Esprits Corse.

CORTECALACUCCIA. Vendredi 20 Mai.

 

Un réveil « douloureux » après cette incroyable journée de Jeudi. Visite le matin de la vieille ville de Corte dominé par sa citadelle et autour de 10H30, départ en direction du village de Calacuccia. Corte ville du centre de l’île, dépositaire de « l’esprit Corse » célébré sur deux places par les statues des deux hommes toujours très présents dans l’histoire actuelle de cette île déchirée entre indépendance, autonomie et autres forces contraires.

 

 

 

 

 

Maison Gaffory. Souvenirs de bataille au cœur de Corte

par Véronique EMMANUELLI

 

Jean-Pierre Gaffory

 

Son nom de baptême Gian Pietro Gafforio, est un médecin et un général, patriote corse né à Corte en 1704, puis assassiné en 1753 à Corte à l’âge de 49 ans. Rien n’a changé, ou presque depuis le XVIIIe siècle. La bâtisse du général, située dans la haute ville, porte toujours les traces des balles génoises et continue à raconter un grand récit. Une mémoire criblée de trous et dramatisée. Jean-Pierre Gaffory et des siens ont tissé un lien étroit et indéfectible avec leur demeure située dans la haute ville de Corte. Ils s’y sont pris à coups de bravades, en cherchant les images-choc et au final en laissant derrière eux, sur la grande façade aux tons ocre, les vestiges immédiats, spectaculaires, d’affrontements sans merci. Depuis 1750, des cicatrices balafrent la pierre sous la forme d’impacts, par dizaines, de balles génoises. Cet épisode de la guerre des Corses s’impose aux regards. Les trois siècles écoulés n’ont pas tout emporté. D’autant que la modernité, non plus, n’a pas fait son oeuvre à l’extérieur de la maison. On n’a pas crépi, on n’a pas rénové à l’exception de quelques fenêtres.

 

 

 

Jean-Pierre Gaffory hante toujours plus la scène, désormais statue de bronze et repère dans l’espace public. Il faut continuer à raconter le grand récit en devenant une sorte de figure imposée dans le paysage, en inscrivant son image dans l’identité de la ville natale. La confession crépusculaire est centrée sur les révolutions de Corse du XVIIIe siècle, sur des luttes âpres, sur des rêves d’indépendance. Gaffory assume un passé de secrétaire de l’éphémère roi de Corse, Théodore de Neuhoff, puis de protecteur de la nation corse. La nomination intervient en 1745 à l’issue d’une consulta organisée au couvent d’Orezza. Il y a une place à prendre. Tous les instigateurs de la rébellion contre Gênes, tous les meneurs ont été contraints à l’exil. Mais Gaffory ne se contentera pas d’être un bouche-trou dans le camp de la résistance insulaire. Le Cortenais vivra de façon audacieuse sa mission. Il a la sincérité, l’élan victorieux, et la ferveur. Il semble avoir toujours une soif d’absolu à étancher. L’essentiel est de changer le monde, quitte à sacrifier les siens pour libérer la patrie. 1746…Corte appartenait à Gênes, des hommes en armes, commandés par Gaffory s’aventurèrent près du château, en vue de donner l’assaut. mais des Génois, s’étaient emparés de son fils.

 

 

 

Le Général Gaffory, nullement découragé, ordonna l’assaut. Les Génois répliquèrent au premier coup de canon en brandissant l’enfant au-dessus du mur visé. Ils comptaient ainsi intimider les Corses. Le stratagème fonctionna quelques minutes. Mais Gaffory s’aperçut que ses hommes hésitaient à faire feu. Alors il fit passer son devoir de patriote avant son amour paternel et exigea que les tirs redoublent. L’ordre était ferme. Les hommes obéirent. Le château tomba aux mains des Corses et l’enfant était sain et sauf. Quelques années plus tard, Gaffory devient Général de la Nation. Bien avant Paoli. Le 3 0ctobre 1753, une main assassine met un terme à son parcours. On accuse les Génois, une famille ennemie les Romei et même un parent proche de la victime. Le flou, le chaos, c’est le lot de la Corse de l’époque.

 

 

 

Pascal Paoli (Pasquale Paolin) 5 avril 1725 – 5 février 1807

Homme politique, philosophe et général corse. La guerre d’indépendance de la Corse (1729-1743) et la République corse (1755-1769) fondent une large partie de l’identité corse d’aujourd’hui. Pascal Paoli est l’une des figures les plus représentatives de cette période. Contraint de suivre son père en exil à l’âge de 15 ans, il part à Naples avec lui en 1739 et de retour en Corse vers 1753 et fut proclamé général en chef par l’assemblée des Corses en juillet 1755. Il crée la première constitution corse, perd l’ultime bataille qui l’oppose à l’armée royale française en 1769. Sa personnalité et son action intéressent bien au-delà des seuls Corses ou des historiens. Son fort attachement à son île natale et à sa culture font de lui une figure inscrite dans son temps et un homme des Lumières qui a tissé des relations d’amitié ou épistolaires à travers toute l’Europe. Il fut à la fois un général corse, le chef de la République corse indépendante, un démocrate, un patriote et un homme des Lumières.

 

 

 

 

 

 

 

 

A la sortie de Corte nous montons directement sur 5 kms en direction du col de Quilico pour ensuite plonger et rejoindre Castila porte d’entrée vers Calacuccia et plus loin le col de Vergio le plus haut de l’île et dernier rempart avant de basculer sur Porto Ota et toute la côte Ouest la plus fréquentée par les touristes. Sur les bords des routes de Corse il y a multiples « in memorium » ici celui d’Henri Toivonen pilote sur la célèbre course du rallye de Corse.

 

 

 

 

15 kms de montée douce et ininterrompue le long du Golo qui devient pendant un moment une gorge à la route étroite. La principale difficultée c’est le soleil qui tape très fort sur nous, ce que nous n’avions pas connu auparavant. Sur la plupart des routes Corse il y a cette bande de bitume neuve et sombre témoin du passage à la fibre dans presque tous les villages. Dimanche pour rentrer sur Bastia nous reprendrons ce chemin. Nous restons deux nuits à Calacuccia dans un beau gîte situé au bord d’un lac artificiel, pour une journée de repos bien méritée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A  Suivre…