Le commerce entre l’Inde et l’Europe se développe dès le 12e siècle et permet d’approvisionner l’Europe en épices, cannelle et clous de girofle. Les échanges transitent via l’Egypte ou le Liban qui réceptionnent la marchandise de l’Inde et l’envoient ensuite à Venise ou à Gênes. Mais, les éléments politiques de la fin du 15e siècle reconfigurent la donne, les marchandises, à force d’intermédiaires, sont devenues hors de prix et les Portugais après la signature du traité de Tordesillas laissant la voie des Amériques aux Espagnols, souhaitent assouvir leur soif expansionniste. Ils iront donc vers les Indes, à la recherche de routes commerciales directes.
VASCO DA GAMA vers 1460 et 24 décembre 1524
Explorateur portugais. Premier Européen à atteindre l’Inde par voie maritime. Il établit le premier comptoir portugais en Inde, ouvrant la voie aux Britanniques, Français, Hollandais et Danois.
Son premier voyage par le cap de Bonne-Espérance (1497-1499) fut le premier à relier l’Europe et l’Asie par une route océanique, entre l’Atlantique et l’Indien. Largement considéré comme une étape importante dans l’histoire du monde, car il a marqué le début d’une phase maritime du multiculturalisme mondial. Sa découverte de la route maritime vers l’Inde a ouvert la voie à une ère d’impérialisme mondial et a permis aux Portugais d’établir un empire colonial durable sur le chemin de l’Afrique à l’Asie. Sa violence et la prise d’otages et ceux qui ont suivi ont également attribué une réputation brutale aux Portugais parmi les royaumes indigènes de l’Inde qui établiraient le modèle du colonialisme occidental à l’ère de l’exploration. Voyager sur la route océanique a permis aux Portugais d’éviter de naviguer à travers la Méditerranée très disputée et de traverser la dangereuse péninsule arabique. La somme des distances parcourues à l’aller et au retour fait de cette expédition le plus long voyage océanique jamais réalisé jusqu’alors.
Après des décennies de marins essayant d’atteindre les Indes, avec des milliers de vies et des dizaines de navires perdus dans des naufrages et des attaques, Vasco de Gama débarqua à Calicut le 20 mai 1498. L’accès sans opposition aux routes indiennes des épices a stimulé l’économie de l’Empire portugais, qui était auparavant basé le long du nord et de la côte de l’Afrique de l’Ouest. Les principales épices d’abord obtenues d’Asie du Sud-Est étaient le poivre et la cannelle, mais ont rapidement inclus d’autres produits, tous nouveaux en Europe. Le Portugal a maintenu un monopole commercial sur ces produits pendant plusieurs décennies.
Ce n’est qu’un siècle plus tard que la République néerlandaise et l’Angleterre, plus tard la France et le Danemark, ont pu défier le monopole et la suprématie navale du Portugal sur la route du Cap.
Cartes d’influences du Portugal en Inde et Monde.
VASCO DA GAMA…
A dirigé deux des armadas portugaises de l’Inde, la première et la quatrième. Ce dernier était le plus grand et partit pour l’Inde quatre ans après son retour du premier. Pour ses contributions, en 1524, il a été nommé gouverneur de l’Inde, avec le titre de vice-roi, et a été anobli en tant que comte de Vidigueira en 1519. Il reste une figure de proue dans l’histoire de l’exploration, et des hommages dans le monde entier ont célébré ses explorations et réalisations. Le poème épique national portugais, Os Lusíadas, a été écrit en son honneur par Luís de Camões.
Un comptoir…
Un établissement de commerce fondé sur un littoral étranger. En Inde, c’est le grand Moghol qui va décider de l’octroi d’un comptoir et des privilèges associés, tels que les possibilités de fortification de la ville, de construction de routes, voies ferrées, ports, habitations et banques, afin de favoriser les activités commerciales. En contrepartie, de lourdes taxes sont à régler. Un comptoir n’induit pas de pouvoir politique local et n’interfère pas dans les prises de décisions locales. Il n’est pas considéré à ce titre comme une colonie. Outre les épices, les Portugais vont s’intéresser aux tissus indiens et dès 1580, Philippe II en fera l’éloge dans les cours européennes. Les richesses somptueuses de l’Inde commencent à intéresser les souverains européens…Chaque puissance va ainsi créer sa compagnie orientale des Indes et se lancer dans l’aventure maritime…1600 pour les Britanniques, 1602 pour les Néerlandais, 1616 pour les Danois et enfin, 1664 pour les Français. C’est l’âge d’or du commerce européen en Inde avec le thé, indigo, épices, tissus…Les échanges se densifient et le commerce prospère. Les arts comme la sculpture et les miniatures sont également particulièrement appréciés. L’engouement des Indes exotiques amène même le roi du Portugal à se faire livrer un éléphant royal en provenance du Kerala. Mais, ces routes et réseaux se fragilisent pendant les années 1800, les guerres napoléoniennes en Europe ravivant les tensions. Les puissances européennes n’hésitent pas à se ravir les ports entre elles. Pour citer deux exemples, le Français Mahé de La Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes, attaque Madras, sur la côte de Coromandel, obligeant les Britanniques à capituler alors que ceux-ci attaquent quant à eux les navires danois, et ruinent le marché de la Compagnie danoise des Indes orientales, occupant Dansborg et Frederiksnagore à deux reprises. Les Danois finiront d’ailleurs à céder leurs possessions outre-mer aux Britanniques, en 1845.
Lorsque l’Inde devient britannique en 1856, les nouveaux occupants maintiennent les droits des comptoirs néerlandais, portugais et français en place, afin de ne pas se froisser entre voisins européens, surtout au moment de la signature du traité de Paris mettant fin aux campagnes prussiennes en Europe. Un siècle plus tard, la seconde guerre mondiale ébranle considérablement le pouvoir britannique et plus largement la présence européenne en Inde. Les puissances du vieux continent sont affaiblies par un conflit qui s’est prolongé, et l’heure est à l’indépendance indienne qui se dessine. Les Français et les Portugais s’interrogent du devenir de leurs florissants comptoirs. En 1946, la France tente un vain passage en force décrétant le comptoir de Pondichéry comme un territoire d’outre-mer et l’intégrant à l’état français. Peine perdue, l’Union Indienne va réclamer le retour des comptoirs commerciaux, rejetant les villes libres et les territoires transformés en colonies.
7 décembre 1961 L’Inde s’empare de Goa
Le pandit Nehru s’empare de la dernière possession portugaise en Inde et clôt une parenthèse coloniale de quatre siècles et demi. Dès 1954, l’Inde indépendante avait négocié avec la France la rétrocession de ses comptoirs, Pondichéry, Chandernagor,Yanaon, Karikal et Mahé, dont les écoliers apprenaient la liste par coeur. Le Portugal du dictateur Salazar refuse, lui, de renoncer au port de Goa, à 400 km au sud de Bombay. C’est par la force mais sans effusion de sang que le Premier ministre indien récupère la ville, mettant un terme à la domination européenne sur le sous-continent.
Si dès 1949, les Néerlandais se retirent assez rapidement, le bras de fer durera une dizaine d’années pour les villes les plus stratégiques comme Goa, dont la rétrocession portugaise intervient en 1961 ou Pondichéry que les Français délaissent en 1954, mais dont le transfert de facto ne sera officiellement ratifié par la France gaullienne qu’à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962. Outre la présence d’églises chrétiennes et la splendeur architecturale des villes côtières, le plus incroyable reste, le cosmopolitanisme et l’ouverture d’esprit de ces populations métissées ouvertes sur la mer et le commerce. Multilingues, elles regorgent également d’une incroyable vitalité culturelle.
Nehru qualifiait par exemple Pondichéry de « fenêtre ouverte sur la France » et les nombreuses activités culturelles de l’Alliance Française, des centres d’art ou encore de la politique de jumelage en témoignent. L’amitié européo-indienne est dense et riche, et outre l’aspect culturel, le développement du commerce est clé. Le sommet du 8 mai 2021, renforçant le partenariat stratégique entre l’Union Européenne et l’Inde notamment sur le libre-échange et initiant un nouveau partenariat sur la connectivité, laisse présager la continuité de cette fabuleuse aventure d’échanges et de métissages initiée maintenant il y a 4 siècles.
Premier jour pour récupérer…Une marche au bord de l’Océan Indien qui appelle à l’aventure mais pas à la baignade…Ici, le long de la plage les méduses sont en plastique et nombreuses…Alors repli sur la piscine de la résidence, il fait plus de 30° et l’eau est à 28°…Ce premier soir nous accueillons le cousin de Patrick, Marc et son ami Sushil autour d’un plat Indien ! préparé par Chris.
A suivre…