De nos jours, le carnaval, florilège de costumes chatoyants et rythmes caribéens, se vit dans la rue, au rythme des défilés et parades costumées. Il donne lieu chaque fin de semaine, dans toutes les communes, à des concours de danses, de costumes et de beauté. Il se vit sur un rythme gracieux et charmeur dans les magnifiques parades chatoyantes ou alors sur un mode plus débridé voir alcoolisé, notamment lors du vidé du mercredi des cendres ou à travers les quolibets adressés aux institutions en cette période-exutoire et dont la foule raffole de manière bon-enfant.
Le carnaval a des racines fortement ancrées dans les traditions culturelles européennes, avec des apports africains et amérindiens très marqués.Il est apparu lorsque les colons débarquèrent en Martinique et en Guadeloupe au XVIIe siècle. Cette tradition païenne européenne voulait que les catholiques fassent la fête avant les restrictions du Carême, afin de mieux les supporter. Les esclaves qui n’avaient au départ que le droit de regarder au loin les colons s’amuser lors des réceptions masquées se déroulant dans les habitations, finirent par imiter leurs maîtres, avec l’accord de ces derniers, en fêtant également cette période dans les quartiers auxquels ils étaient astreints. Ils y intégraient, leur culture…Masques, chants, danses, couleurs, croyances et leurs instruments de musique, pour se réapproprier leurs coutumes africaines sans contrainte.
Il atteint son paroxysme avec la grande parade du Mardi gras et se termine le mercredi des Cendres, avec des costumes noirs et blancs. La fête se termine par la mort symbolique du Roi Vaval, roi du Carnaval, qui représente tous les évènements douloureux de l’année écoulée. Durant le dimanche gras, il fait le tour de la ville et quand vient le mercredi des cendres, son effigie est entièrement brûlée et jetée à la mer…Place au renouveau !
Avant les dates officielles du carnaval et dans de nombreuses villes et villages, vous avez la possibilité de « vivre » la folie du Vaval ! Nous, c’était la fièvre du Samedi soir à Fort de France pour une ultime répétition…Le parcours situé dans le centre ville est bouclé avec fouille des personnes pour y accéder. Après deux heures d’attente…Les sons des tambours résonnent enfin ponctués par les cris et chants des participant(e)s. Le défilé va durer 3 heures avec la participation d’une cinquantaine de groupes très disparates mais tous présents pour célébrer leurs origines.
Que la fête commence !
Il n’est jamais facile de décider du point de départ de traditions, qui résultent souvent de la transformation de rituels antérieurs. On peut considérer ainsi les Lupercales, célébrations qui avaient lieu dans la Rome antique à la mi-février, comme les prémices du carnaval. Dans la République de Venise, le plus ancien édit conservé mentionnant le carnaval date de 1094. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu plus tôt des manifestations de réjouissance lors des quelques jours précédant l’entrée en Carême ou pour marquer une pause festive pendant la longue saison hivernale. Les formes d’expression carnavalesque sont très anciennes…De l’usage des masques à la bombance, de l’idée de clore une saison à celle d’inversion de l’ordre du monde pendant un petit nombre de jours déterminé. Déjà, plus de 2000 ans avant Jésus-Christ, les Mésopotamiens pratiquaient des rites d’inversion comme les « Sacées », avec des souverains fictifs et éphémères. Le souci de mesurer le temps avait aussi amené les Romains à organiser toute une série de rituels païens, liés aux astres ou aux étapes de l’année. La fête des Fous témoigne, quant à elle, d’un temps plus récent, entre le XIIIe et le XVe siècle, période où l’Église catholique est omniprésente. Cette puissance ecclésiastique crée le besoin d’en mimer l’inversion à travers des sermons bouffons, des cantiques à double sens ou des mascarades avec cortège dans les villes.
Âne des Fous, enfant Jésus transformé en chat, coq, ours, bœuf et taureau…La symbolique animale est omniprésente depuis le Moyen Âge du fait, précisément, de l’inversion possible entre l’homme civilisé et le monde sauvage lors des carnavals. Le langage et la figuration animale servent à marquer la proximité avec la nature, à suggérer la force de la dérision et le jeu des métamorphoses possibles des êtres vivants. La nourriture du temps de carnaval, quant à elle, souvent frite et riche, se rattache au thème de l’abondance, de la libération des entrailles et de la gourmandise, propre aux jours « gras ».
Originellement, le Carnaval remonte au Moyen-Age. Dans le but de supprimer les idées et les traditions païennes, l’église catholique sous la contrainte et par peur de voir être créée une nouvelle religion moins restrictive, crée le « Mardi Gras » qui est le rite de la célébration du Printemps. Journée de fêtes, bals publics, déguisements et autres réjouissances que célébraient pleinement les chrétiens européens. A cela s’ajoutaient toute sorte de menus à base de viande qui étaient consommés sans modération. Sa position dans le calendrier, à la veille du Mercredi des Cendres qui marque le début du Carême, la période de jeûne et prières, en faisait le dernier jour où on pouvait manger « gras » jusqu’à la fête de Pâques. Cette journée va devenir le Carnaval du latin « carnelevarium » qui signifie suppression de la viande.
Le christianisme a joué un rôle majeur dans la fixation d’un temps de carnaval. Autour de l’an mille, une temporalité chrétienne a commencé à s’imposer, départageant de façon stricte une période grasse et des jours maigres. Le moment du carnaval fluctue donc, car il s’aligne sur la fête de Pâques et le Carême, fixé à quarante jours dès le VIIIe siècle. Les moments de libération par rapport aux contraintes sociales ou religieuses étaient considérés comme indispensables par les autorités, soucieuses de lâcher un peu de lest en certaines occasions pour éviter les risques de révolte. C’est ainsi qu’entre le XIe et le XIIIe siècle, on vit fleurir, pendant l’hiver, dans les campagnes et les villes, une gamme variée de pratiques carnavalesques. Elles étaient acceptées et soigneusement contrôlées par l’Église. Il existait des fêtes aux buts similaires avec la fête d’Halloween en Irlande, par exemple, qui se déroule la veille du 1er novembre et dans d’autres pays européens, en décembre, les célébrations de saint Nicolas et de saint Étienne. Les cultures américaines et des Caraïbes, riches en carnavals, présentent de nombreux points de contact avec l’Europe. Il en va de même des célébrations d’Afrique du Sud. Ce qui conduit à penser que le carnaval a pu se nourrir de l’émigration et de la rencontre entre traditions européennes, amérindiennes et africaines. En Asie et dans le reste de l’Afrique, les liens entre ces fêtes sont plus complexes à établir.
Pour le peuple, la possibilité de profiter d’une telle liberté était autrefois réservée aux seuls jours de fête. Le carnaval de Venise, notamment, avait une forte portée politique. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, au temps de la Sérénissime République, il s’agissait de façonner une ville à la fois solidaire et consciente d’elle-même face au reste du monde. L’attente politique et la liberté carnavalesque s’est aujourd’hui estompée. Mais certains carnavals conservent une charge politique et militante comme celui de Cologne, en Allemagne, où s’exprime, par exemple, le combat pour l’émancipation des femmes. celui de Notting Hill, à Londres, est né en 1965 de la volonté de migrants afro-américains et caribéens de marquer leur insertion dans ce quartier multiethnique. Celui d’Uruguay a remis en cause, entre 1973 et 1985, la culture néo-libérale. Mais la durabilité et le prestige médiatique de ces fêtes sont moins importants que ceux de carnavals moins politiques, plus “commerciaux”, comme Rio, Nice ou Venise.
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