Passionné de musique depuis son plus jeune âge, Jean-Pierre Leloir, il avait organisé très tôt sa photothèque et constitué depuis 1951 des archives d’une grande richesse thématique. Outre les concerts de musique et les répétitions, il avait réalisé des reportages pour l’industrie, sur des expositions historiques ou encore des pièces de théâtre. Ses rencontres avec de nombreux artistes du XXe siècle, de Edith Piaf à Charles Trenet, en passant par Billie Holiday, Johnny Hallyday ou Alain Bashung, immortalisés par son appareil photo, balisent aussi son parcours. Il avait également participé à l’aventure du Théâtre national populaire de Jean Vilar et avait été l’un des membres fondateurs de la revue Rock & Folk. Dès ses débuts dans l’après-guerre, curieux de tout, Jean-Pierre Leloir, photographe en promenade, porte sur ce qui l’entoure un regard multiple.
Il saisit le mouvement, la lumière, les sons, la vie. Il organise très tôt sa photothèque et constitue ainsi, dès 1951, des archives d’une grande richesse thématique avec théâtre et concerts de musique classique, de jazz ou de variété, séances d’enregistrement et répétitions mais aussi décoration intérieure et architecture, sans compter les moissons d’images de cet infatigable voyageur autour du monde (Argentine, Brésil, Chili, États-Unis et l’Europe).
Ses rencontres avec de nombreux artistes remarquables du xxe siècle, d’Edith Piaf à Charles Trenet, de Billie Holiday à Wynton Marsalis, de Johnny Hallyday à Alain Bashung, immortalisés sur pellicule, balisent le parcours d’un témoin généreux de ses souvenirs. Partenaire du monde de la presse, il collabora aux revues Jazz Man, Jazz Magazine, La Maison française, L’Express et Le Nouvel Observateur, sans oublier Rock&Folk, dont il fut l’un des membres fondateurs avec Philippe Kœchlin. Jean-Pierre Leloir est décédé en 2010 à l’âge de 79 ans. Ses milliers d’images restent autant de références pour la photographie et la musique, et son aventure continue.
Cette photo est pratiquement aussi célèbre que le Baiser de l’Hôtel de Ville de Doisneau, mais l’histoire de cette rencontre unique est moins connue du grand public. Pourtant, cette photo mythique, sous forme de poster, est très vendue en France. Comment ces trois artistes, ce trio d’immortels qui appartiennent à la même famille des poètes chantants se trouvent-ils ensemble, eux qui ne raffolent pas des trompettes de la renommée ?
Cette rencontre remonte au 6 janvier 1969. L’actualité de Jacques Brel, de Léo Ferré et de Georges Brassens concorde alors à peu près. Le premier, qui a fait l’année précédente ses adieux au tour de chant, triomphe alors sur scène avec L’homme de la Mancha…L’autre entre à Bobino pour un mois, fort d’un mois de mai qui bourgeonne encore. Quant à Brassens, après avoir fait ses calculs suivis de près par les nécrologues de certaines gazettes, il faudra attendre octobre pour l’applaudir trois mois durant, lui-aussi à Bobino. Un jeune pigiste de 24 ans, François-René Cristiani, a le toupet de les rassembler devant les mêmes micros, « sans autre difficulté qu’un premier rendez-vous annulé ».
L’entretien sera publié sur le numéro 25, daté de février 1969, de Rock & folk. Un collector, introuvable depuis des lustres, qui se vend désormais au prix de l’once d’or. Cartes postales et posters du trio dans le salon se vendront comme des petits pains, avec ou sans chocolat. L’entretien de 64 minutes parle de la chanson, le métier, la création, la scène, le disque, la vie, l’amour, la mort, l’argent, la liberté, la solitude, l’anarchie, l’enfance, les adultes, les femmes, aussi les Beatles, Gainsbourg, les hippies… véritablement, cet entretien est un monument sonore, passionnant, émouvant, truculent.