01/ Pas cher…

Comédie née dans l’esprit de l’ex Robin des Bois Maurice Barthélémy, Low Cost nous dresse un portrait haut en couleur d’une bande de rigolos coincés dans un avion en Tunisie. Maurice Barthélemy, est né le 23 mai 1969 à La Paz, en Bolivie. 25 ans de carrière, 25 films comme acteur et 5 à la réalisation et scénariste des ses films. Son père, Gérard Barthélemy (1934-2007) est ethnologue, ancien diplomate reconverti comme artisan menuisier, et sa mère, Mimi Barthélémy (1939-2013), conteuse haïtienne et professeur d’espagnol.

 

 

 

 

 

MAURICE BARTHELEMY

 

Débute sa carrière sur les planches des théâtres. D’abord seul, il rejoindra la troupe The Royal Imperial Green Rabbit Company qui deviendra la troupe des Robins des Bois. Cette troupe est composée d’élèves du cours de théâtre d’Isabelle Nanty donnés entre 1989 et 1990 au Cours Florent, qui jouera d’ailleurs avec eux dans la pièce qui les propulsera vers le succès, Robin des Bois, une pièce d’à peu près Alexandre Dumas. En 1996, remarqués par Dominique Farrugia, la troupe jouera quotidiennement en direct sur la chaîne Comédie ! dans La Grosse Émission pendant deux ans. Au cours de cette période, Maurice campera des personnages divers et variés, allant de Father Tom un télévangéliste menteur et violent, à l’animateur radio alcoolique de Radio Bière-Foot. La troupe poursuivra ses élucubrations, l’année suivante, sur Canal+, dans l’émission Nulle part ailleurs, se découvrant alors à un public grandissant.

 

 

 

 

 

 

2001-Les Robins des Bois se séparent pour se consacrer au cinéma. Maurice Barthélémy Co-écrit le film RRRrrrr!!!, d’Alain Chabat (2004) et joue le rôle du chef.  2002-Participe à La Stratégie de l’échec de Dominique Farrugia. Joue dans la mini-série Faut-il ? Canal+ avec son complice Jean-Paul Rouve. 2004-Premier film Casablanca Driver en réalisateur, scénariste et acteur, film atypique devenu culte. 2005-Réalise un film intimiste et poignant Papa avec Alain Chabat. 2011-Revient à la comédie avec Low Cost, une satire sociale avec Jean-Paul Rouve, Gérard Darmon et Judith Godrèche. 2012-Tourne Pas très normales activités avec Norman et prix du Jury au Festival de l’Alpe d’Huez. 2017-Les Ex, Six couples font le point sur leurs relations amoureuses passées. 2019-Pour la télévision le peplum La folle histoire du mariage de Cléopâtre.

 

 

 

 

 

 

ENTRETIEN AVEC MAURICE BARTHELEMY

 

Aviez-vous des comptes à régler avec les compagnies low cost ? Non. Je suis fasciné par les univers clos. Je m’étais d’ailleurs déjà frotté à la contrainte de l’univers fermé dans Papa, qui se déroulait quasi tout le temps dans une voiture. J’ai pensé à une comédie dans un endroit restreint. Et je suis logiquement arrivé à l’avion pour toutes les situations que cela peut générer. Le film d’avion, c’est un peu comme le film de prison…vous êtes enfermé, vous n’avez pas choisi votre voisin, vous avez des hôtesses qui sont comme des matons sur les longs courriers américains, en tout cas…

 

Vous vous êtes documenté avant d’écrire le scénario ? J‘ai travaillé à l’américaine alors j’ai pris l’avion ! Easy Jet évidemment, Transavia aussi qui est plutôt bien avec un personnel très sympathique, dont le seul problème est d’avoir des vestes vertes très mal taillées. Sinon, j’ai pas mal pratiqué aussi le low cost en business comme l’Open Sky pour le Paris-New York, très bien. Et puis j’ai beaucoup lu aussi un site qui s’appelle crashaerien.com, qui répertorie toutes les galères d’avion au jour le jour, minute par minute. Je me suis aperçu que tout était possible…Des pilotes qui se gourent d’aéroports, un pilote qui s’endort, un passager qui se balade avec un boa constrictor…

 

Est-ce par souci esthétique que vous n’êtes pas tombé dans les couleurs criardes des compagnies low cost ? Je voulais quelque chose de coloré, de gai, mais tout de même agréable à regarder ! J’ai pensé à l’orange et au vert, mais j’ai opté pour un mauve discret. Le décorateur Stéphane Rozenbaum, qui travaille sur les films français de Michel Gondry, est quelqu’un de bon goût.

 

Et comme décor justement, vous avez choisi de tourner dans un véritable avion…C’était un postulat, oui. Et on a eu du mal à dénicher le bon. C’était très compliqué car la plupart des avions se trouvent…dans des aéroports. Or, qui dit aéroport, dit bruit. On en avait repéré un à Orly, mais c’était dix fois trop bruyant pour le tournage. Et un jour, au Bourget, tandis qu’on était dans un hangar à chercher des pièces détachées, dans l’idée de revenir à un décor traditionnel, on apprend que derrière, il y a un Boeing 737 laissé pour compte. Il n’y avait que le cylindre, même pas les ailes. Mais cela suffisait. La déco ferait le reste. C’était idéal, car le 737 est LE Boeing utilisé pour les vols low cost avec 120 places, une petite travée au milieu. Le seul problème c’est la climatisation. Il n’y en avait pas puisqu’en temps normal, elle est assurée par les moteurs de l’avion. Le système interne n’existant plus, il a fallu percer dans le sol des petites bouches d’aération. Mais ce n’était pas suffisant, d’autant que le chef opérateur avait installé d’énormes projecteurs à l’extérieur.

 

Combien étiez-vous dans cet avion ? La première semaine, on a eu des pointes à 110 personnes avec 70 comédiens, 40 techniciens. En pleine canicule du mois de juillet 2010…On a eu chaud. L’avantage, c’est qu’il y a certains plans où les comédiens ont, comme l’exige le scénario, le visage creusé par la chaleur et la fatigue, et ce n’est pas grâce au maquillage !

 

Des comédiens qui sont très nombreux et que vous avez soigneusement choisis…Pour les nombreux seconds rôles, je ne voulais pas de « guest », mais des tronches. On les a cherchés au théâtre, au café théâtre, dans des pubs…Le casting a duré trois mois et demi. Toutefois, j’en avais déjà deux ou trois en tête. Comme Blanche Gardin qui joue Gaétane, l’altermondialiste. Je l’avais vue au Jamel Comedy Club. On a quand même vu 250 actrices pour le rôle, parmi lesquelles d’excellentes comédiennes. Mais j’avais Blanche en tête. Et puis il y a François Bureloup, qui joue l’avocat, le chieur. Lui, je l’ai repéré dans une pub. Je le trouvais très drôle. Et puis je l’ai vu dans La Rafle où il joue un instituteur, où il était très juste. Ce gars là peut donc tout jouer. Vincent Lacoste, connu pour Les Beaux Gosses, je le voyais bien en neurasthénique gothique. Son look est totalement différent de celui des Beaux Gosses, mais il reste exactement comme il est dans la vie, il ne rigole jamais, un peu comme un Lino Ventura adolescent. Le jour où on a fait des essais costumes, je lui ai demandé si ça le faisait marrer, et lui de me répondre un laconique « Ouais ». Le gros balaise chirurgien militaire, c’est Maxime Lefrançois. J’étais avec lui au cours Florent. À l’époque, c’était un dandy qui, depuis, est devenu Monsieur Univers. Au début, je ne l’avais pas reconnu, il avait triplé de volume en muscles. Sa femme, dans le film, c’est Édith Le Merdy, qui jouait dans RRRrrrr !!!. La neurasthénique qui demande à ce qu’on lui fasse l’amour, c’est Anne Benoit, une super actrice de théâtre qui jouait dans Papa. Le co-pilote, c’est Thierry Simon, avec qui j’avais tourné des pubs.

 

Vous avez fait une entorse à votre principe en choisissant Étienne Chicot, qui lui est connu…J’ai voulu me faire plaisir. Je le voyais tellement bien en obsédé de la conspiration. J’adore son jeu. Mais je suis vraiment allé chercher des comédiens dans tous les univers. Comme par exemple Lord Kossity, le rappeur, qui joue le CRS. J’avais vu des interviews de lui où je sentais que c’était un très bon acteur.

 

Et pour les rôles principaux ? Judith Godrèche, c’était une évidence. Je voulais une hôtesse de l’air comme Natacha, l’héroïne de BD sexy et dotée d’un franc parler assez iconoclaste. De tous les personnages, c’est encore elle la plus normale dans l’avion. Elle est concrète. Pour le pilote à la retraite, j’ai essayé de penser à quelqu’un d’autre que Gérard Darmon, parce qu’il mettait du temps à me répondre, mais je ne voyais vraiment personne d’autre. C’est la quintessence du vieux beau à la fois plein de classe et d’humour. Dès qu’il apparaît, Gérard lui insuffle toute son humanité et lui apporte une belle profondeur. Quant à Jean-Paul Rouve, j’avais tellement envie de faire un film avec lui et là, pour le rôle d’un passager névrosé, c’était l’occasion rêvée. Je connais parfaitement ce garçon pour avoir travaillé en binôme avec lui pendant des années sur les sketchs des Robins des Bois. J’ai pensé et écrit le rôle pour lui.

 

Avez-vous un problème avec les prénoms ? Ah ! Les prénoms…Je comprends que pour une majorité, ceux des personnages principaux, à savoir Dagobert et Nuance, ne soient pas banals. Mais franchement, je ne sais pas d’où je sors des trucs pareils. Il y a des prénoms qui me font rire, voilà tout. Dagobert, c’est sans doute à cause du Club des 5 (Bibliothèque Verte). Nuance, c’est ce qui définit tout le personnage. Un prénom, c’est comme une note de musique. Quand j’écris, il y en a qui sonnent juste, et d’autres pas. Le pilote à la retraite, je l’imaginais bien en Jean-Claude. Pour le rat, qui s’appelle Compiègne, c’est différent, avec mon co-scénariste, on voulait qu’il porte un nom de ville que tout le monde connaît mais où 95% des Français ne sont jamais allés. Compiègne s’est imposée car j’ai vécu à côté pendant des années.

 

Comment avez-vous rencontré votre co-scénariste, Hector Cabello Reyes, collaborateur d’Éric Lavaine sur Incognito notamment ? On se connaît depuis le lycée. Ce que j’aime avec lui, c’est qu’il démarre au quart de tour. On a travaillé face à face. C’était du ping-pong. Il est assez doué pour la structure et remettait en place pas mal d’idées. Quand on est arrivé à une deuxième version du scénario, je me suis mis à bosser seul pour les ajustements et ajouter des choses bien à moi.

 

C’est pourquoi il y a des vannes ouvertement estampillées Robins des Bois ? Je le revendique. Les chiens ne font pas des chats. J’assume ce côté Robins dont j’avais voulu me démarquer avec mes deux premiers films. La présence de Jean-Paul renforçait cet état d’esprit. Cela faisait cinq ou six ans que l’on n’avait pas travaillé ensemble, et on a immédiatement retrouvé des automatismes. Je n’avais même pas à lui donner d’indication. Je lui demandais « Est-ce que tu peux, heu, tu vois… »… et boum ! Il faisait exactement ce que je voulais. Il savait. Il comprenait. Il est comme Alain Chabat. Ce sont des acteurs très techniques, qui jouent au millimètre. Pour un réalisateur, c’est le rêve.

 

Cela s’est-il passé de la même manière avec Judith Godrèche ? C’était différent, car au départ, elle ne comprenait pas tout à fait ce que je voulais. Elle trouvait que ce que je lui demandais n’était pas drôle. Je lui expliquais qu’elle était un contrepoint, et elle me répondait que c’était une façon polie de lui dire que son personnage n’était pas drôle. Je lui rétorquais alors que c’était un registre dans lequel on l’avait peu vue : soit on lui donne des rôles de folle un peu décalés, soit des rôles de fille sous Prozac. Là, elle a un personnage très concret, très cash. Il a fallu une bonne semaine pour qu’elle me fasse confiance.

 

C’est pourtant la personne qui, d’emblée, aurait dû vous faire le plus confiance ? Justement, le fait d’être en couple dans la vie et de se retrouver à travailler ensemble, crée plus de distance. Il fallait couper net. Et moi, j’ai été presque trop extrême. J’étais même un peu trop dur avec elle par moments. Elle me l’a reproché, à raison. Mais une fois qu’on a trouvé le rythme, cela s’est bien passé.

 

Combien de temps a duré le tournage ? Cinq semaines et demie, ce qui est très court. Je n’avais le temps de rassurer personne. Et c’est vrai que la première semaine, c’était un bazar énorme et pas mal de gens étaient à deux doigts de se dire que ça allait être un tournage terrible. Mais tout le monde a très vite trouvé ses marques. Il faut dire que l’équipe technique était au taquet. Le chef opérateur, par exemple, Steeven Petite ville, dont c’est le premier long métrage et avec qui j’ai travaillé en pub, a fait une lumière très astucieuse sans beaucoup de matériel, tout en étant rapide et précis.

 

A vous entendre, on songe un peu à un tournage guérilla, un peu à l’arrache ? Clairement ! On allait au combat tous les jours ! Mais il n’y avait aucune mauvaise humeur. C’était dur parce qu’il fallait aller vite, obtenir tout de suite de la comédie, trouver les bons axes et dieu sait qu’il y en a peu dans un avion. Je savais à l’avance que ce serait compliqué, mais on était tous conscient qu’on ne referait jamais un film pareil.

 

Et vous ne vous êtes pas facilité la tâche en tournant en Scope…Oui, mais quel beau format ! On a tourné avec deux caméras un peu spéciales. Il y a quelque temps, Canon a sorti des appareils photos dont les cellules étaient si performantes qu’on pouvait réaliser des films avec. Pas mal de clips et de pubs ont été faits avec. Là, c’est la première fois qu’on les utilise pour un long métrage. En clair, ce sont des boîtiers d’appareils photo auxquels on a mis des objectifs de cinéma. C’est moitié moins lourd qu’une caméra, beaucoup plus maniable et le rendu de l’image n’est pas celui de la HD habituelle. Cela reste du numérique, mais moins froid que d’habitude, plus proche du 35 mm.

 

La référence de Low Cost est-elle Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Effectivement, mais c’est une référence digérée. C’est moins délirant que Y a-t-il un pilote dans l’avion ? avec moins de gags en arrière plan, mais autant de micro-histoires entre chaque personnage. L’idée était de ne pas s’adresser uniquement aux puristes de l’humour décalé, mais fédérer un plus large public. C’est plus une comédie qu’une comédie burlesque.

 

Quel est votre meilleur souvenir sur Low Cost ? L’état d’euphorie permanent dans lequel je me suis trouvé. Lors de la préparation, c’est comme si on m’avait offert un circuit électrique de 95 kilomètres de long. Je ne cessais de me réjouir de la chance que j’avais. Et quand le tournage a commencé, j’étais aux anges d’enfin refaire un long-métrage. Je n’ai donc pas de souvenir particulier, mais celui d’une sensation de bonheur générée par le plaisir de faire ce métier.

 

 

 

 

 

 

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Après Papa et Casablanca Driver, deux films qui avaient en commun leur finesse et leur tendresse, Maurice Barthélémy revient derrière la caméra avec Low Cost, une comédie satirique sur des français en vacances, coincés dans un avion sur le tarmac d’un aéroport tunisien. Quelque part entre Y a-t-il un pilote dans l’avion et Les Bronzés et doté d’un casting trois étoiles Low Cost, malgré son titre, avait de nombreux atouts pour être surclassé en première classe, laissant en “éco” le tout venant de la comédie française beaufisante. Si le film de Barthélémy parvient par moment à nous amener par delà les nuages, il manque aussi de peu le crash en plein vol…Dès le décollage, un constat s’impose le film ne manque pas d’originalité. Son postulat de départ et son parti-pris de rester, de bout en bout, dans la carlingue d’un petit Boeing en font une œuvre singulière et rafraichissante. Mieux encore, cette dernière parvient à nous tirer des rires grâce notamment à une galerie de personnages idéalement castés avec certains seconds rôles qui sont à mourir de rire ou des situations joyeusement barrées. Parfois le film perd peu à peu de l’altitude avec quelques trous d’airs et traverse quelques zones de turbulences. On arrivera à bon port, mais avec les pieds engourdis et un petit mal de dos quand même.

 

 

 

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Avis contraire…

 

Un  crash dont les passagers ne sont pas les seules victimes.  par Isabelle Regnier

 

Comme la troupe du Splendid s’était emparée du Club Med pour y installer ses Bronzés, comédies emblématiques des années 1980, Maurice Barthélémy a vu dans les vols low cost un étendard potentiel pour les années 2000. A partir de ces lieux de brassage social sur lesquels chacun a sa petite anecdote à raconter, on peut imaginer sans mal, sinon une machine à gags, du moins une comédie familiale grand public. Dans tous les cas, du pain bénit pour un producteur. Un film, toutefois, ne peut pas se réduire à un pitch. Cette bonne nouvelle a un revers : celui de Maurice Barthélémy est désastreux. Sur le plan de la comédie, l’ex-Robin des bois (par ailleurs auteur du dispensable Papa) reprend la recette du Splendid : des personnages médiocres, caricatures de Français moyens censés susciter la connivence des spectateurs, alliés à un comique carburant à l’ironie. Un gouffre toutefois sépare les maîtres de l’élève, qui tient à la capacité à faire rire. Inutile de chercher, Low Cost ne propose pas la moindre réplique qui claque, pas un seul gag franchement réussi, pas même un personnage un tant soit peu bien troussé. Le parti pris de mise en scène, plutôt audacieux au demeurant, qui consiste à situer l’intégralité de l’action à l’intérieur de l’habitacle, se retourne contre le film. Alors que ce principe produisait un feu d’artifice de gags dans les comédies américaines Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, il révèle ici une réalisation mise en pilote automatique. Dépourvu de rythme, subissant l’exiguïté du décor sans s’en emparer, l’auteur place son spectateur dans une situation de détresse comparable à celle de ses personnages. Ceux-ci se retrouvent embarqués pour le vol le plus long et le plus incertain de leur existence. La galère commence sur la piste de l’aéroport de Djerba lorsque les membres de l’équipage, sur le point de faire décoller l’avion, apprennent que le patron de la société low cost qui les emploie est parti avec la caisse, et se mettent en grève. Une vague de protestation dans l’avion révèle ensuite une galerie de personnages typés parmi lesquels un anti-héros phobique à l’âme de petit caporal (Jean-Paul Rouve), une hôtesse de l’air qui cite Jules Renard et Lacan dans le texte (Judith Godrèche, dont il faut reconnaître qu’elle est pimpante), et un pilote à la retraite (Gérard Darmon) qui va récupérer les commandes de l’avion et tenter (sans succès) de le conduire à bon port.



La faiblesse de la mise en scène serait anecdotique si elle n’était au service d’un scénario qui, sous des apparences anodines, est en réalité nauséabond. L’épisode le plus choquant advient lors de la première escale quand le pilote, se croyant à Paris, atterrit en plein désert subsaharien. La porte s’ouvre, et les voyageurs se trouvent nez à nez avec une tribu de guerriers violeurs et cannibales, avec qui ils vont successivement tenter de négocier, de fuir, et finalement s’entre-tuer. La séquence est longue, pleine de rebondissements, le temps d’exploiter les clichés racistes les plus éculés en opposant des Blancs tellement civilisés qu’ils en sont devenus poules mouillées à des Noirs qui coupent des bras et des pieds comme on arrache des queues de cerise. Elle se termine par un point d’orgue d’une abjection rare : un plan sur un des réacteurs de l’avion qui broie littéralement le chef barbare, expulsant les lambeaux de sa chair sanguinolente directement sur les hublots, le tout à la satisfaction générale des passagers. Barthélémy ne s’en tient pas aux contrastes “raciaux”. Son gag le plus abouti est une histoire de nain. Ici encore, il s’agit prétendument de rire du personnage de Jean-Paul Rouve, tellement névrosé qu’incapable d’adresser la parole à une personne de petite taille. Mais le véritable ressort comique tient à la manière qu’il a de prononcer le mot “nain”, et dans le contraste physique entre les deux personnages. Il n’est rien jusqu’au personnage de l’hôtesse de l’air intello qui ne fasse appel à l’inconscient le plus réactionnaire. Car, si elle prend à contre-pied les idées reçues sur les blondes et les hôtesses de l’air, son personnage n’aurait pas de raison d’être sans la prégnance de ces clichés.