2019 – Only One !

 

Une histoire bouleversante

dans une grande histoire édifiante.

 

Le cinéaste chinois Wang Xiaoshuai continue de livrer, malgré une censure très présente, des réflexions sur l’évolution de son pays, avec comme thème central l’incroyable politique de limitation des naissances des années 80 jusqu’en 2015, comme réponse au besoin de croissance économique. Une politique qui verra ses séquelles jusqu’en 2050 au moins…Raconté au travers de l’histoire d’un couple qui va traverser 40 ans de leur existence à l’écran. Au début des années 1980, Liyun et Yaojun forment un couple heureux. Tandis que le régime vient de mettre en place la politique de l’enfant unique, un évènement tragique va bouleverser leur vie. Pendant 40 ans, alors qu’ils tentent de se reconstruire, leur destin va s’entrelacer avec celui de la Chine contemporaine.

 

 

 

 

Un chef-d’œuvre immense d’émotions, de vibrations intellectuelles, qui nous invite à travers le regard croisé de plusieurs familles chinoises, à s’interroger sur l’universalité du sentiment de filiation et le sens de son existence.

 

 

 

 

 

Wang Xiaoshuai

Diplômé de l’académie du cinéma de Pékin.

Réalise son premier long-métrage à l’âge de 27 ans.

 

1993 : The Days 

1994 : Suicides

1996 : Frozen 

1998 : So Close To Paradise

2001 : Beijing Bicycle

2003 : Drifters 

2004 : Shanghai Dreams

2007 : Une famille chinoise

2010 : Chongqing Blues

2011 : 11 Fleurs 

2014 : Red Amnesia 

2019 : So Long, My Son

 

 

 

 

Entretien Avec Wang Xiaoshuai

par Simon Hoareau

 

Pouvez-vous nous parler de la genèse de votre film ?

Les années 1980 ont marqué les débuts de la réforme économique chinoise, dont la libéralisation de l’industrie. Le régime venait de mettre en place la politique de l’enfant unique, qui a finalement perduré durant plusieurs générations. Le peuple chinois s’est habitué à vivre dans ce nouvel environnement, à accepter ces nouvelles règles. Jusqu’au moment où, en 2015, du jour au lendemain, on nous annonce la fin de cette politique. On nous a brièvement expliqué que la population vieillissait et qu’il y aurait bientôt un déséquilibre démographique. Cette annonce a été un choc pour moi. En une nuit, on avait balayé une politique qui avait profondément restructuré le pays. Je me suis alors rendu compte que nous étions plusieurs générations à avoir vécu ce pan de l’Histoire et à avoir sacrifié l’individu au service de l’intérêt du collectif. L’idée de départ était simplement de montrer à quel point les besoins d’un pays pouvaient dicter le devenir de tous les individus.

 

Le film est-il un devoir de mémoire ? Une invitation à l’introspection ?

Quand on réalise à quel point le citoyen chinois peut s’effacer pour se mettre au service de l’État, et à quel point ce fonctionnement a engendré de nombreux drames personnels, on se rend aussi compte qu’il est difficile de mesurer l’impact véritable de cet épisode. Quel est aujourd’hui le niveau de conscience des citoyens ? Qu’avons-nous retenu de cette période ? Quelle influence l’environnement social exerce-t-il encore sur l’individu ? En Chine, beaucoup de personnes se disent aujourd’hui détachées de la politique. Mais ce n’est pas vrai. Que nous le voulions ou non, nous évoluons dans des environnements indéniablement politiques. En Chine, nous avons été conditionnés pour être passifs face aux réformes et aux bouleversements. En tant que cinéaste, j’ai eu le désir profond d’exprimer et de documenter ces questions au sein d’un film. Pour les citoyens chinois mais surtout pour moi-même qui ai également vécu cette politique. Ce n’est pas mon seul film à questionner cette mémoire collective. C’est tout mon cinéma qui est motivé par ce besoin, chacun s’intéresse à la place de l’individu au sein d’un ensemble que le dépasse et qui l’écrase.

 

Vous avez également choisi de tourner avec des acteurs qui ont vécu aux aussi cette réforme ?

L’idée était de faire appel à des acteurs qui connaissent en détails cet épisode. Wang Jing-chun Wang et Yong Mei ont tous les deux la cinquantaine. Ils ont été directement concernés par la politique de l’enfant unique. Sans voyeurisme, je voulais leurs propres ressentis. Il fallait que mes acteurs aient une compréhension naturelle et familière du sujet.

 

Vous êtes-vous heurté à une forme de censure ? Avez-vous rencontré des difficultés pour produire votre long métrage ?

Beaucoup sociétés sont prêtes à investir dans le cinéma chinois. Si les films commerciaux monopolisent une grande partie de ces financements, les films indépendants ont plus de facilité à être financés. Pour ce qui est de la censure, un réalisateur est libre s’il est produit par une société en accord avec son travail. Évidemment, je pense que les films populaires sont soumis à une certaine grille de lecture. Comme je n’appartiens pas à cette catégorie, je ne me sens pas concerné. Malgré ses contraintes évidentes, le circuit indépendant me procure une sécurité artistique.

 

Vous avez déclaré que la censure existait mais que l’autocensure était tout aussi préoccupante. Était-ce votre cas pour ce film ou pour l’un de vos précédents films ?

En tant que réalisateur, c’est quelque chose qui me préoccupe beaucoup. Je me trouve effectivement dans un pays où la censure est profondément ancrée, si bien qu’il peut être difficile de faire la part des choses…En amont de chaque film, il faut donc redoubler de vigilance pour ne pas s’autocensurer de manière inconsciente. Sur chacun de mes films, j’ai refuse de m’interdire de raconter ou de montrer quelque chose qui pourrait heurter l’opinion. Mais c’est aussi une question délicate dans la mesure où l’autocensure est aujourd’hui essentiellement régie par des logiques de marché et de rentabilité. C’est notamment le cas typique de certains réalisateurs qui font le choix de survivre en se positionnant sur un produit plus formaté et commercial.

 

Votre film outre sa forme narrative très riche, présente une forme très complexe, faite d’ellipses et de flash-backs qui entretiennent un certain suspense, un horizon incertain…Était-ce une volonté de bousculer les spectateurs ?

Tous ces choix complexes relevaient davantage d’une évidence que d’une intention. Au regard de l’ampleur du sujet, sur le plan émotionnel comme sur le plan chronologique, il était primordial de suivre ces personnages lors de moments-clés, sur plusieurs décennies. Il me fallait montrer à quel point un événement dramatique du passé pouvait déterminer leur futur. Si j’avais opté pour une trame chronologique traditionnelle, trois heures n’auraient pas été suffisantes. Le choix de déconstruire puis de reconstruire le récit s’est donc imposé naturellement. Pour ce qui est du suspense, il relève de quelque chose de très concret. Quand on retrouve Liu Yaojun et Wang Liyun dix ans après la perte accidentelle de leur fils, on se rend compte qu’ils ont un nouvel enfant dont on ignore l’origine. Le mystère qui plane sur ces retrouvailles entre le spectateur et les héros évoque une situation très commune. Quand tu retrouves une personne que tu n’as pas vue depuis des années, tu remarques tout de suite des changements physiques, une allure différente, une autre énergie…mais tu ignores la nature profonde de cette évolution. So Long, My Son pose ces questions très pragmatiques qui font le lien entre le passé et le présent. 

 

En Europe et plus particulièrement en France, nous avons la chance de découvrir régulièrement les œuvres de cinéastes chinois indépendants. Cette visibilité est-elle aussi enthousiasmante en Chine ?

La plupart de ces réalisateurs ont surtout réussi à s’imposer sur la durée. Cela ne se ressent pas forcément dans les circuits occidentaux mais Jia Zhang-ke et Wang Bing, que j’admire beaucoup, ont dû travailler dur pour se frayer un chemin dans le cinéma d’auteur. Leurs approches ont donc naturellement rencontré un public européen réceptif. En Chine, la réalité est beaucoup plus complexe, plus confidentielle. De nouveaux cinéastes comme Bi Gan ont quant à eux réussi à se faire remarquer par leur approche formelle ou leur particularité esthétique. Certes, nombre de nos films n’ont pas la chance d’être distribués à l’échelle nationale. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour renoncer à notre travail.

 

Quelle a été la réception de So Long, My Son lors de sa sortie en Chine ?

Le film est sorti en mars, peu de temps après son passage à la Berlinale, où l’accueil fut très favorable. De tous les films que j’ai pu réaliser, c’est celui qui a le mieux marché auprès du public. En deux jours, les recettes engrangées ont dépassé celles de tous mes autres films réunis. J’ai conscience que les récompenses obtenues par Jing-chun Wang et Mei Yong ont beaucoup contribué à ce succès. Mais j’aime aussi penser que le sujet a simplement trouvé son public. En tant que citoyen chinois, on se retrouve facilement dans cette histoire parce qu’on l’a tout simplement vécue, de très près ou de loin. Cette familiarité et cette empathie naturelles expliquent cet accueil aussi positif. C’est encourageant à l’échelle du film mais rien n’est gagné pour autant. Par rapport au marché du cinéma actuel, le public chinois reste une audience à conquérir pour le cinéma indépendant et d’auteur.

 

 

 

 

 

DE L’UNIQUE À L’INIQUE Par Didier Péron

 

Wang Xiaoshuai relate dans une fresque mélancolique le destin au long cours d’un couple chinois confronté jusqu’à l’absurde à la politique de l’enfant unique. Le drame entend montrer les conséquences de la natalité administrée sur la vie d’un couple lambda. Pendant trente-six ans, de 1979 à 2015, la Chine a vécu une expérience de démographie planifiée d’une ampleur sans précédent. La politique de l’enfant unique est mise en place par Deng Xiaoping dans le but de freiner une fécondité jugée alors trop importante et risquant de freiner une croissance économique reposant sur de nouvelles bases partiellement libéralisées. Le cinéaste raconte les effets de cette politique sur une génération sacrifiée, à travers trois décennies de la vie d’un couple, Yaojun et sa femme Liyun.

 

Privation…Le film se déploie sur trois heures de manière non chronologique, en de constants changements d’époque avec un montage de virtuose par le Thaïlandais Lee Chatametikool où la persistance du drame est d’autant plus ravageuse qu’il semble se répandre dans les sables mouvants d’existences où nul présent ne s’impose qui ne soit déjà enseveli sous le poids d’un destin de privation et de deuil. Rencontré à Paris, Wang Xiaoshuai, qui avait 12 ans quand la restriction des naissances a été imposée, raconte…En Chine, la cellule familiale est traditionnellement le socle de la vie en société et les parents reposent leur avenir sur leur nombre d’enfants, et principalement de fils, qui pourront subvenir à leurs besoins quand ils seront vieux. La politique de l’enfant unique a été un choc pour l’ensemble de la population parce que les conséquences n’ont pas du tout été anticipées, d’autant qu’elle prenait le contre-pied de l’enthousiasme nataliste du règne de Mao. Mais là-bas, il ne faut pas agir en égoïste, et le collectif prime sur l’individu. Tant et si bien que même si quelques personnes ont pu exprimer leur scepticisme, cette politique a été entendue, digérée et pratiquée par les Chinois sans véritable contestation. Et une fois qu’elle a été arrêtée, personne n’a jugé utile de mener une réflexion sur ce qui s’était passé.

 

Dans So Long, My Son, le fameux «enfant unique» ne l’est jamais vraiment puisqu’il manque toujours à sa place ou est en trop, en plus d’être privé de toute fratrie. Au gré des coups du sort qu’endure le couple qui, après la disparition de leur fils, quitte le collectivisme eighties dans une grande ville industrielle du nord pour un port de pêche dans une région du sud dont il ne parle même pas le dialecte. Xingxing emporté est remplacé par un autre garçon portant le même nom, adopté ou en passe de l’être. Infidèle à son épouse pour une aventure avec une apprentie qu’il met enceinte après une seule nuit de retrouvailles, on comprend aussi que Yaojun pourrait être père à nouveau s’il consentait à prendre l’enfant comme le lui propose sa maîtresse qui doit partir s’installer aux Etats-Unis. Avant que l’accident du barrage n’ait lieu, le couple avait déjà été confronté à une grossesse légitime, arrêtée net par la responsable du planning familiale, une amie de la famille…C’est une fonction tout à fait réelle qui avait pour mission la bonne application de la politique au sein de toutes les unités de travail. D’ailleurs, elles ont protesté en 2015 car, de fait, on les mettait au chômage ! 

 

 

Arbitraire…Le fils unique noyé, l’enfant avorté, l’enfant illégitime, le fils adoptif, tout démontre l’impossible coïncidence entre la natalité administrée et l’entêtement du hasard ou le caractère intempestif de l’existence. Le fait est que Yaojun et Liyun paraissent congelés dans un deuil impossible et que leur isolement se double d’un déclassement social, lui professeur devenu chef d’apprentissage en usine, elle contremaître veillant au bon fonctionnement des machines, puis l’un et l’autre finalement repliés dans une baraque en front de port, un atelier de réparation mécanique, après avoir coupé les ponts avec leurs anciens amis. Wang Xiaoshuai, non parfois sans quelques schématismes ou raccourcis mélo, entend montrer cet état de flottement au gré du vent et des revirements de politique à grande échelle, qui trimbale les individus dans des environnements et des situations qu’ils ne semblent jamais pouvoir maîtriser, tout en ressentant à quel point leur espace privé est constamment livré au plus grand délaissement, à la plus cruelle négligence. Le cinéaste sait de quoi il parle, il a vu ses parents subir l’arbitraire du maoïsme déclinant, sa mère, ouvrière d’usine, et son père, intellectuel qui enseignait à l’Institut théâtral de Shangai, furent envoyés dans la province du Guizhou, pris au cœur des grands mouvements de déplacement de population organisés par le Grand Timonier pour implanter des industries dans des provinces jugées trop campagnardes.

 

Proche de Jia Zhangke, Wang Xiaoshuai reconnaît qu’il a eu la chance d’aborder sa vie d’adulte à une époque où il redevenait possible, pour les plus chanceux, d’être maîtres d’une partie de leurs choix et non la pièce lambda d’un gigantesque jeu d’échecs politico-sociaux. Les lois implacables du totalitarisme n’ont cessé d’être réécrites et adaptées aux nécessités de spectaculaires transformations de masse, et ce jusqu’à aujourd’hui. Dans sa dernière partie, So Long, My Son montre le déphasage du couple principal retrouvant ses anciens dortoirs à moitié démolis et les unités de travail dévorées par la rouille et les mauvaises herbes dans un univers de chantier et de mégapole en expansion archi-bétonnée. Pour comble de l’absurde, la maîtrise des natalités s’est avérée trop performante et, en définitive, néfaste car anticipant mal un inexorable vieillissement démographique à l’horizon 2050, désormais statistiquement impossible à endiguer. La mélancolie terminale de la fresque, avec ses héros voûtés aux cheveux gris, solde les comptes et oppose aux discours et chiffres vainqueurs le reflet de sacrifices d’autant plus violents que personne jusqu’ici ne leur avait livré de certificat de naissance.

 

 

 

 

Un formidable mélodrame autour d’une tragédie familiale qui dessine en creux les évolutions de la Chine moderne. par Thomas Baurez

 

Deux enfants regardent au loin d’autres bambins qui s’amusent sur une plage. La tentation de rejoindre le reste du groupe est grande. L’un quitte rapidement son poste d’observation. L’autre reste en retrait mais ne tardera pas lui aussi à descendre. La caméra, imperturbable, ne bouge pas et n’accompagne pas les deux protagonistes, comme s’il lui fallait se protéger de quelque chose. Elle reste à bonne distance de l’action, puis bientôt du drame qu’une ellipse viendra révéler. On distingue les silhouettes d’adultes affolés se précipiter sur le sable. Le corps d’un enfant inerte est porté jusqu’à l’hôpital le plus proche. En vain. Le jeune garçon est mort. Liyun et Yaojun, les parents, sont dévastés. Nous sommes au début des années 80, le gouvernement chinois vient de lancer la politique de l’enfant unique limitant drastiquement le nombre des naissances. Si le désespoir est immense, la mise en scène reste pudique et ne racole pas pour obtenir des larmes. Le montage interdit de toute façon la complaisance émotionnelle. Très vite, nous voici des années plus tard. Les parents, meurtris, semblent désormais coupés du monde extérieur dans leur petit réduit où la vie s’est arrêtée. L’arrivée dans le cadre d’un adolescent qui semble se présenter comme leur fils vient contredire les conclusions de la séquence inaugurale.

 

 

L’INTIME AU CENTRE DU CADRE

A-t-on bien vu, et surtout compris, ce qui a précédé ? Qu’importe, l’effet est saisissant. On en vient même sans y croire tout à fait à considérer cet adolescent comme un possible fantôme. Ce trouble, le cinéaste Wang Xiaoshuai ne capitalise pas dessus pour créer une tension malhonnête. La retenue et la sobriété avec lesquelles il conduit son récit invitent au contraire à accepter sans crainte ce mystère, conscient et confiant que ce qui nous est éventuellement caché nous sera dévoilé quand le temps sera venu. La tragédie de cette famille s’inscrit dans un contexte beaucoup plus vaste que les individus qui la subissent. Cette fresque familiale court sur plusieurs décennies et épouse en creux les évolutions et les bouleversements de la Chine moderne. L’humaniste Wang Xiaoshuai, révélé en 2001 avec Beijing Bicycle et dont on a suivi depuis le formidable déploiement…Shanghai Dreams, Une famille chinoise, Chongqing Blues, 11 Fleurs…, fait tout pour replacer l’intime au centre du cadre. Un geste fort et politique dans un pays encore marqué par l’idéologie maoïste où le collectif prime. Et si sa caméra sait garder ses distances, c’est paradoxalement pour ne pas tromper son regard.

 

 

AMPLEUR ROMANESQUE

Le spectateur scrute les réactions des deux protagonistes pris dans le flot d’un récit à la structure complexe avec flash-back, ellipses…et s’y réfère avec la certitude que c’est à travers eux que réside la pureté de l’ensemble. Le jury de la dernière Berlinale a eu parfaitement raison de récompenser le film pour son interprétation. Wang Jingchun, déjà vu dans 11 Fleurs, et Yong Mei, aperçue dans The Assassin de Hou Hsiao-Hsien, sont formidables de bout en bout, le film dure plus de trois heures. La force contenue avec laquelle ils accueillent l’un et l’autre les séismes de la vie de leurs personnages décuple l’empathie et les émotions. Car avec ce So Long, My Son, Wang Xiaoshuai signe un vrai mélodrame dont le centre du cadre devient le lieu privilégié où la vie et ses blessures s’expriment sans faux-semblants, dans un parfait dénuement. À l’instar du cinéma de Jia Zhangke, dont le récent Les Éternels partage avec le présent film une même ampleur romanesque, l’œuvre de Wang Xiaoshuai renseigne le spectateur occidental sur la nature complexe d’un pays qui, dans son élan expansionniste, laisse toute une partie de sa population dans une totale confusion sociale, économique et culturelle. Une complète réussite.