Deux Villes…Deux Histoires…

Honfleur, Le Havre face à face sur les rives de la Seine, liées depuis toujours avec depuis 30 ans, un lien encore plus fort par l’ouverture du pont de Normandie, chef-d’oeuvre architectural, défi technologique accompagné par l’esthétisme fascinant de ses lignes. Une avec toute la charge de son histoire de plus de mille ans  totalement épargnée par les bombes anglaises de 1944 qui ont totalement rasée l’autre avant de la voir renaître en 50 ans et reconnue aujourd’hui mondialement.

 

 

 

LE HAVRE…

Commune du nord-ouest de la France située dans le département de la Seine-Maritime en région Normandie. Elle se trouve sur la rive droite de l’estuaire de la Seine, au bord de la Manche. Son port est le deuxième de France après celui de Marseille pour le trafic total et le premier port français pour les conteneurs. Le Havre est la commune la plus peuplée de Normandie mais avec 250 000 habitants, son unité urbaine est la deuxième agglomération la plus importante de la région, la quinzième au niveau national, et deuxième sous-préfecture française derrière Reims. Elle occupe le site de l’estuaire de la Seine, à la pointe sud-ouest du pays de Caux. Elle est reliée à la capitale, située à 200 km au sud-est, par la voie ferrée et l’autoroute.

 

Fondée par le roi François Ier en 1517. Le développement économique à l’époque moderne est entravé par les guerres de Religion, les conflits avec les Anglais, les épidémies et les tempêtes. C’est à partir de la fin du XVIIIème siècle que Le Havre s’agrandit et que le port prend son essor grâce à la traite négrière puis au commerce international. Après les bombardements de 1944, l’atelier d’Auguste Perret entreprend de reconstruire la cité en béton.  L’industrie du pétrole, de la chimie et de l’automobile sont dynamiques pendant les Trente Glorieuses mais les années 1970 marquent la fin de l’âge d’or des paquebots et le début de la crise économique…La population diminue, le chômage augmente et reste à un niveau élevé encore aujourd’hui. Les changements des années 1990-2000 sont nombreux. Jusqu’alors bastion communiste, la droite remporte les élections municipales, la ville s’engage alors sur le chemin de la reconversion en cherchant à développer le secteur tertiaire et de nouvelles industries (aéronautique, éoliennes). Port 2000 accroît la capacité d’accueil des conteneurs pour concurrencer les ports du nord de l’Europe, les quartiers sud se transforment, les paquebots font leur retour. En 2005, l’Unesco inscrit le centre-ville au patrimoine mondial de l’humanité. Le musée d’art moderne André-Malraux devient le deuxième de France pour le nombre d’impressionnistes. Le Havre reste profondément marqué par sa tradition ouvrière et maritime.

 

 

 

 

 

HONFLEUR…

Ville portuaire de 7000 habitants, située sur la rive gauche de l’estuaire de la Seine, au nord du pays d’Auge. Son agglomération est à 25 km au sud-est du Havre par le pont de Normandie.  Surtout connue pour son Vieux Bassin, caractérisé par ses maisons aux façades recouvertes d’ardoises, et pour avoir été maintes fois représentée par des artistes, dont Gustave Courbet, Eugène Boudin, Claude Monet et Johan Barthold Jongkind, formant l’École de Honfleur. Ces peintres et d’autres se retrouvent à ferme Saint-Siméon sur les hauteurs de la ville et contribuent à l’apparition du mouvement impressionniste. Alphonse Allais et Erik Satie y sont nés dans la même rue. La commune bénéficie d’une des plus fortes attractivité parmi les villes française de mille à dix mille habitants, avec Arcachon, Noirmoutier-en-l’Île, Étretat et Deauville.

 

 

 

 

 

L’église Sainte-Catherine a la particularité, très rare en France, d’être construite essentiellement en bois. Elle est dédiée à sainte Catherine d’Alexandrie comme le rappelle une sculpture sur bois au-dessus du porche du clocher séparé des deux nefs. Elle y est représentée portant une roue et une épée. La nef de gauche est la partie la plus ancienne de l’édifice, datant de la seconde moitié du XVème siècle, construite dès après la Guerre de Cent Ans. Elle a été bâtie sur le modèle d’une halle de marché, où ont été utilisés des éléments servant à la construction navale, le tout donnant l’aspect d’une coque de bateau renversée. Ensuite, a été érigé le clocher à bonne distance de la nef, pour éviter que les paroissiens présents dans l’édifice ne soient la proie des flammes en cas d’incendie. En effet, le clocher attire la foudre en raison de son élévation et de sa position à flanc de colline. Au XVIème siècle, on ajoute, à droite de la précédente, une seconde nef, dont la voûte est conforme aux voûtes en bois des églises gothiques modestes. Elle a donc une forme plus arrondie et une disposition de charpente, sans rapport avec la structure d’un navire. De plus, les deux nefs sont allongées de deux travées supplémentaires. Par ailleurs, elles sont encadrées par des bas-côtés de même longueur, également voûtés en bois.

 

 

Les fameux « maîtres de hache » des chantiers navals de la ville ont réalisé ce bel ensemble sans avoir recours à la scie, tout comme leurs ancêtres normands que l’on voit en action sur la tapisserie de Bayeux et tout comme les Vikings avant eux. Les poutres utilisées pour la réalisation des piliers de la nef et des bas-côtés sont de longueurs inégales, car on ne disposait plus de troncs de chênes assez longs pour les construire. Aussi, certains ont une assise en pierre, plus ou moins haute et d’autres, aucune. Les travées du chœur, reprises au XIXème siècle, sont de qualité assez médiocre et le toit qui les couronne est surélevé par rapport à celui des parties anciennes. L’église est partiellement recouverte de bardeaux en bois de châtaignier, que l’on nomme dialectalement « essentes » et qui constituent donc un « essentage ».Le porche « néo-normand » a été construit sur le modèle de ceux des églises rurales de Normandie au début du XXème siècle et remplace un portail monumental en style néo-classique construit au siècle précédent et que l’on peut voir représenté sur certaines toiles de Jongkind ou de Boudin. Le portail sud quant à lui, est de style Renaissance. À noter l’orgue classique provenant de la paroisse Saint-Vincent de Rouen et le balcon Renaissance orné de personnages musiciens.

 

 

 

 

 

Honfleur. Le sas-écluse.

 

Fléau du port de Honfleur, l’envasement va être contrecarré en 1994 avec la mise en service d’un sas-écluse. Trois années plus tôt, les Honfleurais ont répondu positivement à l’enquête publique sur le sujet. Le sas jouera un rôle important en faveur de la survie du port et de la pêche et il est nécessaire au développement de Honfleur. » Le Département s’engage alors dans l’installation de ce système permanent qui va permettre de diminuer l’envasement de 80 à 90 % et donner un passage, à toute heure, sans contrainte de marée, aux bateaux de pêche et de plaisance. En février 1992, le futur sas long de 60 m et doté d’une écluse large de 23 m est en construction dans la grande cale de radoub de l’ancien paquebot Normandie, au Havre. En février 1993, les 20 000 tonnes de béton et d’acier flottants arrivent dans l’avant-port.

 

 

 

 

 

 

Bombardements du Havre  Par Philippe Rifflet



Et soudain, un déluge de feu s’abattit sur Le Havre. 10 000 tonnes de bombes, des milliers d’obus furent tirés sur le cœur de la ville du Havre entre le 5 et le 11 septembre 1944. L’objectif initial était de neutraliser l’artillerie allemande pour s’emparer des installations portuaires en épargnant la ville et les civils. Au final, la ville fut rasée à 85% et le port détruit. S’il est une ville qui n’a pas célébré dans la liesse l’arrivée des Libérateurs, le 12 septembre 1944, c’est bien Le Havre. Parce que l’heure était à enterrer les morts plutôt qu’à danser ou chanter. Alors que l’essentiel de la garnison Allemande, commandée par le Colonel Eberhard Wildermuth, soit 11 000 hommes environ, était cantonné à l’extérieur et sur les hauteurs de la ville, les bombardiers de la Royal Air Force ont pilonné, des heures durant, et pendant plusieurs jours, le cœur de la ville du Havre. En route vers le Nord de la France et vers l’Allemagne après avoir libéré Paris, les troupes alliées avaient besoin au plus vite d’un port en eau profonde pour assurer leur ravitaillement en essence et en munitions. Ce port, c’était le Havre. L’opération qui devait consister à sa prise était baptisée « Opération Astonia ». Protégé par 1 500 mines et des bunkers, le port revêtait un intérêt stratégique majeur tant pour l’occupant que pour les forces alliées. Un port où pourraient accoster de nombreux cargos, et qui puisse fournir une main-d’œuvre en nombre.

 

Dès le 3 septembre,  le Général Crocker, commandant des forces alliées, a proposé à son homologue allemand une reddition sans condition. L’officier allemand, refusera, déclenchant deux jours plus tard une tempête de feu. Les habitants eux-mêmes furent invités par les occupants à quitter la ville. Mais le Havrais a la tête dure et bien peu d’entre eux acceptèrent de quitter la ville pour aller se mettre à l’abri à l’extérieur.

 

 

 

 

On estime à 40 000 le nombre de Havrais qui resteront terrés dans les abris souterrains, et dans les caves de leurs immeubles au déclenchement des bombardements. L’opération a débuté par le tir de près de 4 000 obus depuis les deux bâtiments de la Marine britannique stationnés au large, juste face à la plage du Havre. Le HMS Erebus et le HMS Warspite donnèrent le coup d’envoi de l’assaut avec l’objectif de neutraliser l’artillerie allemande. En fin d’après midi, le 5 septembre, 348 appareils de la Royal Air Force allaient prendre le relais pour un déluge de feu. 1 800 tonnes de bombes explosives et 30 000 bombes incendiaires furent larguées en l’espace de deux heures à peine, transformant la ville en un immense brasier. Des témoins raconteront que les flammes se sont parfois élevées jusqu’à 300 mètres. Ce bombardement du 5 septembre restera dans l’histoire comme le plus dramatique jamais subi par la ville du Havre. D’autres raids, moins intenses, furent néanmoins menés le lendemain, puis le 8, 9 10 et 11 septembre 1944, soit jusqu’à la veille de l’entrée des alliées dans la ville. Ce sont plus de 10 000 tonnes de bombes qui furent larguées sur la ville en l’espace de sept jours.

 

Le bilan est effroyable avec plus de 2 000 civils tués ou disparus, 15 000 bâtiments dont l’Hôtel de Ville, l’Eglise Saint-Michel, le Théâtre, les beaux immeubles du boulevard François 1er, le quartier Saint-Vincent de Paul, la Rue de Paris… totalement rasés. La ville est détruite à 85% , au point qu’elle sera ensuite comparée aux villes allemandes de Hambourg ou Dresde pilonnées par l’aviation alliée. L’écrivain Havrais Bernard Esdras-Gosse écrira par la suite un récit d’une rare précision sur ces dramatiques événements. Maison par maison, pierre par pierre, sous les coups, les plus beaux quartiers du Havre s’effritent, tombent en poussière…C’est une destruction systématique…Sous les ruines du grand Théâtre gisent les FFI qui s’y étaient cachés en attendant l’heure de l’action…Gisent aussi des civils, des hommes, des femmes, des enfants que le feu menace, que le feu torture…

 

Avec les habitants qui étaient partis se réfugier à l’extérieur de la ville, on dénombre près de 80 000 sinistrés dont 35 000 ont tout perdu. L’objectif était de neutraliser les défenses allemandes, de préserver la ville et les civils et surtout de s’emparer du port. Au final, la ville fut détruite et le port rendu totalement inutilisable par l’avalanche de bombardements mais aussi par les dynamitages opérés par les occupants. 18 kilomètres de docks furent ainsi rendus totalement inutilisables, et on dénombra 350 bateaux détruits. Comme la ville, lorsque les alliés entrèrent dans le Havre, le port était en ruine. C’est aux Américains, arrivés à partir du 19 septembre que l’on doit la remise en état des installations portuaires au prix d’un effort conséquent. Dès lors, et jusqu’à la fin de la guerre, ce sont plus d’un million de soldats et un million de tonnes de ravitaillement qui arrivèrent par le port du Havre. Le Havre a payé très cher l’importance stratégique de son port.

 

 

 

 

L’objectif initial de l’opération Astonia était de semer la panique dans les troupes allemandes en essayant d’épargner le cœur de la ville. Au final, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Au lendemain du désastre, on prête d’ailleurs au général Crocker ce commentaire…

Ce n’est pas la guerre, c’est un meurtre…

 

 

 

 

 

 

Pont de Normandie

Construction 1988-1995 / Mise en service 20 janvier 1995



Le pont de Normandie est un pont à haubans enjambant l’estuaire de la Seine et reliant Le Havre, au niveau de la commune de Sandouville, à Honfleur. La conception de cet ouvrage exceptionnel est due à Michel Virlogeux. En 1994, la portée principale de l’ouvrage bat de plus de 250 m le précédent record du monde datant de 1993 (Shanghaï), mais celui-ci est perdu en 1998 pour 34 m (pont de Tatara au Japon). Son record de longueur de pont à haubans a été perdu en 2003 avec les 2 883 mètres du pont Rion-Antirion et, si l’on considère la longueur de tablier suspendu par haubanage (2 252 m), c’est le viaduc de Millau qui prend la relève avec 2 444 m. Le coût de construction du pont équivaut à 233 millions d’euros4 et s’élève à 419 millions en incluant les ouvrages annexes, les études préliminaires et les frais financiers.

 

Ce pont est à péage, sauf pour les piétons, cyclistes, motocyclistes. Le pont de Normandie est conçu pour laisser le passage aux navires qui remontent la Seine. Il présente un tirant d’air sous son tablier de plus de 50 mètres aux plus hautes eaux permettant le passage de navires de plus 100 000 tonnes et de 11 mètres de tirant d’eau.

 

 

 

La structure, qui est en béton, est d’une longueur totale de 2 141 mètres5. Elle comporte une travée haubanée de 856 m de portée, les 624 m du centre étant en métal. Les pylônes en béton de cette travée atteignent une hauteur de 214,77 m. Le tablier d’une largeur de 23,60 m accueille quatre voies pour des véhicules automobiles, deux voies cyclables ainsi que deux voies protégées pour les piétons. Le tablier est composé de deux parties. Une partie métallique, longue de 624 m, surplombe la Seine à 59,12 m. Cette partie est composée de 32 voussoirs de 19,65 m, chacun d’eux est relié à la tête mixte d’un des pylônes par deux haubans fixés de part et d’autre du voussoir. Le reste du tablier est en béton précontraint pour les deux viaducs d’accès ainsi que pour les 58 m de portée attenant à chacun des deux pylônes.

 

 

 

 

Les pylônes

Composés en béton précontraint, les pylônes en Y-inversé mesurent 214,77 m et pèsent 20 000 t chacun, dont 11 700 pour les armatures métalliques seules et 150 pour les câbles de précontrainte. Les pylônes devant travailler uniquement à la compression ils doivent être verticaux. Or les verticales se coupent au centre de gravité de la terre, donc les pylônes sont espacés d’environ deux à trois centimètres de plus à leur sommet qu’à leur base.

 

 

 

 

Les haubans

Au nombre de 184, les câbles Freyssinet ou haubans sont composés de plusieurs torons d’acier, entre 31 et 53 en fonction des efforts qu’ils doivent subir. Tous sont protégés contre les agressions extérieures par une couche de cire et une gaine en polyéthylène. Ils sont assemblés en faisceaux et sont habillés d’un revêtement dont le profil est aérodynamique. Sur toute la longueur du pont leur longueur est comprise entre 95 et 460 m.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce Jeudi 13 Juin notre parcours s’achève…

 

Parti le 13 Mai depuis Strasbourg et après les 21 villes étapes et 2000 kiliomètres, il sera temps de rentrer après quelques jours chez nos amis à Caen et Cabourg.

 

A bientôt.