Vous sortez du cinéma, oui voir un film c’est le voir au cinéma ! Vous sortez et vous êtes bien, très bien même, La vie rêvée de Walter Mitty de Ben Stiller pour son énergie, sa scène culte du décollage accompagnée par la chanson de David Bowie et bien d’autres choses encore fait partie de ce club très fermé. Que du Bonheur !
Dans un souci d’authenticité, Ben Stiller a souhaité tourner le plus possible en conditions réelles. De nombreux plans ont été tournés dans le véritable hall du magazine Life qui appartient au magazine Time. Les séquences d’action à New-York ont été jouées dans la ville même, au milieu de la circulation. Lors du plongeon de Stiller dans l’océan, c’est dans l’Atlantique que cela s’est déroulé et non dans un bassin…
Nous étions en pleine mer, loin des côtes, avec des creux de plus de deux mètres, qui sont très impressionnants lorsqu’on se trouve dans l’eau. Le bateau où se trouvait la caméra s’est éloigné pour revenir pour la scène, mais durant deux minutes je me suis retrouvé tout seul au beau milieu de l’Atlantique Nord. J’étais seul en pleine mer avec une mallette en attendant que la caméra revienne…J’ai ressenti un réel danger, c’est dans des moments comme celui-là que l’on se dit que c’est ça, le vrai cinéma.
UN GRAND FILM POP…
On s’était vaguement amusé de ses premiers délires psychédéliques (Génération 90, Disjoncté), la bouffonnerie de Zoolander nous avait vraiment fait marrer et Tonnerre sous les tropiques semblait vouloir dire que Ben Stiller était un peu plus qu’un entertainer azimuté. La Vie secrète de Walter Mitty confirme cette impression. Stiller y incarne un rat de photothèque, touchant mais ordinaire, qui s’évade dans des rêveries où son assurance et son courage le rendent irrésistible aux yeux de sa collègue Cheryl (Kristen Wiig). Walter « Stiller » Mitty veut donc révéler le (super)héros en lui et se donnera les moyens nécessaires pour y parvenir. Et même ceux qui ne le sont pas : s’il est visuellement ébouriffant, le film flirte parfois avec le formalisme un peu vain d’un clip de Spike Jonze. Mais ce qui aurait pu n’être qu’un exercice de style devient une ode mélancolique à la volonté humaine et à l’imagination. L’idée géniale du script est d’avoir fait de Mitty un employé de Life, magazine prestigieux et condamné à disparaître. Parcourir la planète pour retrouver une photo est donc un acte chevaleresque mais inutile car la couverture qu’elle illustrera sera la dernière. Mitty peut bien gagner toutes les batailles, la guerre est déjà perdue. Moins self-conscious, l’outrance de Stiller transforme ainsi La Vie secrète…en grand film pop, aussi émouvant et tordant que ce pilote d’hélico islandais complètement bourré qui reprend a cappella un tube de Human League dans l’une des meilleures scènes du film.
Alors que les producteurs recherchaient activement un réalisateur et après avoir essuyé les refus de Steven Spielberg, Ron Howard, ils ont rencontré Ben Stiller. Il venait pour le rôle principal de Walter Mitty et s’est montré très intéressé par l’histoire et le personnage à tel point qu’il a donné aux producteurs sa vision des choses. C’est ainsi qu’ils lui ont également proposé de réaliser le film. Intégralement tourné en pellicule. Un moyen de tourner qui devient de plus en plus désuet face au numérique mais qui était important pour le réalisateur Ben Stiller au niveau de la cohérence avec le scénario du film. Son personnage est développeur sur pellicule pour le magazine Life qui s’apprête à publier son dernier numéro papier pour passer au format numérique sur Internet. Pour les besoins du tournage, l’équipe a contacté l’actuel rédacteur en chef du site Internet Life.com. Il s’est avéré qu’il avait fait le même métier que le personnage de Ben Stiller au sein du magazine, ce qui a été une source d’information inespérée pour l’équipe. Le magazine Life est un magazine américain qui a été créé en 1883, il a existé jusqu’en 2009, il était le premier magazine de photojournalisme. Depuis l’arrêt de la publication papier, il existe toujours sous la forme d’un site Internet, exactement comme dans le scénario du film de Ben Stiller.
Ode poétique entre rêve et réalité
Adapté d’un grand classique de la littérature américaine de 1939, une nouvelle parue en 1937 et signée James Thurber, La vie secrète de Walter Mitty déjà mise en scène pour le grand écran en 1974 par Norman Z. McLeod avec Danny Kaye dans le rôle éponyme. 67 ans plus tard Ben Stiller adapte et s’octroie le rôle-titre d’une adaptation Après la comédie déjantée Tonnerre Sous les Tropiques, l’acteur abandonne le registre purement comique pour se glisser dans la peau du fameux Walter Mitty, un employé du célèbre Life Magazine, doté d’une imagination fertile, il vit des aventures flamboyantes et palpitantes dont il est le héros. Une déconnexion vers une secret life ou cet homme ordinaire archiviste depuis 16 ans se transforme en héros sauvant un chien handicapé de l’explosion d’un immeuble ou encore dans une virée dans les rues de New-York poursuivant son boss imbuvable. Ses séquences issues de l’imagination de Walter Mitty prennent littéralement vie à l’écran et nous transporte à différents endroits du globe aux paysages somptueux. Les voyages extravagants de ce rêveur sont pour lui le moyen de se déconnecter d’une vie réelle insipide ou il peut même conquérir sa collègue Cheryl, interprétée par Kristen Wiig.
Cette fuite devant la vie réelle s’arrête le jour ou on lui demande un négatif très important qui ne figure pas dans les archives, Walter trouve la force de sortir de sa bulle et retrouver le fameux cliché égaré du légendaire photographe globe-trotteur Sean O’Connell (Sean Penn). Il part et même très loin vers un voyage initiatique qui va lui faire vivre des péripéties toutes aussi folles et grandioses que les périples de ses rêves. Il se retrouve en skate au pied du volcan Eyjafjallajökull, en Islande avant l’éruption, au Groenland, mais aussi Himalaya et jusqu’en Afghanistan. Le voilà à son tour un aventurier dans le monde réel traversant des paysages d’une beauté incroyable. La mise en scène de Ben Stiller est très graphique, visuellement c’est magnifique et coté musique on retrouve José Gonzàlez de Monsters And Men mais aussi un duo entre David Bowie et l’actrice Kristen Wiig. D’ailleurs, la scène avec la chanson SpaceOddity est une des plus envoûtantes. Coté casting les acteurs sont impliqués mention spéciale pour le rôle de Sean Penn impeccable et Adam Scott désopilant dans ce rôle de patron tyrannique). Ce long métrage est un hymne à la vie avec un message sympa, concrétiser vos rêves, vivez les plutôt que d’en rêver, soyez l’artiste, le peintre de votre vie. Une comédie-poétique émouvante, drôle, avec de très bons effets spéciaux, une belle photographie et une superbe bande-annonce. Voir des choses à des milliers de kilomètres, des choses cachées derrière des murs et dans des pièces, des choses dangereuses à venir…à se rapprocher…à voir et à s’émerveiller. C’est le but de la VIE.
Mentions spéciales pour Kristen Wiig, douce, bienveillante et belle, elle ne triche pas et nous livre une belle performance mais aussi Shirley MacLaine dans son regard se trouve tout l’amour d’une mère pour son fils. Il y a Adam Scott en patron stupide et arrogant, l’inconnu Darri Ólafsson qui crève l’écran en pilote d’hélicoptère complètement ivre et barré et surtout, Sean Penn qui nous offre le rôle d’un photographe de l’extrême à la fois mystérieux, intrépide et touchant, une sorte de Robert Capa catapulté dans notre temps.
La réalisation est truffée d’éléments visuels qui servent parfaitement l’intrigue et l’extravagance du film. La bande son, sublime, rend hommage à David Bowie avec un Space Oddity réinterprété collant parfaitement à l’histoire. La thématique du film est intimement liée à la recherche de l’Amour, à la quête du Bonheur et à l’envie d’être un autre. Ou plutôt d’être soi mais en plus grand, plus fort, plus courageux, plus fou plus… plus. Ce film est un appel à retrouver ce qu’il y a de plus vivant en nous, de plus beau. La force de ce dernier est de nous révéler en filigrane ce que nous possédons mais que par peur, par pudeur, nous n’osons montrer et faire exister. Qui n’a jamais ardemment désiré projeter ses rêves et les ancrer dans le réel ? C’est un peu comme si les rêves de Walter lui permettaient d’échapper quelques instants à son quotidien trop routinier. Les éléments anodins qui surviennent dans sa vie sont les éléments déclencheurs d’une sorte de madeleine de Proust de souvenirs et d’événements pas encore arrivés.
C’est un peu comme si l’acteur/réalisateur avait trouvé l’équilibre entre le meilleur de son humour et le meilleur de sa sensibilité pour nous émouvoir, nous toucher et nous offrir un beau moment de cinéma. Ben Stiller n’a jamais été aussi touchant, vrai et drôle que dans ce rôle. L’émotion passe par son regard, son attitude humble et digne en toute circonstance. Il aime en secret, tout bas mais aimerait crier. La projection des ses fantasmes seront le tremplin de son courage d’aimer et de vivre. Chapeau bas l’artiste. Ben Stiller c’est 35 ans de carrière, plus de 120 films comme acteur et réalisateur d’une dizaine de long métrage. Malgré cette énorme histoire dans le monde du cinéma je ne retiens que ce film. Curieux le cinéma…Lorsque je suis sorti de la projection, la pluie et le vent étaient de la partie. Aussi, la météo, loin de me peser, me ravivait et m’éclaircissait les idées. La vie rêvée de Walter Mitty agit sur nous comme le ferait la pilule du bonheur. Elle nous réveille et nous (re)donne le goût de l’aventure et l’envie de donner le meilleur de nous-même. Ce film incarne un cheminement. De la (re)connaissance de Soi, nous allons vers les Autres. Alors, laissons nous porter par ces images et rêvons, agissons et aimons jusqu’au bout. Jusqu’à ce que notre cœur, notre corps et notre tête s’enflamment…
Il est plus que temps de vivre pleinement sa Vie.