film, apparaît alors la grande affiche avec les noms des interprètes et toujours le Z. Le mystère de l’affichette était levé. La première semaine n’est pas très bonne, mais à partir de la deuxième, le succès est au rendez-vous…Les spectateurs applaudissent en fin de séance et dans toutes les salles de France. Le film devient le phénomène de l’année de la production française. Pour une frange critique, le succès était suspect, hérétique. Cela n’a pas empêché « Z » de poursuivre sa relation avec le public, en France et ailleurs dans le monde, explique le réalisateur propulsé comme le symbole d’un nouveau cinéma politique auquel il répond avec nuance…Politique est un mot terrible qui traîne derrière lui de mauvaises choses. Politique peut faire songer aux politiciens, à ceux-là même qui ont trempé dans l’assassinat de Lambrakis. « Z » est surtout un film sur la difficulté de vaincre certains obstacles pour que la vérité éclate et sur celle qu’éprouvent pour exister et s’imposer les hommes politiques valables. « Z » est le premier de mes films qui me concerne profondément. Il met en cause ce que j’ai vécu, ce que je vis. Il est entièrement dans notre époque et mêlé à ce qui nous touche dans le monde, tous les jours. Ce qui se passe dans la Grèce des colonels se passe, ou s’est passé ailleurs: par exemple en Espagne, en Argentine au Brésil, partout où le pouvoir s’attaque aux libertés essentielles de l’homme. Après avoir fait Z, j’ai envie pour mon prochain film de rester dans la même ligne.
Ce sera, un an après, « L’Aveu ». Car le succès de « Z », qui ne s’essouffle pas, propulse le réalisateur et les producteurs lui ouvrent leurs portes. Au Festival de Cannes 1969, « Z » reçoit le Prix du jury à l’unanimité et le Prix d’interprétation masculine pour Jean-Louis Trintignant. Deux Oscars lui sont décernés, celui du meilleur film en langue étrangère pour le compte de l’Algérie et celui du meilleur montage pour Françoise Bonnot. Il est aussi récompensé par le Prix Raoul Lévy et par bien d’autres encore.
Costa Gavras est né en 1933 à Loutra Iraias, dans l’Arcadie. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, il s’est rendu en France, où il a étudié le cinéma à l’IDHEC. Il réalise son premier long métrage, Compartiment Tueurs, en 1965. Son film Z en 1969, un récit fictif des événements entourant l’assassinat du député de la gauche Grigoris Lambrakis en 1963, a reçu l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère. Viennent ensuite une série de films à succès tels que L’Aveu (1970), Etat de Siege (1972) et Missing (1982), qui a remporté l’Oscar de la meilleure adaptation de scénario et la Palme d’or au Festival de Cannes. Music Box de 1989, inspiré d’événements réels, a remporté l’Ours d’Or au 40e Festival international du Film de Berlin. Ses films plus récents sont Amen (2002), Le Couperet (2005), Eden à l’Ouest (2009) et Le Capital (2012). Il est également président de la Cinémathèque française et fondateur de la Fondation Gan.
ENTRETIEN AVEC COSTA GAVRAS
On vous décrit comme un cinéaste politique. Selon vous, est-ce que cette description reflète fidèlement votre travail ? Cette caractérisation est faite par des journalistes, ce n’est pas mon problème. Je pense que les arts en général, et non pas seulement le cinéma, ont une fonction politique dans la société pas dans un sens idéologique, mais en influençant notre comportement social. Aristote a dit que l’homme est un animal politique. Pourquoi un animal politique ? Tout d’abord, un animal vit avec d’autres animaux dans un groupe, comme des êtres humains. La différence entre les animaux et les êtres humains est que les animaux décident seulement pour eux-mêmes, alors que les humains essaient de former des sociétés et font face à des difficultés ensemble. J’entends donc par le terme « politique » ce que nous faisons dans notre vie quotidienne ainsi que nos interactions avec le pouvoir et l’autorité. Pour moi, la politique est partout. Il ne s’agit uniquement ni des partis politiques ni des élections, qui constituent bien sûr une partie très importante de la politique. Mes films parlent de notre place dans la société et de notre usage du pouvoir. Je crois que tous les films sont politiques, même les comédies, car ils nous offrent des moments agréables. Un moment de plaisir est important dans notre vie, tant qu’il n’est ni vulgaire, ni dégradant.
Dans votre autobiographie « Va où il est impossible d’aller », vous décrivez comment vous avez quitté la Grèce en raison de l’histoire politique de votre famille. Lequel de vos films reflète le plus cette période de votre vie ? Mon père a été qualifié de communiste, alors qu’il n’était en réalité que contre la monarchie. Il avait combattu en Asie mineure et vu beaucoup de ses amis perdre la vie et parce qu’il était contre la réintégration du roi Georges à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il était accusé d’être communiste et jeté à plusieurs reprises en prison. Il avait combattu dans la résistance grecque avec le Front de libération nationale, mais il n’appartenait pas au Parti communiste et n’avait pas pris part à la guerre civile grecque. Pendant cette période, je n’aurais pas pu étudier dans une université grecque. Le meilleur moyen pour moi d’étudier était de fuir à l’étranger; comme ce fut le cas en Grèce en 2010, lorsque des milliers de jeunes ont fui le pays. Beaucoup sont allés en Australie, d’autres sont partis pour les États-Unis. Je suis allé en France, car c’était le seul pays où je n’avais pas à payer de frais d’études. Mes parents n’avaient pas d’argent pour m’y envoyer, alors j’ai dû travailler pour me financer. En ce qui concerne la période de ma vie qui se reflète dans mes films, je pense que dans chacun de mes films, il y a une part de moi en tant que jeune homme qui a vécu ce genre d’aventure. Cette expérience a définitivement influencé mon travail et mon choix de films, à la fois de manière consciente et inconsciente.
Vous avez travaillé en France, en Grèce et aux États-Unis. Dans quel pays et à quelle époque avez-vous eu le plus de liberté artistique ? J’ai toujours senti cette liberté en France, car le système facilite ceux qui veulent faire des films. Après la fin de l’occupation allemande en France, une période pendant laquelle le cinéma français était aux mains des nazis, toute la production américaine des cinq années précédentes est entrée sur le marché du film français et a presque anéanti le cinéma français. Le gouvernement de Gaulle a décidé que la France devait avoir un cinéma national et tous les gouvernements ultérieurs ont continué sur la même voie, en trouvant des solutions à tous les problèmes rencontrés. L’avènement de la télévision était une menace pour le cinéma français, mais l’État avait aussi une réponse à cela. Le Centre national de la cinématographie (CNC) trouverait toujours des solutions et le cinéma français jouit de la liberté et du soutien de l’État. Et ce soutien ne se traduit pas seulement par l’argent; je vais vous donner un exemple. Nous, les cinéastes, avons demandé aux chaines de télévision d’arrêter de projeter des films le samedi soir, car elles diffusaient des blockbusters américains à cette heure-là. Aujourd’hui, il n’y a plus de films à la télévision le samedi soir, et les gens sortent, regardent des films au cinéma ou vont au restaurant, au lieu de regarder des blockbusters américains à la télévision, comme c’était le cas auparavant. Nous avons également demandé que les films ne soient pas interrompus par des publicités télévisées, et une seule grande chaîne insère une pause publicitaire. Ces facilités aident la production cinématographique française. C’est pourquoi 200 films français sont produits chaque année, dont 30 par de nouveaux réalisateurs. Il y a aussi 30 à 40 films de femmes cinéastes, ce qui est également unique au monde.
La tragédie de la Grèce antique est récurrente dans vos films. Vos héros sont confrontés au pouvoir et à l’autorité sous ses différentes formes et perdent ou leurs victoires sont vides. Que signifie la tragédie pour vous ? La Grèce est le lieu de naissance du drame. Les Grecs anciens ont introduit la tragédie en tant que genre et structure. Tous les spectacles du monde suivent les règles de la tragédie de la Grèce antique et suivent la même structure que celle définie par Aristote soit un début, un milieu et une fin. Dès notre naissance, nous vivons avec la tragédie. La tragédie de la vie, la tragédie de la Grèce, qui a traversé tant de tragédies…nous en arrivons à une tragédie dramatique. Pour moi, la tragédie ressemble à la vie. La vie comprend tout. Je ne comprends pas vraiment ceux qui disent que nous devrions toujours être heureux. Qu’est-ce que le bonheur signifie? Nous sommes en mesure de savourer le bonheur, car ce n’est pas quelque chose que nous vivons tous les jours. Le contraste entre les moments heureux et malheureux de la vie rend les cas de bonheur ou de malheur plus intenses.
Et qu’en est-il du pouvoir ? Le sens du pouvoir a-t-il changé ces dernières années ? Nous vivons sous autorité depuis l’enfance; faire ceci ou ne pas faire cela…Le pouvoir peut être utilisé positivement, quand il est suivi par la raison pour laquelle quelque chose devrait être fait ou non. La pire forme d’exercice de l’autorité pour moi, c’est quand il n’y a aucune explication quant à la raison, pourquoi et comment. Nous sommes sans cesse sous l’autorité, mais nous exerçons également une autorité sur d’autres personnes. Comme je l’ai déjà dit, c’est la politique quotidienne.
Akira Kurosawa, dans sa lettre à Ingmar Bergman, affirme que les artistes atteignent leur apogée créative après 80 ans. Que pensez-vous de cela ? Kurosawa a continué à faire des films après avoir atteint 80 ans, mais il y a certaines conditions préalables, y compris une bonne condition physique, parce que tourner un film, c’est comme courir le marathon. Ce qui change avec l’âge, c’est l’expérience, la façon dont vous regardez les autres et la façon dont nous voyons la vie. Si la santé physique et l’expérience coexistent, vous pouvez vous attendre à des choses. Et Kurosawa avait les deux, je crois.
Voulez-vous nous dire quelques mots sur votre travail à la Cinémathèque Française ? Dans le contexte de la conservation des films en France, des efforts ont été faits pour préserver et conserver les films muets. Henry Langlois, fondateur et ancien directeur de la Cinémathèque, a commencé à sélectionner du matériel cinématographique et non cinématographique. En venant au présent, on m’a demandé de devenir le président de la Cinémathèque avec son vaste matériel. Nous prévoyons de créer un musée du film européen et nous essayons de trouver le financement nécessaire pour cela. Ce projet est mené par la Cinémathèque française mais il s’agit d’un musée européen, car nous avons une vaste collection en réserve qui devrait être exposée. Les jeunes devraient en savoir plus sur l’histoire du cinéma et sa fonction éducative dans la société contemporaine. Le cinéma nous a aidés à entrer en contact avec d’autres cultures, comme c’est le cas avec Kurosawa, que vous avez mentionné précédemment. Lorsque les films grecs voyagent à l’étranger, ils informent le public étranger sur le mode de vie et le mode de pensée de la Grèce, c’est pourquoi le cinéma grec est si important. Pour en revenir à la raison d’être d’une cinémathèque, son objectif devrait être de projeter autant de films que possible, et non pas seulement de les sauvegarder. Chaque année à la Cinémathèque française, nous projetons environ 2 200 films; cela signifie projeter quatre à cinq films par jour. Parfois, nous avons un large public, d’autres, nous avons moins de monde. C’est ce à quoi sert la Cinémathèque.
Une dernière question; craignez-vous que le divertissement à domicile puisse remplacer les projections de cinéma ? Il y a toujours ce risque, mais on a dit la même chose du théâtre, qui est toujours là après 2 500 ans. Le cinéma n’a que 120 ans. Je crois que cela va continuer, pour les raisons que j’ai expliquées plus tôt.
COSTA GAVRAS
20 films en 50 ans de carrière / Ses 7 films les plus marquants.