« Houston, Tranquillity Base here. The eagle has landed ». Les quelques mots résonnent dans la radio grésillante tandis que l’ombre de l’Aigle se fige sur la surface lunaire. Ça y est, après des années de préparation, les Américains ont réussi et pour la première fois, ils ont posé un engin à la surface de la Lune. La première phase d’une mission devenue historique Apollo 11. Onzième mission du programme Apollo initié en 1961 par la NASA, agence spatiale américaine, à la demande du président John F. Kennedy. Le projet s’inscrit dans la course à l’espace à laquelle les Etats-Unis se sont livrés face à l’Union soviétique qui avait, à cette époque, déjà réussi plusieurs exploits spatiaux, dont celui d’envoyer le premier Homme dans l’espace, Youri Gagarine.
L’objectif du programme Apollo était de parvenir avant la fin des années 1960 à poser un homme sur la Lune. Apollo 11 a été précédé de plusieurs missions non habitées destinées à mettre au point la fusée Saturn V utilisée pour les décollages ainsi que le module lunaire notamment. Le premier vol habité du programme avec Apollo 1 qui devait initialement avoir lieu en mars 1967 mais a été annulé après la mort de son équipage lors d’une répétition en conditions réelles le 27 janvier. Dans le cadre du programme, quatre vols habités préparatoires ont été menés à partir de 1968 pour simuler les différentes phases et manœuvres des futures missions lunaires. Apollo 11 est la première de ces missions.
Constitué de trois astronautes Neil Armstrong, Edwin « Buzz » Aldrin et Michael Collins, tous âgés de 39 ans. Le premier est nommé commandant, le deuxième pilote du module lunaire, le troisième pilote de module de commande et de service. C’est Armstrong qui a marché en premier sur la Lune, puis Aldrin. Collins lui est resté dans le module en orbite lunaire. La mission Apollo 11 a démarré le 16 juillet 1969 et s’est achevée huit jours plus tard, le 24 juillet, par le retour sur Terre des trois astronautes. C’est à 13H32 UTC depuis la base de Cap Canaveral en Floride, sur la côte est des Etats-Unis, que le lanceur Saturn V a décollé avec à son bord le vaisseau Apollo et son équipage. Douze minutes plus tard, ces derniers étaient placés en orbite terrestre. Le voyage de la Terre à la Lune a ensuite duré trois jours à l’issue desquels le vaisseau Apollo s’est placé en orbite lunaire.
Après treize révolutions autour du satellite, les deux parties du vaisseau se sont séparées pour laisser le module Eagle se préparer puis descendre vers la surface. A son bord, se trouvaient Armstrong et Aldrin, Collins étant resté dans le module Columbia. Le site d’alunissage avait été minutieusement choisi…Il se trouvait dans la mer de la Tranquillité, à environ 20 km d’un cratère alors appelé Sabine D. La procédure ne s’est toutefois pas déroulée comme prévu et le site a été dépassé de 7 km. C’est finalement le 20 juillet 1969 à 20H17 que l’Eagle a atterri. Opération confirmée par Armstrong, au grand soulagement de l’équipe sur Terre, avec ce message…« Houston, ici Base de la Tranquillité, l’Aigle a atterri ». S’en sont suivis de nombreux et longs préparatifs en vue de la sortie extra-véhiculaire.
Le premier pas sur la Lune d’Armstrong a eu lieu le 21 juillet à 2H56 UTC, plus de 6 heures après l’atterrissage. L’exploit a été suivi par des centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde qui ont pu entendre la phrase désormais devenue mythique…
That’s one small step for man,
One giant leap for mankind.
19 minutes après, c’était au tour de Buzz Aldrin de poser son pied sur la Lune. Le duo a passé au total deux heures et demie à la surface du satellite, essentiellement à recueillir des échantillons et installer des instruments scientifiques. Au total, une vingtaine de kilogrammes de matière lunaire ont été collectés et rapportés à l’intérieur du module. Cette mission achevée, Armstrong et Aldrin ont réintégré l’Eagle puis, plusieurs heures plus tard, décollé pour retrouver avec succès le module de commande en orbite lunaire. Le trajet de retour vers la Terre a duré deux jours et demi à l’issue desquels les trois astronautes ont amerri dans le Pacifique avant d’être récupérés par le porte-avions USS Hornet.
Devenus les premiers hommes à atteindre la Lune et fouler son sol, les astronautes ont été accueillis en triomphe à leur retour sur Terre. Notamment par le président Richard Nixon qui avait suivi de près la mission et communiqué par radio avec le trio, et se trouvait à bord du porte-avions d’accueil. Après avoir été placés en quarantaine, Armstrong, Aldrin et Collins ont entamé une tournée de célébrations qui ne s’est achevée que 38 jours plus tard et les a conduits dans une vingtaine de pays. La mission a eu un retentissement international, notamment dans la presse, et érigé les trois astronautes en héros nationaux et du spatial. Après Apollo 11, aucun des trois n’a plus jamais volé dans l’espace bien que le programme Apollo se soit poursuivi avec d’autres missions lunaires.
Avec un nombre de téléspectateurs estimé à quelque 600 millions, les premiers pas de l’Homme sur la Lune restent l’un des événements télévisés les plus suivis de l’Histoire. Il a inspiré de nombreuses œuvres documentaires et fictions comme Le Premier Homme sur la Lune de Damien Chazell sorti en 2018 avec Ryan Gosling dans le rôle de Neil Armstrong.
Cette première mission n’a pas seulement permis de mettre en pratique les différentes procédures nécessaires à un voyage et un atterrissage sur la Lune. Etudiés pendant des années après avoir été rapportés sur Terre, les échantillons et les données collectés sur place ont également fourni des connaissances inédites sur notre satellite, notamment sur sa géologie. Avec le succès d’Apollo 11, les Etats-Unis ont pu démontrer leur supériorité technologique et s’imposer dans la course à l’espace. Une position qu’ont confortée les missions Apollo suivantes. Six vols habités ont suivi : Apollo 12 en novembre 1969, Apollo 13 qui a frôlé la catastrophe en avril 1970, Apollo 14 en janvier-février 1971, Apollo 15 en juillet-août 1971, Apollo 16 en avril 1972 et enfin Apollo 17 en décembre 1972. Au total, douze astronautes ont marché sur la Lune. Les derniers ont été Eugene Cernan et Harrison Schmitt durant Apollo 17. Trois missions devaient initialement lui succéder, Apollo 18, Apollo 19 et Apollo 20 mais elles n’ont jamais eu lieu en raison des coupes budgétaires qui ont poussé à mettre un terme de façon prématurée au programme Apollo qui aura coûté un peu plus de 280 milliards de dollars (environ 270 millions d’euros). Depuis Apollo 17, plus aucun homme n’a marché sur la Lune, ni s’est éloigné de la Terre de plus de quelques centaines de kilomètres. Si notre satellite a fait l’objet de plusieurs missions d’exploration depuis, ce n’est qu’en 2019 que les Etats-Unis se sont décidés à lancer un nouveau programme spatial habité en direction de la Lune : le programme Artemis qui a pour objectif d’envoyer un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025.
Mission Apollo 11 juillet 1969
de gauche à droite,
CONTEXTE HISTORIQUE DE LA MISSION APOLLO 11
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les USA et l’URSS sont les seules nations en capacité de poursuivre le programme militaire allemand sur les fusées. À la compétition militaire se joint une rivalité culturelle et la volonté pour les deux protagonistes de s’imposer comme LA puissance scientifique mondiale. Ils se lancent alors dans ce qu’on appellera “la course à l’espace”.
4 octobre 1957…L’Union Soviétique annonce la mise en orbite du premier satellite artificielle Spoutnik 1. Le 3 novembre suivant, elle envoie le premier être vivant (la chienne Laïka) dans l’espace. Cet exploit est un véritable choc pour les Etats-Unis, qui ne pensaient pas l’URSS si avancée dans son programme spatial. Pour combler leur retard, les Etats-Unis lancent alors un gigantesque programme d’investissements. En 1962, le président américain Kennedy fixe l’ambition…“We choose to go to the Moon”. La pression sur les équipes américaines et soviétiques est énorme et plusieurs échecs entraîneront la mort d’astronautes et spationautes (Apollo 1 et Soyouz 1).
21 juillet 1969…Quelques mois après la mort de Youri Gagarine lors d’un entraînement, que Neil Armstrong met fin à la course à l’espace en posant le pied sur la Lune. Pour y arriver, les USA ont mobilisé un budget près de dix fois supérieur à celui de l’URSS et compté jusqu’à 400 000 ingénieurs travaillant sur ce projet.
La Lune est comme une image qui porte en elle sa déception. Elle est sollicitée par les philosophes de façon périphérique, par opposition au Soleil par exemple, pour exemplifier le rapport d’une chose à son reflet. Elle est présente mais jamais clairement centrale. Tous les philosophes antiques en parlent à un moment ou un autre, notamment Plutarque. Nietzsche n’aime pas du tout la Lune, qui relève d’une soupe informe. Dans un passage d’Ainsi parlait Zarathoustra, il fait un jeu de mot sur l’immaculée conception / cognition de cette lune des idéalistes, qui nous éloigne de la réalité. L’idée du rapport de la connaissance à l’art est une idée qui paraît s’imposer, mais elle n’est absolument pas fondée. Une bonne analogie pour le comprendre, c’est la découverte de l’Amérique, sans doute l’un des événements les plus importants depuis la création du monde. Il n’a eu aucune influence immédiate sur les arts. Si l’on regarde les œuvres peintes en 1492 et 1500, rien ne témoigne de ce choc historique. De même, des artistes ont pu commenter les premiers pas de l’homme sur la Lune de façon sociétale, mais globalement l’imaginaire de cet astre n’a pas été modifié. L’imaginaire naît du désir d’imaginer…
Dans un objet comme la Lune, l’homme projette quelque chose de lui-même.
NEIL ARMSTRONG