1969-USA les racines…

La grande vague de bouleversements sociaux et culturels qui secoua le monde occidental vers la fin des années 60 provoqua des ondes de choc créatives dans tous les milieux artistiques. Il était donc inévitable que cinéma et «enfants-fleurs» se rencontrent. Easy Rider a été projeté pour la première fois à Cannes en 1969. Le film produit, tourné et interprété par les deux jeunes hippies qu’étaient alors Dennis Hopper et son premier long métrage en tant que réalisateur et Peter Fonda, se mérita le prix du meilleur premier film et conscientisa l’industrie cinématographique, encore très conservatrice, à l’ampleur d’un phénomène de contre-culture jusque-là considéré comme futilement underground. La jeunesse occidentale put enfin goûter à sa propre révolution sur écran, en septembre 1969. Elle découvrit alors l’épopée de deux motards, qui partent à la recherche d’une liberté qu’ils croient perdue à travers l’Amérique moderne…Leur errance les menant autant chez les hippies qu’au sein de bourgades où règne le conformisme le plus radical. Mais ni l’amusante lucidité d’un jeune avocat désillusionné, ni les paradis artificiels, ne leur procurent l’absolu tant recherché. Filmé avec une grande audace dans l’expérimentation technique et narrative. Les premières réactions démontrèrent une étonnante ouverture d’esprit…

 

Ainsi dégénérescence et putréfaction sociale nous sont montrées telles que nous ne savions pas les déceler, étant trop vieux et contaminés depuis longtemps. Si nous en croyions immédiatement nos yeux enfin ouverts, c’est que nous pressentions l’imposture de notre vie, son iniquité fondamentale et ses aberrations. Easy Rider ne nous exalte que pour nous désespérer à neuf; ces enfants n’ont cru se sauver que pour mieux se perdre.

 

Vision sans concession du faux-rêve américain et de la société américaine d’après-guerre. Critique à travers le voyage initiatique de personnages rattrapés par un capitalisme ravageur. Amérique du désenchantement et des rêves brisés. Rythmé par la musique rock des sixties, Easy Rider est un véritable manifeste cinématographique du « flower power » et de la contre-culture des États-Unis dans les années 1960-1970. Routes urbaines, désertiques ou encore rurales…L’essence du voyage des motards sur les terres arides des États-Unis est magnifiquement montrée et dresse un portrait typique et intact de l’Amérique profonde, telle qu’on l’imagine encore aujourd’hui.

 

 

 

 

DÉSIRS / RENCONTRES / OPPOSITIONS…CREATION D’UN FILM / D’UN MYTHE.

 

L’impulsion originale vient de Peter Fonda qui, lors d’une promotion d’un film à Toronto fin 1967, a l’idée de ce road trip avec…Deux mecs, des motos, du sexe, de la came et des bouseux en pick-up qui les flinguent…Sex & Drugs & Rock’n’roll , devise du film, deviendra célèbre. Il téléphone à Dennis Hopper qui trouve l’idée géniale et revendiquera ensuite pendant des années l’idée du film. À l’origine le film devait s’intituler The Loners (Les Solitaires). Malgré leurs origines bourgeoises, les deux acteurs, dans la trentaine, survolent le mouvement peace and love d’alors. Avec leur look débraillé, cheveux longs et pantalons déchirés, ils se mettent en quête d’un producteur et finissent par intéresser Bert Schneider, fils du patron de Columbia Pictures. Le budget initial alloué par la production est de 350 000 dollars, somme dérisoire pour un film. L’idée du film et la production étant acquis, ils trouvent alors un scénariste en la personne de Terry Southern qui modifie le titre du film en « Easy Rider ».

 

Rip Torn est d’abord choisi pour incarner George Hanson mais, ayant pris de la drogue, il se bagarre avec Dennis Hopper, et se voit remplacé par Jack Nicholson. Lorsque le tournage débute en février 1968 en plein carnaval de La Nouvelle-Orléans, les débuts sont déjà chaotiques…Dennis Hopper, qui vient d’apprendre que sa femme le quitte, est totalement hors de lui, insultant tout le monde jusqu’à entraîner la révolte des techniciens puis le départ d’une partie de l’équipe…Le scénario n’est pas complet et Terry Southern n’est plus là. La suite du tournage se passe au Nouveau-Mexique puis au Texas ainsi que dans d’autres endroits du pays. Le travail reste toujours aussi brouillon, seul Jack Nicholson connaît son texte. Les motos Harley-Davidson Panhead sont personnalisées en chopper par l’accessoiriste du film qui en avait acheté trois en mauvais état pour les transformer de façon méconnaissable. Une des motos sera détruite pour la scène finale, les deux autres volées et démontées pour les pièces.

 

 

 

 

À la fin du tournage, Dennis Hopper pense avoir entre les mains un chef-d’œuvre. C’est Peter Fonda qui supervise le montage. Ils en sortent un film de quatre heures et demie refusé par le producteur. Le film est une nouvelle fois découpé pour finalement arriver à 94 minutes. Dennis Hopper a l’idée de plaquer sur les images des chansons passant à la radio et c’est Peter Fonda qui établit une sorte de compilation musicale. Ils passèrent de longues années brouillés avant de pouvoir se réconcilier bien des années plus tard. Lorsque le film est diffusé en compétition au festival de Cannes, le 13 mai 1969, il faut attendre une minute après la fin pour entendre un tonnerre d’applaudissements et voir le film triompher et remporter le prix de la première œuvre. Le film sort en juillet aux États-Unis, avec des avis critiques partagés. En une semaine le budget du film est remboursé, en un an il rapporte vingt millions de dollars. Il rapportera finalement soixante millions de dollars, pour quelques centaines de milliers d’investissement, avec un dépassement raisonnable de budget prévu. Le film sera le troisième plus gros succès de l’année 1969 aux États-Unis derrière Butch Cassidy et le Kid et Macadam Cowboy.

 

 

 

 

Il y a les prémices avec les films  Bonnie and Clyde ou Le Lauréat. Mais c’est avec Easy Rider que le « Nouvel Hollywood » prend son envol et rompt avec le système de production classique mais en perte de vitesse. Ce mouvement cinématographique qui s’inspire du néoréalisme italien et de la Nouvelle Vague française s’inscrit dans la contre-culture américaine. Les jeunes réalisateurs américains s’emparent du principe de liberté mis en avant par la Nouvelle Vague, par la prise de pouvoir des réalisateurs sur les studios. Cette construction du récit et cette esthétique de l’image nouvelles vont influencer en retour le cinéma européen. Le cinéma du « Nouvel Hollywood » devient le cinéma des réalisateurs et non celui des producteurs, un cinéma qui renoue avec le 7e Art et refuse le système de production de divertissements. Mais cette tendance émane également du succès financier du film car ce succès est immédiat, dès sa sortie, et pour moins d’un demi-million de dollars dépensés, le film rapporte quarante fois la somme en un an. Tous les producteurs hollywoodiens souhaitent un film avec la contre-culture, la drogue ou la liberté, puisque le concept rapporte.

 

 

L’influence, dans la mode de la fin des années 1960, des deux tenues de motards de Peter Fonda et Dennis Hopper est considérable aux États-Unis et en Europe. Le blouson avec le drapeau américain dans le dos de Fonda ou la veste à franges de Hopper sont, ces années-là, maintes fois repris…La prophétie d’Easy Rider était d’avoir mis tout notre argent dans le réservoir d’essence marqué du drapeau américain, qui a fini par exploser au bord de la route. Nous ne pensions pas, alors, qu’il y aurait des problèmes d’essence. Le film nous fait d’abord croire que l’on va suivre les aventures d’un duo de motards à la solde de cartels de la drogue, qui achètent et refourguent de la dope pour se faire de l’argent. On est loin d’être dans le tort, mais ce n’est pas le point le plus intéressant. Il s’agit de voyager à travers les immenses étendues américaines sous fond de musique rock des sixties, comme le classique « Born to be wild » de Steppenwolf, qui fait ici sa première apparition au cinéma. Easy Rider est un film culturel, mais surtout très philosophique, avec un vrai discours et une symbolique intelligente.

 

Le grand thème du film, c’est la liberté. Comment trouver la liberté ? Qu’est-ce que la liberté ? Quelle est la définition d’un « homme libre » et peut-on encore aujourd’hui se revendiquer comme tel ?

 

Ce sont différentes questions auxquelles nos deux motards vont tenter de répondre à travers leur long pèlerinage sur les routes américaines. Sur leur chemin, ils rencontrent des hippies vivant en autarcie au milieu de nulle part, et un avocat des droits civiques alcoolique, campé par Jack Nicholson. A coups de discussions sous l’influence de la drogue autour de feux de camps, ces différents personnages échangent et offrent des éléments de réflexion sur la notion de liberté dans le monde moderne.

 

En choisissant des parias comme protagonistes, Hopper présente la liberté comme un facteur marginalisant, dans une société où les codes et les paradigmes semblent irrésistibles et inéluctables. Les deux motards sont deux électrons libres, parfaitement symbolisés par cette liberté qu’ils inspirent. Affranchis de toute autorité et de tout lien social extérieur, rien ne les retient. Les hippies présentent une alternative. Désintéressés par la vie en ville, dans la société moderne, ils vivent reclus, dans leur propres maisons, dans leur propre village, vivant grâce à leurs propres ressources, au milieu de nulle part. L’avocat, quant à lui, est le chaînon manquant entre ces marginaux et le reste du monde. Doté d’une situation sociale confortable, son comportement le contraint à enchaîner les gardes à vue, symbole même de la mise en quarantaine des individus indésirables en société. Souvent seuls sur la route ou dans la nature, lorsqu’ils croisent sur leur chemin d’autres individus, l’accueil est rarement chaleureux. Regardés de travers, critiqués, moqués, ils sont systématiquement rejetés où qu’ils aillent. Et si le film alimente ce climat malsain tout au long du voyage des deux motards, c’est bien autour d’un feu de camp avec l’avocat que toutes les clés de réflexion concernant Easy Rider et sa conception de la liberté vont se dévoiler. Dans un dialogue qui paraîtrait anodin, l’avocat met en garde les motards et livre un discours des plus efficaces qui donne au film tout son sens.

 

 

 

 

Il suffit de citer ses propres lignes de dialogue…Ne leur dis jamais qu’ils ne sont pas libres, ils se mettraient à tuer et à massacrer pour prouver qu’ils le sont. Ils vont te parler sans arrêt de liberté individuelle mais s’ils voient un individu libre, ils prennent peur. La morale est ici résumée, avec une autre phrase marquante…C’est dur d’être libre quand on est un produit acheté et vendu au marché. Ainsi, la liberté effraie dans un monde où la société gouverne les actes et les envies, les individus prônant la liberté sont concernés comme des marginaux à fuir, ou à éliminer, car ils représentent un désordre qui n’est plus toléré. C’est donc avec ces constats inquiétants faits par l’avocat que les deux motards poursuivent leur aventure. Mais voilà, l’avocat est assassiné dans son sommeil, comme un sombre écho à ses paroles de la soirée précédente, avant que les motards ne rallient le carnaval de La Nouvelle-Orléans. Dans l’une des scènes les plus étranges et les plus psychédéliques du film, ils participent à une mini-orgie dans un cimetière avec deux prostituées, tous sous l’influence d’une drogue extrêmement puissante. Enfin, en reprenant la route, ils sont interpellés par deux rednecks en voiture, qui se munissent d’un fusil, et tuent les deux motards l’un après l’autre, sans aucune raison. La morale est que la liberté entendue par les motards, est devenue une utopie infranchissable. Poussée à l’extrême, elle mène au chaos…Voir la scène du cimetière où rien n’est plus sous le moindre contrôle. En société, au-delà de fasciner, elle effraie, et mène les individus à agir de manière totalement déraisonnable, qui marque et respecte le discours du film jusqu’au bout.

 

 

 

 

ON THE ROAD AGAIN…

Dennis Hopper imagine, en 1968, ce qui restera l’un des films emblématiques de son époque, la chronique d’une odyssée américaine moderne, perpétuée par les idéaux de la sous-culture bohème. Tournage sous tension, post production houleuse et conflits d’intérêt vont contribuer à la postérité d’un road movie haletant, habile représentant d’une période de contestation.

 

 

 

Peter FONDA /Acteur/…

 

Quand j’ai pensé à l’histoire pour la première fois, j’ai appelé Dennis pour lui raconter. Il était 1h30 du matin pour lui et 4h30 du matin pour moi à Toronto, au Canada. J’ai proposé à Dennis de réaliser, de jouer ensemble et que je produise moi-même le film. J’avais la certitude qu’on allait pouvoir ainsi économiser de l’argent. C’était évident pour moi, Dennis était passionné et savait cadrer. Je suis allé voir Bob Rafelson et aussi Jack Nicholson, qui était l’un de mes amis depuis mon arrivée en Californie. Ils s’apprêtaient à tourner Head avec The Monkees. J’avais raconté l’histoire vingt fois avant de commencer à travailler dessus donc je savais tout le temps ce que je faisais. Je connaissais mon personnage et, pour citer Gary Cooper, « si je sais ce que je fais, alors je n’ai pas besoin d’agir ». L’improvisation était vraiment peu courante dans les films américains, hors les vrais films underground.

 

J’ai écrit le film quand j’avais 27 ans. Il y avait tout un public, qui piaffait d’impatience, sans aucun film à se mettre sous la dent…Easy Rider est sorti et le public s’en est emparé. Nous portions les fringues de nos personnages pour les roder, nous nous promenions tous les deux en ressemblant à un couple de hippies. Quand nous étions dans la rue, les gens nous fuyaient ! J’ai construit les motos que je pilotais et Dennis les conduisait. J’en ai acheté quatre au département de police de Los Angeles. J’adore le caractère politiquement incorrect de cette idée…Et cinq gars de Watts m’ont aidé à les construire. Rouler derrière quelqu’un est toujours difficile, et lorsque l’avant de la moto a commencé à zigzaguer, les genoux de Jack se sont enfoncés directement dans mon dos. Il m’a cassé trois côtes du côté gauche. Je ne l’ai su que plus tard dans la soirée quand j’ai été hospitalisé pour une pneumonie. Le montage de Dennis était révolutionnaire. Je savais que c’était différent et je savais quel était le public. Le film nous a donné un palmarès, mais je n’imaginais tout simplement pas que cela deviendrait si important. Nous avons produit quelque chose qui a rapporté de l’argent, nous avions donc la capacité de le refaire. Le dialogue essentiel du film c’est « Nous avons tout gâché ». C’est la clé. Dennis et moi avions oublié de la filmer. C’est deux semaines après avoir terminé le film que nous avons réalisé que nous n’avions pas la dernière scène de feu de camp. Nous avons donc rassemblé l’équipe et sommes allés dans les montagnes de Santa Monica, censées représenter la Floride. Beatty coupait ses répliques en deux et marmonnait la phrase quand il parlait. J’ai dit à Dennis que nous allions filmer à ma façon, puis à sa manière. Nous nous sommes mis d’accord, et fait un câlin. Il a jeté ses bras autour de moi et m’a dit « je t’aime, mec » et finalement fait à ma manière. Les gens me demandent si cette phrase est toujours d’actualité. Je veux simplement leur dire de sortir, de regarder par la fenêtre et de me dire si nous n’avons pas fait exploser les choses. Je cherche toujours l’Amérique. C’était bien le sujet…

 

Un homme est parti à la recherche de l’Amérique et ne l’a trouvée nulle part…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Terry SOUTHERN /Scénariste/

Peter m’a raconté l’histoire en octobre 1967 et je lui ai tout de suite dit que je voulais faire partie du projet et j’ai trouvé le titre…Je suis originaire du Sud et, dans la terminologie méridionale, un easy rider est celui qui rentre à la maison après les concerts pour rejoindre sa petite amie, boire de la bière et regarder la télévision. Dennis et Peter sont venus me voir avec une idée. Peter était sous contrat avec AIP pour plusieurs films de motos et il leur en devait encore un. On a commencé à fumer de la drogue sérieusement, et à organiser un brainstorming sans faire de pause. L’idée de départ, c’étaient deux jeunes qui en avaient assez du système, qui voulaient faire un gros coup et se séparer. Utiliser l’argent pour acheter un bateau à Key West, avant de naviguer vers le coucher du soleil. Ça devait être la séquence poétique finale du film.

 

Il nous arrivaient de dicter le script à une dactylo âgée, qui croyait fermement à l’arrivée et à la présence de Vénusiens parmi nous. Finalement, j’ai commencé à l’enregistrer, et ça nous a donné l’idée du fameux monologue enfumé de Jack Nicholson sur l’invasion extraterrestre. Après avoir vu quelques projections sur la côte, j’ai reçu un appel de Peter…Lui et Dennis aimaient tellement le film qu’ils voulaient figurer au générique du scénario. Sauf que l’un était producteur et l’autre réalisateur, donc il n’y avait aucune chance que la Writers Guild leur accorde une telle faveur à moins que j’insiste. La Writers Guild m’a pris pour un fou et s’est assurée que je n’étais pas contraint ou soudoyé de quelque manière que ce soit. Nous étions de très bons amis à l’époque, alors j’ai accepté sans trop y penser. En fait, je l’ai fait par camaraderie. Si Dennis improvisait une douzaine de répliques et que six d’entre elles survivaient au montage, il obtenait un crédit pour le scénario. Maintenant, tout cela serait quasi-impossible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jack NICHOLSON /Acteur/…

 

Je me suis impliqué dans la production. Dennis et Peter nous ont présenté le projet, puis nous avons lancé le financement et conclu un accord. Ils ont commencé à tourner à la Nouvelle-Orléans, ont eu des problèmes de production et ont dû changer d’équipe. J’ai finalement intégré mes gars à moi, avec lesquels je travaillais de manière indépendante, pour constituer un noyau autour de Dennis. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre Dennis et Rip Torn, qui était initialement censé interpréter mon rôle, mais dans la foulée j’ai été approché par Bert Schneider, à la fois pour superviser la production que pour jouer le rôle. Pendant le tournage, je n’ai pas travaille à la production. J’étais juste là et je faisais surtout attention à mon travail d’acteur.

 

Ensuite, à la demande de tous, j’ai pris en charge le montage du film, de l’entrée de mon personnage jusqu’à la fin. Un autre monteur, Henry Jaglom, travaillait en parallèle sur l’autre moitié du film. Chacun avait son petit remède. Dennis buvait des verres, j’ai fumé des joints et l’équipe a essayé de l’acide et de la drogue. Nous étions tous drogués la nuit où nous avons tourné la scène du feu de camp. Il faut dire qu’on était tous stones. On a dit que j’avais fumé 155 joints sur ce tournage ce qui est un petit peu exagéré. Mais à chaque fois que l’on faisait une prise, on fumait un joint entier. Alors mon travail d’acteur s’inversait…

 

Au lieu d’être sobre et de devoir avoir l’air drogué, j’étais drogué et je devais faire comme si j’étais sobre…

 

 

 

 

 

 

Dennis HOPPER /Réal-Acteur/…

 

J’avais demandé à Peter et Terry de se charger du script parce que je ne voulais pas écrire de scénario. Mais j’avais un plan global, et je savais où devaient se dérouler les scènes et combien de temps elles devaient durer. Le budget total du film était de 340 000 $. Avec Paul Lewis, le directeur de production, nous avons arpenté le pays pour trouver des lieux de tournage, et j’ai envoyé Peter à New York pour travailler avec Terry sur le scénario. Il m’a fallu un an pour monter Easy Rider parce que je parcourais le pays pendant que nous le faisions et que je ne pouvais pas voir les rushes. Mais je suis revenu avec 80 heures de film. Tout le trip sous acide et tous les trucs de la Nouvelle-Orléans ont été tournés en 16mm sur quatre jours. J’ai tourné tout le film en quatre semaines et demie…

 

 

 

 

 

 

Alors que Paul et moi étions en train de chercher des décors, nous avons découvert que Peter s’était trompé de date pour le Festival de Mardi Gras à la Nouvelle Orléans. Il pensait qu’il se tiendrait deux mois plus tard, mais, en fait, ce n’était que dans deux semaines ! J’ai découvert que nous n’avions que deux semaines de tournage, alors même si nous n’avions pas encore de projet, nous nous sommes précipités, avons réuni un groupe d’amis et sommes allés le tourner à la Nouvelle-Orléans en 16mm. La séquence du Mardi Gras a été la première chose qui a été tournée. Tout le monde m’a abandonné avant la scène du cimetière, sauf un caméraman, un preneur de son, Peter et les filles. Alors j’ai filmé tout ça, tout le trip à l’acide. Il pleuvait ce jour-là…C’était beau. Aujourd’hui, tous ceux qui ont essayé de filmer ce Festival de Mardi Gras y compris Orson Welles ont lamentablement échoué.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À mesure que nous avons avancé dans la compréhension du film, je me suis transformé en pire qu’Henry Hathaway. parce que j’ai attendu si longtemps pour réaliser un film comme celui-ci.  Je disais des choses comme « On va gagner Cannes, mec ! On va prendre notre énergie et notre force pour aller au bout ! Faites-moi confiance et faites ce que je dis ! Personne ne tourne un film sans que je le lui dise ! ». Nous étions tous en conflit ouvert les uns contre les autres à ce moment-là et je ne l’ai découvert que lorsque Bert m’a appelé dans son bureau après la sortie du film. Paul et moi étions partis à la recherche d’endroits où l’équipe pourrait vivre. Quand nous sommes arrivés là-bas cela faisait environ deux semaines et demie j’ai appelé New York pour voir comment Peter et Terry s’en sortaient sur le scénario. Ils n’avaient pas encore commencé à l’écrire alors que nous allions tourner dix jours plus tard ! Alors j’ai pris l’avion et je suis allé à New York. Je suis allé chez Henry Fonda, où logeait Peter, mais il n’était pas là. Je les ai tous trouvés en train de dîner avec Rip Torn et un groupe de personnes dans un restaurant italien autour d’une grande table.

 

 

 

Je voulais impérativement que Jack soit présent sur le film. J’ai dit à Bert qu’il était en train de foutre en l’air mon film et je l’ai viré ! Jack s’est avéré être génial. je ne le savais pas à l’époque, mais en fait Jack a également été envoyé comme chien de garde pour voir si j’allais bien. Moi, j’avais juste envie de faire mon film. Quand nous sommes arrivés à la Nouvelle-Orléans, c’était vraiment dangereux, il y avait ces marines qui voulaient me démonter parce que j’avais les cheveux longs. À cette époque, on entendait beaucoup d’histoires de gars se faisant couper avec des rasoirs et autres. C’était tellement grave que nous n’avons pas pu tourner au Texas.

 

 

 

À mesure que nous avons avancé dans la compréhension du film, je me suis transformé en pire qu’Henry Hathaway. parce que j’ai attendu si longtemps pour réaliser un film comme celui-ci.  Je disais des choses comme « On va gagner Cannes, mec ! On va prendre notre énergie et notre force pour aller au bout ! Faites-moi confiance et faites ce que je dis ! Personne ne tourne un film sans que je le lui dise ! ». Nous étions tous en conflit ouvert les uns contre les autres à ce moment-là et je ne l’ai découvert que lorsque Bert m’a appelé dans son bureau après la sortie du film. Paul et moi étions partis à la recherche d’endroits où l’équipe pourrait vivre. Quand nous sommes arrivés là-bas cela faisait environ deux semaines et demie j’ai appelé New York pour voir comment Peter et Terry s’en sortaient sur le scénario. Ils n’avaient pas encore commencé à l’écrire alors que nous allions tourner dix jours plus tard ! Alors j’ai pris l’avion et je suis allé à New York. Je suis allé chez Henry Fonda, où logeait Peter, mais il n’était pas là. Je les ai tous trouvés en train de dîner avec Rip Torn et un groupe de personnes dans un restaurant italien autour d’une grande table.e voulais impérativement que Jack soit présent sur le film. J’ai dit à Bert qu’il était en train de foutre en l’air mon film et je l’ai viré ! Jack s’est avéré être génial. je ne le savais pas à l’époque, mais en fait Jack a également été envoyé comme chien de garde pour voir si j’allais bien. Moi, j’avais juste envie de faire mon film. Quand nous sommes arrivés à la Nouvelle-Orléans, c’était vraiment dangereux, il y avait ces marines qui voulaient me démonter parce que j’avais les cheveux longs. À cette époque, on entendait beaucoup d’histoires de gars se faisant couper avec des rasoirs et autres. C’était tellement grave que nous n’avons pas pu tourner au Texas.

 

 

 

Lorsque vous conduisez une moto aussi longtemps que nous, vous risquez de tomber de temps en temps. J’ai fait quelques chutes, Peter aussi. Quelqu’un a écrasé la voiture avec une caméra. Quelques coupures, quelques contusions. Personne n’a vraiment réussi à s’en sortir indemne. C’est la première fois qu’on réalisait un film en utilisant de la musique du moment au lieu d’une partition orchestrale. Personne n’avait vraiment utilisé les chansons de cette manière auparavant, sauf lorsque qu’un personnage chantait dans une scène ou qu’une chanson passait à la radio. En fait, il y avait d’autres films qui faisaient ça, mais dans le système des studios de l’époque, ces films n’étaient pas calibrés pour le bon public. On a traversé les États-Unis non-stop, et je n’avais jamais le temps de regarder les rushes. De retour à Los Angeles, je me suis retrouvé avec soixante heures de film. Je voulais qu’Easy Rider soit une sorte de capsule temporelle de cette période, donc pendant que je montais le film, j’écoutais la radio. C’est là que j’ai entendu Born to Be Wild, The Pusher et toutes ces chansons.

 

 

Orson Welles m’a dit…Ne vous y trompez pas. Utilisez vos meilleures images, et si la musique marche, elle marche. C’était le premier film à faire ça. Toutes ces chansons étaient des hits. Quand nous avons tout finalisé et réalisé que c’était la bande originale, nous avons dû montrer le film à tous les différents groupes. Bien sûr, ils nous ont tous donné leur permission et ont obtenu 1000$ chacun. C’était tellement cool de le montrer à Bob Dylan. Plus tard, tout le monde m’a poursuivi en justice. Je leur ai payé plus d’argent que ce que j’avais gagné sur Easy Rider. Terry Southern n’a jamais écrit un seul mot du film. Seul le titre vient de lui…J’ai écrit chaque mot du scénario. J’ai réalisé chaque scène du film…J’ai fait ce putain de film, point final. Nous nous sommes beaucoup disputés avec Peter, je tenais absolument à ce qu’il dise ce dialogue sur notre héritage, et la manière dont nous l’avions bousillé.