Chaque Français consomme en moyenne chaque année 10kgs de banane. Mais avant d’arriver sur notre table, son parcours a été très long et son prix a beaucoup augmenté. Après dix jours de traversée de l’Atlantique, depuis les Antilles, elles se trouvent au port de Dunkerque. De très nombreux acteurs économiques interviennent sur la banane tout au long d’un parcours de 7300 kilomètres sur les 32 semaines de son existence…La variété que nous trouvons en métropole est souvent la banane Cavendish. Elle est idéale pour l’export car elle ne mûrit pas trop vite. 80% de la production de cette variété est réservée à la France métropolitaine.
Les nouvelles pousses sont traitées sous serre installée à Saint-Esprit Martinique. La banane est un des produits agricoles les plus travaillés. Trempés, désinfectés, décortiqués, détachés et triés par des ouvrières aux doigts agiles, les plants sont installés sous une serre de sevrage, à l’abri des parasites. Au bout de trois mois, un camion les transporte jusqu’aux plantations, après vérification de l’absence de maladie virale c’est le début de l’existence martiniquaise d’un bananier. Les plantations s’échelonnent tout au long de l’année. Au bout de deux mois, les premiers œilletons, selon les termes employés par les professionnels, sortent. Un seul, le plus costaud, est conservé. A cinq mois, une fleur apparaît et le futur régime se déploie. Un bananier ne donne qu’un régime de 170 à 220 fruits par cycle. une fois devenus grands, ces bananiers possèdent des grandes feuilles et un petit bananier pousse à leur pied ! Il s’agit du « rejet », celui qui prendra sa place après la récolte.
Le bananier ne produit qu’une seule fois des fruits. À la récolte, son pied est coupé à hauteur d’homme pour que la sève descende dans le rejet et le nourrisse. C’est le rejet qui produira le prochain régime de bananes. Le bananier n’est pas un arbre mais une plante et n’a donc pas de tronc solide ! C’est pourquoi il est fragile et a besoin d’être soutenu pour ne pas céder sous le poids de son régime de banane.
Pour protéger les bananes, tous les régimes sont protégés par ce sac traité contre toutes sortes d’insectes nuisibles à la qualité des bananes. Les « belles » bananes entrent dans la sélection « Planteur » et les autres, qui possèdent plus de marques sur la peau, entrent dans la sélection « Extra ». La couleur de la banane avec son jaune intense, est un point surprenant car en métropole elles sont assez pâles. Le goût est intense et sucré.
Au moment de la récolte dans les champs deux personnes sont nécessaires…l’une s’occupe de couper le régime et l’autre le porte avec un matelas sur l’épaule pour ne pas que les bananes s’abîment en tombant sur le sol. La coupe est un vrai travail d’équipe, qui impose beaucoup de précautions, car il ne faut pas abîmer la banane et ne pas blesser le porteur appelé « tireur ». Ensuite le coupeur, coupe le bananier qui sera laissé sur place et deviendra de l’engrais vert complété par toutes les bananes vertes rejetées au triage et transformé en « Bokashi » . C’est le rejet qui à ce moment là prend la suite.
Les régimes sont ensuite transportés au hangar de conditionnement. Là, en moins d’une heure, les bananes sont « épistillées », découpées, rincées, triées, classées, pesées, lavées, douchées, étiquetées, emballées et installées sur des palettes. Chaque carton reçoit les indications indispensables à sa traçabilité.
La banane est récoltée toute l’année grace à une savante gestion alphabetique pour gérer la maturation des régimes. Dans les plantations vous trouvez des hangars pour le tri, le nettoyage et le conditionnement des régimes de bananes coupés et transportés juste avant. Les ouvrières et ouvriers travaillent 8h du Lundi au Vendredi avec des postes bien définis. La coupe dans les champs et la sélection des mains soit 3 à 6 bananes demandent le plus d’expérience.
Si la banane ne correspond pas au calibrage exigé, ni à l’apparence souhaitée elle sera rejetée et recyclée en engrais vert au pied des bananiers en cours de développement…
En Martinique et Guadeloupe de 1972 à 1993, le pesticide chlordécone a été utilisé intensivement dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, un insecte ravageur. Une substance toxique pour l’homme au mépris du personnel et des consommateurs, le chantier pour retrouver des conditions saines pour cultiver la banane sera long et difficile…
Les palettes sont alors placées dans un conteneur réfrigéré, conduit au terminal de Fort-de-France. Les fruits y resteront à 13°C, ce qui ralentit leur maturation, pendant une petite quinzaine de jours. Le temps qu’arrive l’un des quatre cargos de la Compagnie maritime d’affrètement-Compagnie générale maritime CMA-CGM qui transportent les bananes antillaises. Avec ses 200 mètres de long, un porte container peut transporter plus de mille conteneurs de 12 mètres de long qui s’empilent sur douze niveaux, moitié en cale, moitié sur le pont. Entre Fort-de-France et Dunkerque, de quai à quai, le géant des mers va parcourir 7000 kms. C’est le port d’accueil de la banane antillaise et les opérations de déchargement ne traînent pas. Chaque année, sur les 350 000 tonnes de bananes qui transitent par Dunkerque, 260 000 tonnes proviennent des Antilles.
Un poids lourd de 40 tonnes emporte les bananes, jusqu’au Marché d’intérêt national de Rungis, au sud de Paris. Les fruits vont rester dans une mûrisserie près d’une semaine. Stockée à une température comprise entre 16°C et 18°C, la banane ne mûrit que si elle se réveille en sursaut de son hibernation. De l’éthylène, un gaz naturel, est donc diffusé dans les chambres de stockage, provoquant une réaction biochimique qui génère une forte augmentation de la respiration du fruit, l’amidon se transforme en sucre, les tissus s’amollissent, la chlorophylle de la peau est détruite, la banane devient jaune. En sortant de leur chambre, les bananes sont emballées, mises en sachets ou en barquettes, étiquetées avec leur prix et leur poids. Après des mois de vie sous les tropiques et des semaines passées sous des emballages divers, les voilà prêtes à être dégustées. Le temps est compté car les bananes ont quarante-huit heures pour arriver chez le détaillant. Elle coûtera moins de 2€ le Kilos.
A SUIVRE…