1982-Incroyable destin !

Réalisé par Richard Attenborough en 1982 reviens sur la vie de Mohandas Karamchand Gandhi, militant politique né à Porbandar le 2 octobre 1869 et mort assassiné à Delhi le 30 janvier 1948. Important guide spirituel de l’Inde et du mouvement pour l’indépendance du pays, initiateur du Satyagraha, ou principe de non-violence par la désobéissance civile. C’est en voyant des actualités à l’âge de 9 ans, sur Gandhi, que Richard Attenborough fasciné par le personnage, a pensé un jour réalisé un film sur lui. Mahatma Gandhi, de son vrai nom Mohandas Karamchand Gandhi, est né en Inde en 1869 de parents hindous très pieux. Il grandit dans les valeurs hindouistes, mais sa famille est très ouverte et tolérante envers les autres religions. À l’âge de 14 ans, Gandhi épouse Kasturbai, suivant les coutumes de sa caste (les Vayshia), avec qui il restera marié jusqu’à sa mort. Le film fut couronné de 8 Oscars, et il faut dire que pour réaliser un tel film, sur une personnalité si complexe que Gandhi, le réalisateur Richard Attenborough se devait d’être au plus près de la vérité historique, et comme il le précise dans ses commentaires, il s’est entouré de nombreux spécialistes dont Motilal Kothari qui fut l’un de ses grands disciples, et qui le premier présenta au réalisateur une biographie de Gandhi, lui demandant de faire un film sur la vie du Mahatma. Richard Attenborough nous indique également qu’il a fallu pas moins de 9 scénarios avant de choisir le bon, et qu’ils ont été très rigoureux quant à la genèse du destin fabuleux de ce petit homme affublé d’un dothi (pagne) et d’un simple bâton. Toutes les scènes que l’on voit dans le film sont véridiques et cela apporte un véritable regard historique sur la vie du Mahatma Gandhi. Pour les jeunes générations c’est un véritable cours d’histoire que nous permet le visionnage de ce film. Dans tout biopic, le choix de l’interprète principal est hautement important, et il est toujours difficile de ne pas tomber dans la caricature. Mais ici, on peut dire sans aucune hésitation que le choix et l’interprétation de Ben Kingsley, dans le rôle titre, sont tout simplement époustouflants de justesse et de véracité. John Hurt avait été pressenti pour le rôle principal et lors d’une audition, il voit sortir Ben Kingsley de sa loge et il s’écrie alors auprès de Attenborough…Je viens de croiser Gandhi ! Bien au delà de la ressemblance troublante entre Ben Kingsley (il est demi indien) et Gandhi, c’est son jeu et son mimétisme avec le Mahatma qui sont extraordinaires. C’est en partie une des grandes réussites du film, et le plus beau rôle de Ben Kingsley (Oscar du meilleur acteur en 1983).

 

 

 

 

 

L’assassinat de Gandhi et ses funérailles

 

Dès le début du film, on est confronté à ce qu’a combattu Gandhi toute sa vie, la violence et la haine. En effet les premières images nous font découvrir l‘assassinat de Gandhi, lors de l’heure de la prière qu’il donnait dans les jardins de Birla, le 30 janvier 1948, par un fanatique et extrémiste hindou, de trois balles de revolver au cœur. Cette première scène où l’on voit Ben Kingsley, dans les jardins de Birla, en pagne blanc et soutenu par ses deux nièces, est criante de vérité. Le physique de l’acteur mais aussi le maquillage donne une image très réaliste du vénérable Gandhi, alors vieux. Pour la cérémonie des funérailles qui suit juste la scène de l’assassinat, Richard Attenborough, le réalisateur, nous précise que ce n’est pas moins de 400 000 véritables figurants qui y participent et qui en fait la première séquence au monde avec autant de figuration physique. Les dernières paroles de Gandhi que l’on découvre dans le film « Oh mon Dieu… » sont ses véritables paroles lorsqu’il s’effondre sous les balles.

 

Je suis prêt à souffrir n’importe quelle humiliation, n’importe quelle torture, un ostracisme absolu et la mort même, pour empêcher ce mouvement de devenir violence ou précurseur de violence. Ils peuvent me tuer, c’est ma dépouille qu’ils auront et non pas ma soumission.

 

La haine tue toujours, l’amour ne meurt jamais.

 

 

 

 

Discours de Gandhi sur la Non violence 

 

Dans cette scène, où l’on découvre Gandhi/Ben Kingsley, avec des cheveux, on assiste à l’un de ses premiers discours en 1906, alors qu’il démarre sa carrière d’avocat. Ce sont les prémisses de ce que sera le combat de sa vie, montrant également ses talents d’orateur et de charisme. Ben Kingsley est bluffant dans cette scène et son regard déjà hypnotique. On peut apprécier dans cette scène filmée dans une sorte de théâtre, le détail apporté aux vêtements et surtout à la physionomie des personnages…Un grand nombre d’indiens ayant participé au film. Les gros plans sont saisissants et si vrais. Cette résistance passive dont parle Gandhi, la Satyagraha (pouvoir de la vérité en Sanskrit) est donc née et a grandi en Afrique du Sud avant de se propager en Inde et finalement à toute l’humanité. La phase sud-africaine de Gandhi a une grande importance dans sa vie et l’histoire en général. Ses premiers pas en Afrique du sud sont assez déterminants sur le reste de sa vie. L’histoire nous apprends qu’il a vécu près de 20 ans en Afrique du sud et que c’est là qu’il a élaboré la Satyagraha, son principe de non violence par la désobéissance civile.

 

Quoiqu’ils nous fassent, nous ne tuerons personne…Ils saisiront tous nos biens…Mais ce qu’ils ne pourront prendre par la force, c’est notre dignité…La non-violence est mon premier article de foi. C’est aussi le dernier article de mon credo. Vivre simplement, pour que simplement d’autres puissent vivre. 

 

 

Discours de Gandhi sur la non-violence…Genève le 30 décembre 1931

 

Comment les travailleurs pourront-ils obtenir leur justice sans violence ? Si les capitalistes emploient la force pour supprimer leur mouvement, pourquoi ne s’efforceraient-ils pas de détruire leurs oppresseurs ? Réponse…Cela, c’est la vieille loi, la loi de la jungle, œil pour œil, dent pour dent. Comme je vous l’ai déjà expliqué, tout mon effort tend précisément à nous débarrasser de cette loi de la jungle qui ne convient pas aux hommes. Vous ne savez peut-être pas que je suis conseiller d’un syndicat ouvrier d’une ville appelée Ahmedabad, syndicat qui a obtenu des témoignages favorables d’experts en ces matières. Nous nous sommes efforcés de toujours employer la méthode de la non-violence pour régler les conflits qui ont pu s’élever entre le capital et le travail, au cours de ces quinze dernières années. Ce que je vais vous dire est donc basé sur une expérience qui est dans la ligne même du sujet auquel se rapporte cette question. A mon humble avis, le mouvement ouvrier peut toujours être victorieux s’il est parfaitement uni et décidé à tous les sacrifices, quelle que soit la force des oppresseurs. Mais ceux qui guident le mouvement ouvrier ne se rendent pas compte de la valeur du moyen qui est à leur disposition et que le capitalisme ne possédera jamais. Si les travailleurs arrivent à faire la démonstration facile à comprendre que le capital est absolument impuissant sans leur collaboration, ils ont déjà gagné la partie. Mais nous sommes tellement sous l’hypnotisme du capitalisme, que nous finissons par croire qu’il représente toutes choses en ce monde. Les travailleurs disposent d’un capital que le capitalisme lui-même n’aura jamais. Déjà à son époque, Ruskin a déclaré que le mouvement ouvrier a des chances inouïes; il a malheureusement parlé par-dessus nos têtes. À l’heure actuelle, un Anglais qui est à la fois un économiste et un capitaliste, est arrivé par son expérience économique aux conclusions formulées intuitivement par Ruskin. Il a apporté au travail un message vital. Il est faux, dit-il, de croire qu’un morceau de métal constitue du capital; il est également faux de croire que même telle quantité de produits représente un capital. Si nous allons à la vraie source, nous verrons que c’est le travail qui est le seul capital, un capital vivant qui ne peut être réduit à des termes de métal.

 

C’est sur cette loi que nous avons travaillé dans notre syndicat. C’est en nous basant sur elle que nous avons lutté contre le gouvernement et libéré 1.070.000 personnes d’une tyrannie séculaire. Je ne puis entrer dans les détails et vous expliquer en quoi consistait cette tyrannie, mais ceux qui veulent étudier le problème à fond pourront facilement le faire. Je veux cependant vous dire simplement comment nous avons obtenu la victoire. Il existe en anglais, comme d’ailleurs en français et dans toutes les langues, un mot très important, quoique très bref. En anglais il n’a que deux lettres, c’est le mot “no”, en français “non”. Le secret de toute l’affaire est simplement le suivant : lorsque le capital demande au travail de dire oui, le travail, comme un seul homme, répond non. A la minute même où les travailleurs comprennent que le choix leur est offert de dire oui quand ils pensent oui, et non quand ils pensent non, le travail devient le maître et le capital l’esclave. Et il n’importe absolument pas que le capital ait à sa disposition des fusils, des mitrailleuses et, des gaz empoisonnés, car il restera parfaitement impuissant si le travailleur affirme sa dignité d’homme en restant absolument fidèle à son non. Le travail n’a pas besoin de se venger, il n’a qu’à rester ferme et à présenter la poitrine aux balles et aux gaz empoissonnés, s’il reste fidèle à son “non”, celui-ci finira par triompher. Mais je vais vous dire pourquoi le mouvement ouvrier, si souvent capitule. Au lieu de stériliser le capital, comme je l’ai suggéré en tant qu’ouvrier moi-même, il cherche à prendre possession du capital pour devenir capitaliste à son tour. Par conséquent, le capitalisme, soigneusement retranché dans ses positions et bien organisé, n’a pas besoin de s’inquiéter: il trouve dans le mouvement ouvrier les éléments qui soutiendront sa cause et seront prêts à le remplacer.

 

Si nous n’étions fascinés par le capital, chaque homme et chaque femme comprendrait cette vérité essentielle. Ayant moi-même participé à l’organisation ou organisé des expériences de ce genre dans toutes sortes de cas, et pendant longtemps, je puis dire que j’ai le droit de parler de cette question, et que je possède quelque autorité en la matière. Il ne s’agit pas là de quelque chose de surhumain, mais au contraire de quelque chose qui est possible à chaque travailleur, homme ou femme. En effet, ce qu’on demande à l’ouvrier ne diffère pas de ce qu’accomplit en certain sens le soldat qui est chargé de détruire l’ennemi, mais porte sa propre destruction dans sa poche. Je désire que le mouvement ouvrier imite le courage du soldat mais sans copier cette forme brutale de sa tâche qui consiste à apporter la mort et les souffrances à son adversaire, je me permets de vous affirmer d’ailleurs que celui qui est prêt à donner sa vie sans hésitation et en même temps ne prend aucune espèce d’arme pour faire du mal à son adversaire, montre un courage d’une valeur infiniment supérieure à l’autre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le massacre d’Amritsar

 

Cette haine et cette violence véhiculées par les extrémistes hindous et musulmans, mais aussi par l’occupant anglais, et qui aura fait tant de mal à Gandhi, on l’a découvre dès son assassinat et sera omniprésente durant tout le film. Ainsi il y aura de nombreuses scènes très réalistes de massacres montrés par le réalisateur comme le massacre d’Amritsar connu aussi comme le massacre du Jalianwalla Bagh où, le 13 avril 1919, après trois jours de violences meurtrières commises dans cette ville contre des civils européens par des Indiens suiveurs de Gandhi, les soldats indiens du Raj britannique ouvrirent le feu sur un rassemblement politique non autorisé de gandhiens, tuant plusieurs centaines d’entre eux. C’est d’après le réalisateur un des moments les plus dramatiques du film, et certainement ce qui a déclenché et accéléré le départ de l’empire anglais de l’Inde.

 

Le terrorisme et le mensonge sont les armes du faible,

Pas du fort.

 

 

 

 

 

 

La marche du sel

 

Gandhi lance un nouvel acte de désobéissance. En avril 1930, Gandhi entame la marche du sel. C’est certainement le plus beau « coup » tactique de Gandhi. Accompagné d’une dizaine de disciples, puis rejoint par des milliers de sympathisants, il parcourt plus de 380 km jusqu’à la mer. Après 25 jours de marche, il s’avance vers l’océan et recueille un peu de sel. Par ce geste dérisoire et symbolique, Gandhi encourage à violer le monopole britannique sur la distribution du sel, qui oblige les indiens à payer un impôt sur le sel et leur interdise d’en récolter eux-mêmes. Ce passage comme tant autres est un moment important du film, et il faut voir avec quelle énergie Ben Kingsley marche et entraîne derrière lui cette foule bigarrée…C’est une de mes scènes préférées. Il paraît que Gandhi marchait comme cela, vigoureusement et vite…Comme pour la scène des funérailles la foule devant l’océan est bien réelle et composée de milliers de figurants, Richard Attenborough insiste pour dire qu’il n’y a aucun trucages ni images de synthèse.



Là où il y a l’injustice, j’ai toujours pensé que nous devions lutter…Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses…L’amour est la plus grande force au monde et, en même temps, la plus humble qu’on puisse imaginer.  Le bonheur, c’est l’harmonie entre ce que vous pensez, ce que vous dîtes, et ce que vous faites.



 

 

En Inde, l’accueil du film a été extraordinaire. Et les gens qui étaient opposés à sa réalisation, qui étaient presque violents dans leur opposition, ont tous fait volte face, et ont accepté le film, à cause du scénario en partie et aussi à cause de l’extraordinaire interprétation de Ben, et enfin parce qu’on a tenté désespérément d’être honnêtes. On a vraiment tenté de communiquer la vérité de cet homme remarquable. Richard Attenborough

 

 





RICHARD ATTENBOROUGH

 

Il faisait partie du club très fermé des acteurs et réalisateurs anglais anoblis par la reine. Il est mort le 24 août, à Londres, à l’âge de 90 ans. Né le 29 août 1923, Richard Attenborough est surtout connu pour avoir réalisé quelques films à très gros budgets, parmi lesquels Gandhi, en 1982, avec Ben Kingsley. Mais il fut aussi acteur dans des films non moins célèbres, en particulier La Grande Evasion de John Sturges, en 1963, Jurassic Park de Steven Spielberg, en 1993. La carrière de cinéaste d’Attenborough débute en 1969 avec Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !, un film qui a l’audace de transformer l’apocalypse la guerre de 14-18 en une atroce guignolade. Le prologue de ce film pacifiste dans lequel on retrouve une pléiade de grands acteurs anglais Laurence Olivier, Michael et Vanessa Redgrave, Maggie Smith, Dirk Bogarde, John Gielgud prend l’allure d’une comédie musicale satirique. En 1972, Attenborough réalise Les Griffes du lion, un film autrement plus respectueux et didactique consacré à la jeunesse et aux premiers exploits de Winston Churchill. Avec Un pont trop loin, en 1977, Attenborough confirme son goût pour les films de guerre. Tiré d’un livre de Cornelius Ryan l’auteur du Jour le plus long, ce film en forme d’énorme documentaire reconstitué, raconte un épisode dramatique de la seconde guerre mondiale, qui eut lieu entre le 17 et le 24 septembre 1944 à Arnhem, dans l’est des Pays-Bas. Ecrit par le scénariste américain William Goldman à qui l’on doit entre autres les scénarios de Marathon Man et des Hommes du président sortis en 1976, ce film efficace dénonce, au travers de cette « sanglante imbécillité » que fut la bataille d’Arnhem, les horreurs de la guerre, de toutes les guerres.

 

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Attenborough attendra 1983 pour connaître la gloire planétaire. Cette année-là, son film Gandhi récolte un total de huit Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et du meilleur acteur attribué à Ben Kingsley, époustouflant en Mahatma…Je m’étais fixé pour objectif principal de réaliser un film aussi fidèle que possible à l’esprit de l’homme qu’avait été Gandhi. Il fallait absolument qu’une recherche approfondie me donne une conscience exacte des libertés cinématographiques que je prenais. De fait, dans le moindre détail, chaque image du film est l’imitation d’une photographie. La plupart des personnages historiques sont réincarnés avec un maximum de ressemblance. Il faut s’arrêter pour finir sur Cry Freedom, le film qu’Attenborough consacra en 1987 à l’amitié entre un journaliste blanc, Donald Woods (interprété par Kevin Kline), et le leader noir sud-africain Steve Biko (Denzel Washington), mort en détention à 31 ans, en 1977. Tourné au Zimbabwe, ce violent pamphlet anti-apartheid montrait en particulier ce que fut l’interrogatoire policier qu’eut à subir le leader du Congrès panafricain avant de mourir. Qualifié de « propagande crue » par le ministre sud-africain de l’époque, le film fut dans un premier temps, le 29 juillet 1988, interdit au motif que sa projection « risquerait d’attiser des sentiments néfastes pour les relations interraciales et pourrait même conduire à des actes de violence ». J’ai réalisé ce film dans l’espoir que tous ceux qui ignorent ou se désintéressent du problème de l’apartheid le verraient et se sentiraient dès lors profondément concernés par la question » déclara Attenborough en novembre 1987 lors de la première du film à Harare.

 

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15 AOÛT 1947 INDEPENDANCE DE L’INDE