04-Libre comme le vent !

Rouler sur les chemins de halage de ce canal vieux de plus de 150 ans est une chance. Double…Triple chance sur ce jour plein de soleil mais à partir de Midi…Avec un vent toujours très présent mais aujourd’hui notre allié total par un souffle puissant et infatigable dans notre dos. Et puis il y a ce décor sauvage et préservé pour le plus grand plaisir des cyclistes et marcheurs.

 

 

 

 

Depuis Gouérec nous longeons les rives du Blavet que nous quittons pour une montée progressive vers le point culminant du canal à 184 mètres…Nous passons par une succession d’écluses très rapprochées avec entre chacune d’elles un lac. Nous sommes sur la terrible « Tranchée de Glomel »…

 

 

 

 

La Tranchée des bagnards à Glomel…

 

A 184 m d’altitude, la tranchée est le point culminant du canal de Nantes à Brest et la ligne de partage des eaux entre les bassins du Blavet et de l’Aulne. Elle est creusée au XIXe siècle par des déserteurs de l’armée de Louis XVIII car la main d’œuvre du pays ne suffit pas. Aussi fait-on appel à la main d’œuvre pénitentiaire, composé de déserteurs condamnés aux travaux publics. Un camp est construit pendant l’hiver 1822-1823 sur la lande de Peran, au-dessus du bief de partage. Les baraques sont en bois, recouvertes de chaume, ni éclairées ni chauffées, par craintes d’incendie. La cuisine se prépare dehors. Le camp fait 80 m de long sur 54 m de large pour héberger 600 bagnards et leurs 50 gardiens gendarmes. Les 700 bagnards, forçats du bagne de Brest condamnés aux travaux forcés à perpétuité sont encouragés à travailler par la promesse d’une grâce. Les conditions de vie et d’hygiène y sont inimaginables. les bagnards se rendent au chantier, du lever du jour à la nuit tombante. Au début, des rampes inclinées permettent de sortir de l’excavation des distances de transport raisonnables et d’utiliser des chariots. Mais plus on descend, plus le travail devient difficile. Les rampes deviennent impraticables et il faut terminer les transports à dos d’homme, dans des hottes. Trois millions de mètres cubes de terre seront enlevés à la pelle et à la pioche et transportés avec des charrettes ou à dos d’hommes. Le travail est si dur que la maladie et la mort auront raison de nombreux bagnards. Il faudra 9 ans pour réaliser cette tranchée de plus de 3 kilomètres de long, 100 mètres de large et 23 mètres de profondeur. Vivant et travaillant dans des conditions déplorables, les bagnards se révoltent à plusieurs reprises, notamment en 1830 et 1832. Le 6 août 1830, peut-être mis au courant des derniers évènements de Paris, les bagnards se révoltent, désarment leurs gardes et sortent du camp. 200 d’entre eux prennent la direction de Pontivy. C’est grâce aux demandes pressantes d’un entrepreneur qu’ils reviendront le lendemain. Le camp sera fermé en 1832 suite à une épidémie de choléra.

 

 

 

 

Cette partie du canal n’est plus navigable…La partie haute est en réparation et malgré un panneau d’interdiction nous sommes passés…

 

 

Un chantier titanesque accompli à mains nues par quelques milliers d’hommes équipés de pelles et de brouettes…Il y a près de deux siècles, et ces hommes, des bagnards, creusent le sillon sommital du canal de Nantes à Brest. Le 1er janvier 1842, la voie d’eau entre Nantes et Brest est ouverte à la navigation sur la totalité de sa longueur, soit 360 km, avec 237 écluses qui rattrapent un dénivelé total de 555 mètres. Le canal de Nantes à Brest jouera un rôle économique important pour le centre de la Bretagne. Engagés par l’Empire, les travaux qui se poursuivent sous la Restauration sont considérables en raison notamment du relief. On compte parfois jusqu’à dix écluses au kilomètre entre Pontivy et Carhaix. Chaque écluse nécessite près de 2 000 m3 de pierres de gros appareil, en partie taillées. L’aménagement des biefs exige également des terrassements importants et des ouvrages soignés pour éviter les tassements ou les fuites d’eau. Il faut également prévoir des rigoles de ceinture qui sont à creuser le long du bief pour récupérer les eaux latérales.

 

 

Aucun bateau, aucune ville, excepté les maisons d’éclusiers témoignages d’une autre époque, nous sommes peu à rouler ou marcher sur une route mythique de Bretagne. Ce soir halte dans un village breton chez Laëticia.

 

 

 

 

 

 

CHANGEMENT DE DECOR…

 

 

 

 

 

 

Une autre journée à rouler si loin de tout….

 

 

 

 

NANTES – ST OMER DE BLAIN       76 Kms

ST OMER DE BLAIN – JOSSELIN  109 Kms      185 Kms

JOSSELIN – GOUEREC                       94 Kms      279 Kms

GOUEREC – GOUERZEC                  101 Kms      380 Kms

 

 

 

Vendredi 2 Juin…Dernière journée sur le canal de Nantes à Brest…