The King of Hollywood !

Il était l’incarnation de l’âge d’or hollywoodien. Douglas Fairbanks, star avant les stars, a été l’un des pionniers du cinéma et d’une industrie devenue un empire. Sur grand écran, il a interprété tous les héros. Sur papier glacé, il passionnait et fascinait les foules. Quand il pose le pied dans le comté de Los Angeles en 1915, rien n’existe alors, « ni Hollywood, ni ses lettres blanches sur la colline connue du monde entier. » Cet acteur de génie a tout fondé avec le premier studio indépendant, l’Académie des Oscars, le Walk of Fame, mais aussi, plus largement, la peopolisation des artistes. L’incroyable carrière de Douglas Fairbanks a commencé sur les planches de Broadway, par un trou de mémoire resté dans les annales. Ne se souvenant pas de sa réplique, le jeune premier à l’allure de playboy a souri durant de longues minutes à son public qui en fut ébloui. Des dents ultra-blanches qui forgèrent sa réputation de joli cœur et lui ouvrirent les portes du cinéma.

 

 

 

 

 

Douglas Fairbanks, le fondateur oublié d’Hollywood

par Pierrick Geais

 

Ses premiers pas à Los Angeles ne lui valent d’abord que quelques clopinettes, jusqu’à son premier grand succès, Le Timide, qui le hisse immédiatement au rang de star. Il gagne alors 15 000 dollars par semaine, une véritable fortune pour l’époque, et peut se vanter de faire la couverture de Variety et la une du New York Times. Avec un rythme de douze films par an, Fairbanks devient rapidement le héros de toute l’Amérique…Il interprète Zorro, Robin des Bois ou encore D’Artagnan. Acrobate hors pair, il réalise ses cascades lui-même et développe, petit à petit, les effets spéciaux. Tout au long de sa vie, il observe l’industrie du cinéma se construire autour de lui. À ses débuts, Hollywood ne ressemblait qu’à un immense no man’s land boueux où chacun venait planter son studio. Douglas Fairbanks encourage les nouveautés, aussi bien en matière de décors que de techniques cinématographiques, et tente de s’adapter, parfois tant bien que mal, aux évolutions, comme le passage à la couleur ou encore au parlant, qui signera d’ailleurs la fin de sa carrière.

 

 

 

 

 

Mais surtout, en 1916, le jeune homme fait deux rencontres cruciales, avec les deux stars d’Hollywood les mieux payées Mary Pickford surnommée « la petite fiancée de l’Amérique » et considérée comme la sixième merveille des Etats-Unis, entre le grand Canyon et les chutes du Niagara et Charlie Chaplin qui deviendra son ami. Le trio sera appelé en 1918, sur la demande du président Wilson, à parcourir le pays afin de vendre des coupons de soutien à l’engagement des USA dans la Première Guerre mondiale. A eux trois, ils lèvent 3 millions de dollars, une somme énorme pour l’époque.

 

Fairbanks n’était pas qu’un acteur adulé, il était aussi un producteur de génie. Dès 1916, il crée son propre studio, puis, quelques années plus tard, la United Artists Corporation, au côté de ses amis D.W. Griffith, Charlie Chaplin et de son épouse Mary Pickford, pour produire et distribuer indépendamment des films en contrant les mastodontes hollywoodiens. Douglas Fairbanks déniche alors de nombreux talents, à l’instar de Victor Fleming qui réalisera par la suite Le Magicien d’Oz et Autant en emporte le vent. Même si le terme n’existait pas encore, on peut également prêter à Fairbanks la naissance des blockbusters. Le Voleur de Bagdad, sorti en 1924, qu’il a écrit, produit et dans lequel il a joué, est une pépite de prouesses techniques.

 

 

 

 

 

A 37 ans, il est le roi du monde, d’autant qu’il vient d’épouser, après leurs divorces respectifs, celle qu’il chérit depuis leur rencontre, Mary Pickford. A eux deux, installés dans leur grande maison de Beverly Hills baptisée PickFair la plus visitée après la Maison Blanche, ils forment le couple royal que l’Amérique n’a jamais eu. Ils reçoivent dans leur propriété écrivains, artistes, hommes politiques, têtes couronnées. Leur notoriété est mondiale.

 

C’est dans les pages des magazines que Douglas Fairbanks a aussi inventé Hollywood tel qu’on le connaît aujourd’hui. Avec Mary Pickford, aussi glamour et célèbre que lui, il forme le couple royal qu’attendaient les États-Unis, objet de tous les fantasmes et cible de tous les photographes. Pour son aimée, cet irrésistible séducteur achète un repaire de chasse sur les hauteurs encore inhabitées d’Hollywood et le transforme en somptueuse villa, la première de ce qui deviendra Beverly Hills. Elle sera la demeure la plus scrutée du pays, après la Maison Blanche. Les Pickford-Fairbanks maîtrisent rapidement les codes de la société du spectacle. Ils feront même payer les curieux pour visiter les décors de leurs studios, afin de financer d’autres long-métrages. Une idée plus que novatrice, bien avant qu’Universal Studios ouvre également ses portes aux touristes.

 

 

 

Grâce à la liberté acquise avec United Artists, Douglas Fairbanks change de répertoire. Sur les recommandations de Mary Pickford, il endosse le rôle de Zorro. C’est lui qui aura l’idée de faire signer le héros masqué de la pointe de son épee. Batman et Superman sont les héritiers directs de sa composition. Le film est un immense succès et installe Douglas Fairbanks dans des personnages de héros idéalistes qui sauvent les opprimés. Suivront Robin des Bois, d’Artagnan, le Pirate noir, tous tournés dans des décors majestueux, aux effets spéciaux déjà sophistiqués.

 

En 1927, il participe à la création de l’Académie des arts et des sciences du cinéma élu premier président. Il inaugure le premier cursus cinéma à l’université de Californie. Une classe qui formera par la suite John Wayne et George Lucas. Il inventera ce qui deviendra un storyboard, lui encore qui, avec Mary Pickford, inaugurera le WALK OF FAME. C’est lui qui instaurera la cérémonie des Oscars, afin d’auréoler le meilleur du cinéma.  Contrairement à Mary Pickford qui y sera récompensée, lui ne recevra jamais la précieuse statuette. Un comble pour celui qui consacra toute sa vie à faire briller les neuf lettres blanches qui ornent les collines d’Hollywood.

 

 

Son ascension fulgurante n’a d’égale que la rapidité de sa chute. La fin du muet sonnera le glas de sa carrière. Sa Mégère apprivoisée, film parlant avec Mary Pickford, en 1929, est un échec. Il en tournera encore trois autres, trois « bides ». Le public ne veut plus de lui. Le couple mythique du cinéma muet se sépare. Fairbanks épouse une aristocrate avec laquelle il fera plusieurs tours du monde avant de mourir d’une crise cardiaque en 1939. « Si c’était à refaire, je ferai tout pareil », disait cet homme sans amertume ni regret sauf celui de ne pas s’être réconcilié avec Mary Pickford, le grand amour de sa vie.

 

 

A LIRE ICI  UN ARTICLE TRES COMPLET SUR LA VIE DE…Douglas FAIRBANKS « THE STAR » !!!