J-19/ La Vie et rien d’autres…

En nous approchant de la côte Normande le poids de l’histoire nous rejoint peu à peu. Nous arrivons le lendemain du D.day, des drapeaux alliés et Français apparaissent, des véhicules militaires de l’époque conduits par des jeunes habillés en G.I circulent dans Carentan. Curieusement, nous sommes passés à Saint Lô rien de semblable et pourtant…

 

 

 

 

Bataille de Saint-Lô du 15 au 18 juillet 1944…

 

Le 6 au matin. Le général Marcks fête son anniversaire à l’état-major du 84e corps d’armée allemand, dans le château de Commines, quand il est prévenu de l’offensive alliée. Dans le même temps, les Saint-Lois se réveillent, tôt, après une nuit agitée. Les rues sont quasiment désertes. Certaines boulangeries sont ouvertes, quelques épiceries aussi. Dans la journée, se multiplient les sirènes d’alerte alors que la circulation aérienne au-dessus de la ville s’intensifie. Les Allemands commencent à plier bagages et groupent leurs camions sur la place du champ de Mars. Tandis que les Saint-Lois désobéissent aux affichettes allemandes apposées dans la matinée leur interdisant de sortir de chez eux. 10H…4 bombes sont lâchées sur la centrale électrique d’Agneaux. Un quart d’heure plus tard, un second lâcher achève l’édifice : télégraphes et téléphones sont coupés. 13H30…La BBC appelle les habitants à évacuer la ville dans un rayon de 3 km car une offensive est prévue. Malheureusement, les Allemands ont confisqué les postes TSF des citadins. Des tracts ont été largués la veille afin de prévenir la population d’une attaque alliée, l’enjoignant de trouver refuge dans la campagne avoisinante. Mais ceux-ci échouent dans la nature, dispersés par le vent. Il n’empêche. Par le bouche à oreille, certaines personnes ont le temps d’être prévenues. 16H30…La gare, mitraillée, est touchée. 20HLe soir, la plupart des foyers saint-lois se mettent à table comme si de rien n’était. Quand soudain, 14 bombardiers lourds, alignés, lâchent en bloc une quarantaine de bombes durant 15 à 25 minutes. Soit 30 tonnes de bombes. Une dizaine de rues sont touchées, soit près d’un tiers de la ville. 23H à 2H...Second bombardement, plus long, plus destructeur et plus meurtrier. Une cinquantaine de bombardiers arrosent à nouveau le centre-ville, avec des bombes incendiaires, dont certaines équipées d’un mécanisme de retardement afin d’empêcher pour plusieurs jours tout déblaiement de la ville et de gêner la circulation de renforts allemands.

 

Les bombes tombent un peu partout, détruisant largement la ville et faisant 800 morts pour une ville de 10 000 habitants. Les attaques se répètent chaque jour pendant une semaine. La ville est détruite à 90 %. Saint-Lô mettra 44 jours à être libérée.

 

 

 

 

Il faut attendre plus d’un mois, le 15 juillet, pour que le XIXe corps de la première armée américaine, se lance à l’assaut de la ville avec la 29e division d’infanterie, la 30e division d’infanterie. Deux corps de l’armée allemande leur font face…La 352e division d’infanterie, la 3e division du 2e corps de parachutistes. La progression américaine est difficile, particulièrement à l’est de la cité, où les combats font rage. Les soldats gagnent du terrain, souvent sous des pluies torrentielles. Solidement installés sur les points hauts de la ville, les Allemands déclenchent des tirs nourris dès qu’il détectent un mouvement de l’armée américaine. Les Américains avancent lentement, quand ils ne piétinent pas. Ils demandent alors à leur artillerie de pilonner les positions allemandes. Le 15 juillet, plusieurs positions allemandes sont anéanties. Le 16 juillet, les Américains s’emparent de la cote 122, au nord de la ville, qui leur donne une vue d’ensemble de la situation. Le 17 juillet, le major Howie, qui commande le 3e bataillon du 116e régiment d’infanterie, est tué à l’est de Saint-Lô. Le 18 juillet, les Allemands entament un repli, dont profitent les Américains pour s’infiltrer au cœur de la cité. Leur progression se fait dans une ville en ruines, rue par rue, maison par maison, avec mille précautions pour s’assurer qu’il ne reste pas de tireurs embusqués ou que le terrain n’est pas miné. Il faudra attendre le 25 juillet pour réduire les dernières poches de résistance allemande.

 

 

 

 

Les pertes américaines sont terribles. La 29e division d’infanterie recense 3 000 soldats manquants, morts, blessés, disparus ou prisonniers, la 35e division d’infanterie en compte 2 000…

 

 

 

 

 

 

 

 

La bataille de Carentan…

 

 

 

Du 6 au 13 juin 1944. Théâtre de violents affrontements, la ville sera prise avant que les Allemands qui s’en étaient retirés ne tentent une dernière et infructueuse contre-attaque. L’objectif des Américains était de consolider les têtes de pont alliées de Utah et Omaha Beach et d’établir une ligne défensive sur le front normand afin de contenir d’éventuelles contre-attaques allemandes. Les Allemands retranchés dans la ville tentèrent de la défendre le plus longtemps possible afin de permettre à leurs renforts d’arriver sur le front et d’ainsi empêcher la 1re armée américaine d’attaquer l’axe Lessay-Périers, ce qui aurait eu pour conséquence de couper le Cotentin.

 

 

 

Carentan était défendue par le 6e régiment de parachutistes, deux bataillons des légions de l’Est et d’autres éléments des forces allemandes en débâcle après l’opération Overlord qui reçurent l’ordre de défendre la ville jusqu’au bout tandis que la 17e Panzer grenadier division SS, envoyée en renfort, essayait tant bien que mal d’arriver mais était retardée à cause du manque de carburant ainsi que par les attaques aériennes alliées. La 101e division aéroportée américaine, parachutée le Jour J (6 juin 1944) non loin de Carentan reçut l’ordre de prendre la ville aux Allemands. Les assauts américains sur Carentan débutent le 10 juin. Deux jours plus tard, le 12 juin, les forces allemandes, à court de munitions, sont contraintes de se retirer de la ville. Le lendemain, la 17e Panzer grenadier division SS contre-attaque vers les positions de la 101e aéroportée. Cet assaut sera d’abord un succès, avant que les forces de la 2e division blindée américaine viennent mettre en déroute les unités allemandes.

 

 

 

 

La prise de Carentan permet aux Américains de consolider leurs positions et d’établir une ligne défensive en Normandie, leur donnant ainsi un front continu qui leur permettra de progresser en profondeur dans les terres normandes. Ce sera le début de la bataille des Haies. Le général commandant la 101e aéroportée, Maxwell Davenport Taylor manque de se faire abattre par des tirs de 88 allemand lors d’une cérémonie à Carentan le 20 juin 1944. Un obus abat la fillette de quatre ans apportant un bouquet de fleurs au général.

 

 

 

 

 

77 ans après, la vie à repris son cours…

 

 

 

 

Une rivière qui n’arrête pas de tourner. Elle porte bien son nom…

 

 

LA VIRE…

 

 

 

Elle a longtemps été navigable et constituait une voie de communication indispensable aux populations riveraines pour l’acheminement et la commercialisation de leurs productions. Si une navigation fluviale est attestée dès le Moyen Âge, peu de choses nous sont connues. Dès le XVIIème siècle de nombreuses embarcations sillonnaient le fleuve, de Pont-Farcy à la mer soit 69 Kms, acheminant vers l’aval cidre, beurre, bois, destinés à être vendus dans toute la partie nord du Royaume et remontant la tangue, sable vaseux utilisé comme engrais. L’apogée entre 1835 et 1926 avec Chalands, barges, gabarres, halés par chevaux et hommes, transportaient produits agricoles et matières premières. Pour faciliter la remontée ou la descente du fleuve avec l’entretien d’un chemin de halage sur la totalité du cours, construction de 18 dérivations éclusières compensant les ruptures de pente, creusement du Canal de Vire et Taute assurant la liaison entre Saint-Fromond et Carentan. Ce canal fut creusé et aménagé entre 1835 et 1839, il comportait 3 écluses et 7 ports et servait à faciliter l’acheminement de la tangue à partir de Carentan. Les années précédant la Première Guerre mondiale virent l’apogée de son trafic entre 12 000 et 15 000 tonnes par an, puis la voie navigable, tout comme la Vire, périclita sous la double concurrence de la voie ferrée et de la route et fut abandonnée en 1938 avant d’être rayée de la nomenclature des voies navigables en 1957.

 

 

Un regret de ne pas avoir terminé la journée en longeant les 20 derniers Kms du canal toujours en attente d’un aménagement adéquat au cyclotourisme. Longer la Vire et le canal et beaucoup d’autres ouvrages croisés sur notre parcours c’est constater à quel point nous sommes incapables de préserver les acquis, par cupidité et par bêtise…Affligeant, désespérant de voir tous ces ouvrages construits durement par les hommes, détruits ou bien laissés à l’abandon.



 

La Vire fut  jalonnée de 22 moulins qui, aujourd’hui, ont cessé toute activité, destinés à moudre les grains, tandis que certaines portes éclusières virent l’installation de mini centrales hydroélectriques. L’une de ces dernières est encore en fonctionnement, lorsque le niveau et le débit de la Vire le permettent, à Candol situé au sud-ouest de Saint-Lô. Aujourd’hui, la vallée de la Vire est aménagée pour les randonneurs amateurs de paysages authentiques et son cours offre de jolies descentes aux adeptes de canoë-kayak.

 

 

Une agréable journée à vélo, roulante, presque plate et belle !

 

 

 

 

 

Etape 7 Juin 2021 :

DOMJEAN – CARENTAN

79 Kms –  1 282 Kms

 

 

 

 

A  Suivre…