Patrick Edlinger, décédé en 2012 à l’age de 52 ans. pionnier de l’escalade libre, à mains nues, sans corde ni assurance. Figure emblématique de l’alpinisme de haut niveau. Par son escalade libre, en solo, il a révolutionné le monde de l’alpinisme.
Trois films…Trois vies…Patrick, Alex, Marc-André…Passions extrêmes…
ACTE UN…
PATRICK EDLINGER, LÉGENDE DE L’ESCALADE.
Révélé au monde grâce au film-documentaire français « La vie au bout des doigts », en 1982 et disponible sur You Tube ! Il était l’une des personnalités préférées des français dans les années 80. Le réalisateur Jean-Paul Janssen, mettait en scène Patrick Edlinger, cheveux blonds et longs, retenus par un bandeau, vivant sa passion de l’escalade, sans attache ni assurance. Un artiste qui ne faisait qu’un avec la roche, et dont la souplesse pouvait lui faire franchir les moindres obstacles. Devenu culte, le film est considéré comme le premier du genre, entièrement consacré à l’escalade.
Patrick Edlinger, dit « Le blond », qualifie son sport « d’Opéra Vertical », un art comme la danse dont « la chorégraphie est dictée par les prises ». Cet homme avait révolutionné l’escalade. Il grimpait sans assurance et sans corde, à mains nues, en solo. Il conseillait à tous les adeptes de l’escalade, de rester bien concentré. « Si tu te déconcentres, ne serait-ce que deux ou trois secondes, tu peux louper un mouvement et te casser la gueule. » C’est pourtant ce qui a mis fin à sa carrière. En 1995, Patrick escalade une voie 7b dans les calanques de Cassis. Après avoir manqué quelques points d’assurance, il chute de dit-huit mètres. Victime d’une prise défaillante, il se retrouve sur le sol, inanimé. Un accident qui ne lui sera pas fatal grâce à la présence d’un médecin, mais qui met un frein à sa carrière de haut niveau. Il continue de s’entraîner sur des voies difficiles comme les voies 8, pour finalement s’arrêter définitivement à la naissance de sa fille, en 2002. L’ange blond, comme on l’a surnommé, n’a pas inventé l’escalade libre, mais l’escalade comme mode de vie. Prophétique, il poussa son amour du rocher et de la nature jusqu’au bout, ouvrant les voies d’escalade parmi les plus dures de son époque. Sa passion pour l’escalade en solo marqua aussi les esprits. Nul doute que sans lui, l’évolution actuelle de l’escalade, plus que jamais populaire, aurait été différente.
Dans la tête de tout le monde, c’est une révélation, l’escalade est non seulement le sport le plus cool de la planète, mais plus qu’un sport, c’est un mode de vie. Patrick Edlinger vit pour grimper, et grimpe tout le temps. Un van pour dormir, « un sandwich et un verre d’eau » pour toute nourriture terrestre, et la liberté à plein tube. Patrick Edlinger fabriquait son mythe, avec un autre Patrick (Berhault) mais il indiquait surtout à une génération entière une autre direction, loin du clinquant des années 80. Loin du sport codifié. Une direction prophétique…L’amour de la nature, le respect de celle-ci, la vie au grand air, l’outdoor, le fitness…L’image du Blond est toujours là, et sa philosophie a influencé des centaines de milliers de vies. Certains ont joué à l’escalade « à mains nues », en solo, pour faire comme celui qui, dans le film La vie au bout des doigts de Janssen, se pendait sur une main dans un surplomb de calcaire. Patrick le puriste a gagné l’une des premières compétitions d’escalade à Bardonecchia en 1986. Que penserait-il de l’arrivée de l’escalade aux Jeux Olympiques ? Nul ne le sait. Mais l’avènement de l’escalade « institutionnalisée » ne l’a pas détourné de sa quête de l’escalade extrême, de son amour pour le beau rocher et l’équilibre parfait. En 1988, Patrick Edlinger grimpait Azincourt, 8c, à Buoux. En 1989, il réalisait Orange Mécanique, 8a, au Cimaï, en solo intégral et un aboutissement. Sans corde, sans contrainte. Libre. Dix ans après sa disparition, l’escalade est plus populaire que jamais. Les salles sont bondées, mais plein de falaises risquent une fermeture avec la fin du système de conventionnement fédéral. Sans doute Edlinger aurait été époustouflé par l’exploit d’Alex Honnold en solo sur El Capitan, et par la vision d’Adam Ondra, qui a inventé le 9c en 2017. Depuis le 9b féminin existe, y compris en France, avec Julia Chanourdie. L’escalade olympique, sans parler de vitesse, aurait-elle trouvé grâce aux yeux de Patrick ? Il est permis d’en douter. Sans doute aurait-il été amusé de voir une nouvelle génération pour qui le bloc est aussi une discipline ludique et pas seulement de force, une génération qui jumpe de volume en volume pas si loin de la danse-escalade pratiqué par son frère lui aussi disparu Patrick Berhault.
« Je souhaite à tous les êtres, quelle que soit leur activité, de la vivre pleinement en homme libre. La vie est belle, il faut la prendre avec humour et détachement. Il faut savoir rester humble, à l’écoute des autres et s’efforcer de les aider. Peu importe si l’on juge que le monde est peuplé de crétins et de cupides, il se peut que nous en fassions partie, d’où cette idée de penser aux autres et rendre la vie plus belle pour tous ».
Patrick Edlinger
ACTE DEUX…
ALEX HONNOLD. SOLO INTEGRAL SUR EL CAPITAN
Alex Honnold vient de réaliser l’ascension de sa vie ! Grimper El Cap en solo intégral par les 30 longueurs de « Freerider », 7c+, 900 mètres. La grande voie la plus difficile jamais gravie en solo intégral dans l’histoire de l’escalade. 4 heures du matin. Les reporters de l’équipe du National Geographic vont se mettre en place pour immortaliser l’événement sur la pellicule. Mot d’ordre…Discrétion. Pour éviter d’ameuter une foule de spectateurs qui mettrait trop de pression à Alex Honnold. C’est donc sous les caméras et téléobjectifs, mais loin des regards curieux, qu’Alex Honnold s’est présenté au pied de la paroi d’El Capitan, à 5h30 du matin, samedi 3 juin 2017. Au-dessus de lui, une paroi granitique de plus de 900 mètres, monstrueusement verticale. Une ligne, « Freerider », 7c+, 30 longueurs. Une météo clémente. Son T-shirt rouge fétiche, ses chaussons, son sac à magnésie. Et c’est tout. Aucun système d’assurage, aucun plan b possible en cas de problème, aucun moyen d’éviter la chute (fatale) en cas de zipette.
3 heures 56 minutes plus tard…Alex Honnold ajoute un nouveau chapitre à l’histoire de l’escalade, il devient le premier homme à avoir gravi El Cap en solo intégral. Cette première historique qui attendait d’être faite, si toutefois elle était possible…Une ascension faite pour lui, et pour aucun autre grimpeur au monde. Cette fois, Alex Honnold a véritablement inscrit son nom dans l’histoire de l’escalade comme il rêvait de le faire. Tom Evans, qui était aux premières loges derrière son appareil photo, raconte…J’ai vite remarqué que sa technique consistait à regarder ses pieds sur chaque prise de pieds, et qu’il regardait très souvent vers le bas. Il grimpait sans se presser, et apparemment sans effort. Il était calme et méthodique, et ne semblait jamais vraiment en difficulté, même quand les mouvements avaient l’air abominables et que la moindre erreur aurait été fatale. Alex Honnold grimpe sans peur. Aucun grimpeur au monde n’égale ses aptitudes mentales dans le contrôle de la peur. Le sang-froid et les capacités de concentration dont il fait preuve dans une situation terrifiante est à tel point hors-normes que des neuroscientifiques, perplexes, ont même étudié les zones de son cerveau reliées à la sensation de peur pour comprendre ce qui diffère de la normale chez lui…
Des extraits à voir absolument disponible sur you tube.
En solo intégral, évidemment que j’ai conscience que je suis en danger, mais laisser la peur m’envahir quand je suis là-haut ne m’aide absolument pas.
Le solo intégral fascine, parce que si tu tombes, tu meurs…
Ce projet, il y pensait depuis des années, s’entraînant depuis plus d’un an dans cet unique but, et dans le plus grand secret. Il avait fait une première tentative en novembre 2016, contraint de renoncer en raison d’une météo défavorable. Ce samedi 3 juin, entre 5h32 et 9h28 du matin, tout s’est déroulé à la perfection, comme dans ses rêves. Quelques temps avant, il avait une dernière fois répété la voie avec Tommy Caldwell, courant littéralement dedans en 5h30 et pulvérisant leur propre record. Et il y a quelques jours, descendant la ligne en rappel, il avait vérifié que les marques de magnésie sur les prises clé de la voie étaient toujours sèches et bien visibles. Il lui restait juste à se préparer mentalement pour l’ascension de sa vie. Et à s’en remettre à son pilote automatique qui a pris le relais dès que ses pieds ont quitté le sol. Une ascension tellement préparée, qu’Alex Honnold connaissait par cœur chaque mouvement à réaliser du début à la fin de la voie. Au point que…La plupart des prises de mains étaient comme de vieilles connaissances. Mais la question se pose, évidemment, peut-on encore avoir des projets d’escalade en solo intégral, quand on a grimpé El Capitan ? Est-ce que ce n’est pas l’ultime consécration de l’escalade en solo ?…C’est bien ce que je me suis toujours dit, mais qui sait, dans quelques années ?
Il est la star mondiale de l’escalade sans corde ni matériel, l’un des grimpeurs les plus fascinants de sa génération. L’Américain, 37 ans, héros du vertigineux documentaire Free Solo, vient de passer un mois à grimper en famille dans la forêt de Fontainebleau, près de Paris. Entre deux parois, il se raconte. Sûrement l’un des grimpeurs les plus bluffants de sa génération. L’un des plus doués aussi. Pour affronter des falaises vertigineuses, juste ses mains et sa capacité de concentration inégalable. À 37 ans, Alex Honnold est l’un des rares spécialistes du solo intégral, c’est-à-dire grimper sans corde ou toute autre forme de système de sécurité. Son plus grand exploit remonte au 3 juin 2017 avec El Capitan, un mur de granit de 975 mètres situé dans le parc national américain du Yosemite, en Californie, trois heures cinquante-six d’une ascension démesurée, racontée dans un film, Free Solo, Oscar du meilleur documentaire en 2019. La quête ultime, celle d’une vie. Mais Honnold, héritier de Patrick Edlinger, qui a popularisé la pratique dans les années 1980, ne se résume pas à ces exploits qui paraissent insensés. Surnommé par ses amis Alex No Big Deal, car il minimise souvent la difficulté de ses performances, il compte aussi plusieurs records et des premières mondiales en escalade plus classique, avec cordes et baudrier, et même deux Piolets d’Or, le Ballon d’Or de l’alpinisme.
ALEX HONNOLD. ENTRETIEN…
Faire de l’escalade en solo intégral, c’est prendre beaucoup de risques…La question est de savoir si l’objectif en vaut la peine ou non…Il n’y a plus beaucoup de choses que j’ai envie de faire en solo. En fait, c’est faux. Il y en a certaines que je veux faire quand je rentrerai chez moi. On verra. Et j’ai quand même réalisé un gros projet en solo, à Red Rock Canyon, dans le Nevada, en novembre avec une traversée de 60 km en trente-deux heures, 23 sommets et 14 voies.
Lorsque vous grimpez, êtes-vous en quête du geste parfait ? Je recherche une sensation de je déteste dire « maîtrise totale », car ça sonne trop arrogant mais je veux avoir l’impression d’être un bon grimpeur. C’est bien d’atteindre le sommet, mais, idéalement, vous y arrivez et vous vous sentez bien, avec l’impression que c’était doux, beau. Je peux grimper en galérant, mais je préfère quand c’est gracieux et agréable. Aujourd’hui, par exemple, j’ai réussi six blocs difficiles, et parmi eux, seuls un ou deux m’ont semblé faciles et beaux. Les autres, j’avais l’air désespéré. Ça fait aussi partie de l’escalade.
Avez-vous l’impression d’être un artiste de votre sport ? Je ne me considère pas comme un artiste. Je peux voir l’escalade comme une forme d’expression personnelle, mais j’ai grandi en faisant de l’escalade dans une salle, avec une formation plutôt athlétique, liée à l’entraînement et à la performance physique. J’ai des amis qui sont de vrais artistes, qui aiment voir le rocher comme une magnifique toile sur laquelle ils peuvent peindre leur chef-d’œuvre. Moi, je ne suis pas comme ça. Je ne dessine pas, je ne sais pas jouer de la musique…Oui, je me laissais porter par les mouvements. C’était indispensable pour réussir en solo. Je me suis tellement entraîné sur cette falaise, que je connaissais tout par coeur. Oui, c’est artistique dans une certaine mesure, mais, comme pour un gymnaste, qui fait sa routine aux anneaux par exemple. C’est beau, impressionnant. Mais ce que je constate surtout, c’est le côté athlétique, la difficulté physique.
En France, la star de l’escalade sans corde ni matériel était Patrick Edlinger (1960-2012), pionnier de la discipline dans les années 1980. Vous a-t-il inspiré ? Je connais bien mieux Alain Robert connu pour ses exploits sans corde et surnommé « Le Spiderman français » par la presse anglo-saxonne). J’ai toujours été très impressionné par ses performances sur le rocher et sur les bâtiments (plus de 150 ascensions d’immeubles). Ça demande une dose impressionnante d’audace parce que tu n’as pas le droit de t’entraîner. Moi, par exemple, pour un solo difficile comme El Capitan, j’ai beaucoup travaillé les mouvements. Un immeuble, tu y vas une fois et tu grimpes. J’ai gravi quelques bâtiments, légalement, pour la télévision. C’est très amusant, mais ça ne m’intéresse pas assez pour risquer de me faire arrêter et sur le rocher, il y a déjà tellement à faire.
Le mythe du grimpeur libre participe aussi de cette fascination. Edlinger, comme vous, vivait dans son van, au contact de la nature, et consacrait 100 % de son quotidien à l’escalade…Pendant le tournage de Free Solo, je ne m’en rendais pas compte car j’étais en train de la vivre, cette vie. J’ai passé dix ou quinze ans à poursuivre des objectifs d’escalade. Maintenant, je suis marié, père, j’ai plus de responsabilités. Je comprends pourquoi les gens sont attirés par cet absolu de liberté. C’est une idée incroyable de tout consacrer à sa passion, mettre le reste de côté pour cette seule chose, réussir cette voie. D’ailleurs, je passe encore plusieurs mois par an comme ça, dans ma camionnette. Je l’ai toujours en moi ce truc-là. Mais, de toute évidence, je l’ai moins qu’avant. C’est moins un fantasme parce que je l’ai fait. C’est comme si j’avais survécu à une saison de ma vie, et que je passais à la suivante.
Y a-t-il deux Alex Honnold ? Celui qui vit dans un van, proche de la nature, et l’autre, médiatique, très à l’aise sur les réseaux sociaux et les plateaux télé…J’aime ce contraste. Quand tu vas à Tokyo pour la première fois, l’environnement humain construit, ces buildings, peut également être très inspirant. Par exemple, je suis sûr que nous irons à Paris quelques jours, au restaurant et au musée, faire des choses normales avec ma femme. Mais cela ne m’enthousiasme que parce que je sais que je vais passer le plus clair de mon séjour ici dans la forêt.
Revenons au solo intégral. Comment avez-vous découvert cette pratique ? Je savais qu’elle existait par le biais d’articles de magazines. Petit, j’en ai fait pour la première fois dans ma salle d’escalade, après la fermeture. La voie qu’on avait grimpée pendant le cours, on la faisait en solo, pour s’amuser. C’était à neuf ou dix mètres, ce n’était pas très haut. Ensuite, j’ai commencé à beaucoup grimper en extérieur.
S’agit-il d’une communauté à part dans l’escalade ? Oui. Peu de personnes pratiquent, donc vous ressentez forcément un lien avec ceux qui en font l’expérience. Il faut aussi distinguer les solos très faciles, dans ta zone de confort et qui peuvent ressembler à de la méditation, et les solos durs, ces derniers étant très rares. Pour un solo difficile, tu dois vraiment actionner un interrupteur mentalement. Il faut arriver à gérer la peur, avoir une certaine confiance en ton corps, tes mouvements, l’environnement aussi. C’est un truc difficilement explicable…
La concentration est alors extrême. En solo facile, parfois, tu peux avoir l’impression d’être désactivé, comme pendant un jogging lent dans une belle forêt ou du yoga. C’est détendu. En solo difficile, tu peux atteindre ça un peu, mais c’est évidemment beaucoup plus sérieux. Il faut arriver à gérer la peur, avoir une certaine confiance en ton corps, tes mouvements, l’environnement aussi. C’est un truc difficilement explicable.
Pourquoi si peu de grimpeurs pratiquent-ils sans système d’assurage ? Il y a trente ou quarante ans, sur certains itinéraires, les premiers mètres se faisaient souvent sans protection, car il n’y avait tout simplement pas le système d’assurage (installé sur le rocher) qu’on connaît aujourd’hui. Les falaises sont plus sécurisées désormais. Et la plupart des gens commencent à grimper dans des salles de sport, qui sont conçues pour être sûres. Mais, faire des solos difficiles a toujours été rare, c’est pourquoi Patrick Edlinger était si connu. Dans l’histoire, ils se comptent sur les doigts d’une ou deux mains. Le solo reste une activité très personnelle, une poursuite intime.
Vous pensez qu’il en sera encore ainsi à l’avenir ? Oui. Quand Free Solo est sorti, beaucoup m’ont demandé si je craignais que des enfants se lancent en solo et prennent des risques inconsidérés. Eh bien, pas vraiment. Le film a probablement encouragé beaucoup de monde à essayer l’escalade, mais le solo reste une activité très personnelle, une poursuite intime, car, dès que vous êtes à plus d’un ou deux mètres du sol, les choses commencent à devenir très sérieuses. À cinq mètres, si tu ne veux pas, tu ne peux pas te forcer. D’autres sports, comme le VTT ou le ski extrême, sont liés à la gravité. Au sommet d’une colline, si tu t’élances, tu peux descendre d’une traite, car tu as une seule décision à prendre et tu te laisses porter. Dans la grimpe, tu dois décider d’effectuer chaque mouvement, l’un après l’autre. À trois mètres du sol, tu te dis « C’est un peu effrayant, mais j’y vais. » Mais ensuite, tu choisis aussi d’aller à quatre mètres, puis à cinq. Mentalement, c’est très dur et très lent.
La pratique est-elle addictive ? Non. Je suis connu pour le solo mais je n’en fais pas tant que ça, seulement quelques grandes ascensions par an. Dans ma vie de grimpeur, cela n’a jamais dépassé 5 ou 10 % de mon année. Le solo est toujours un événement spécial, parce que c’est une discipline trop sérieuse pour être pratiquée à plein temps. Ça demande de puiser tellement d’énergie. Et pour progresser en escalade, il faut s’entraîner tellement que l’échec fait partie du quotidien. Tu échoues à atteindre le sommet de la voie et tu y retournes. Mais en solo, on ne peut évidemment pas échouer. Tu ne t’entraînes pas en faisant du solo. Sinon… tu meurs.
Cette passion pour l’escalade sans corde, vous l’avez toujours eue en vous ?
J’ai toujours pensé que c’était cool et je le pense toujours. Mais j’aime aussi grimper encordé.
Vous associez de plus en plus vos projets liés à l’escalade à d’autres objectifs, notamment écologiques comme lors de votre expédition au Groenland. La performance sportive ne vous suffit-elle plus ? C’est toujours mieux si on peut faire plus que grimper. J’espère que je ferai d’autres expéditions comme celle du Groenland, peut-être l’été prochain, en Alaska. C’était incroyable d’être associé à ce projet scientifique aux côtés de la glaciologue française Heïdi Sevestre, tout en grimpant des monolithes jamais gravis encore, tout droit sortis de la mer dont l’un des plus grands du monde, l’Ingmikortilaq, 1 140 m, une première mondiale. Si on peut participer à quelque chose qui servira plus tard aux scientifiques, c’est énorme.
Lier escalade et recherche scientifique, est-ce l’avenir ? Alex Honnold est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment par le biais de sa fondation créée en 2012, à laquelle il reverse environ un tiers de son salaire annuel. En tout cas, c’est une excellente façon de mener une expédition. L’est du Groenland, par exemple, est très difficile d’accès et fondamental pour la science, en particulier la climatologie….Ce genre de projet fait partie de l’histoire de l’escalade et de l’alpinisme. Dans le passé, les expéditions ressemblaient davantage à des voyages de découverte pour essayer d’en savoir plus sur le monde qu’à des missions purement sportives. Ceux qui ont réalisé les premières ascensions dans les Alpes étaient, pour beaucoup, des géologues ou des scientifiques amateurs. Ce n’est que depuis très récemment que les grimpeurs se contentent simplement de l’escalade, et certains seulement de l’escalade de compétition.
Pour terminer, à quoi ressemble une belle journée d’escalade pour vous ? Aujourd’hui est une belle journée. Être dans la forêt avec tes amis, grimper sur un rocher parfait, s’amuser. Peut-être que la raison pour laquelle j’ai été capable de grimper toute ma vie, c’est que j’aime ce type d’escalade autant que j’aime les big walls, grimper dans des endroits reculés ou faire des solos difficiles. Tant que vous commencez par un bon petit déjeuner, et que vous terminez avec un bon dîner…En fait, une belle journée d’escalade pour moi, c’est juste une belle journée.
3 heures 56 minutes plus tard… Alex Honnold pause sur El Capitan…
ACTE TROIS…
MARC-ANDRÉ LECLERC PLUS HAUT QUE L’IMPOSSIBLE…
C’est un film unique ! Des extraits sont disponibles sur You Tube. Il nous emmène dans les pas de Marc-André Leclerc, alpiniste disparu à 25 ans dans une avalanche en Alaska avec un compagnon d’escalade. On le voit grimper, se rattraper, en rappel, atteindre le sommet, marcher sur la crête, admirer les cimes, dans une trouée de nuages, au coucher du soleil. Sa bouille ronde, son visage de poupon, son sourire irradient. Et c’est un champion. Tous les professionnels de la montagne interrogés dans ce film le reconnaissent…Ce type est un extraterrestre. Il a un talent qui le place au-dessus des autres, capable d’alterner glace et rocher, escalades hivernales dans des montagnes qui n’ont jamais connu d’hommes en plein janvier, quand souffle la tempête et qu’on «se gèle les miches», comme il le souligne à propos. Par exemple sur le Torre Egger, en Patagonie. Ou sur l’Empereur au mont Robson, dans les Rocheuses canadiennes. Où, avant de se lancer, il consulte fébrilement les bulletins météo, échoue à quelques mètres du sommet, et retourne quelques jours après, pour en sortir finalement victorieux. La mort rôde à chaque tournant. Ainsi lorsqu’on le voit manger une part de gâteau dont il dit qu’il profite jusqu’au bout parce que ce sera peut-être la dernière. Marc-André Leclerc a une conscience aiguë de sa propre mise en danger, de ses limites, des risques qu’il prend. Une vie qu’il a choisie, pour laquelle il s’est entraîné jusqu’au bout, a tout sacrifié, jamais pour entrer dans l’histoire, ni écrire sa légende…
Quand tu grimpes, la montagne t’envoie des signaux. Toi tu es là, mais c’est elle qui vit.
On suit enfin le message que l’alpiniste envoie à son amie Brette sous sa tente, en pleine tourmente, en lui disant qu’il pense à elle et qu’il l’aime, qu’il a hâte de la revoir…Tandis qu’on se demande en même temps ce qu’il fait là-haut, dans ces conditions incroyablement difficiles. Et c’est comme s’il émanait de cette existence si courte un indicible regret. Brette retrouvera un piton, une pièce métallique qui sert de point d’ancrage sur la face, après sa disparition. La seule trace de l’alpiniste. C’était sur la face nord des Mendenhall Towers, au nord de Juneau en Alaska, en compagnie de Ryan Johnson. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
S’il n’y avait pas le danger omniprésent, ce ne serait plus l’aventure, mais un jeu de jardin d’enfants.
Reinhold Messner
Si vous n’êtes pas jeune et impétueux entre 17 et 24 ans, autant vous flinguer, car c’est à ce moment-là que les gens sont jeunes et impétueux. C’est ainsi qu’Alan Stevenson conteur aux yeux pétillants et maire officieux de la communauté des grimpeurs de Squamish, au Canada décrit la passion exubérante de Marc-André Leclerc pour l’escalade...Il appartient à une autre époque, celle des années 70 ou 80, quand c’était sauvage. C’est un homme hors du temps. Ces mots reflètent la joie débordante et l’intensité fatale du film The Alpinist, au sujet de l’un des plus jeunes, des plus audacieux et des meilleurs de cette race dans l’histoire de l’alpinisme. Dans la scène d’ouverture, nous assistons à l’ascension en solo de Marc-André Leclerc d’une arête verticale faite de rochers horribles et de neige inutile, une danse délicate et mortelle. Lorsque la caméra effectue un panoramique, vous réalisez que le jeune grimpeur est à plus de mille mètres du sol, et une sensation nauséeuse vous envahit. Alex Honnold, star du film oscarisé Free Solo et aujourd’hui peut-être le grimpeur le plus célèbre au monde évoque la scène…Un gamin, Marc-André Leclerc. Un Canadien. Presque personne n’a entendu parler de lui parce qu’il est peu connu. Il a fait toutes sortes de solos alpins fous. Il grimpe, comme ça, sur les parois les plus difficiles au monde. Les plus difficiles que quiconque ait jamais escaladées.
En 2015, Leclerc, âgé de 23 ans, a réalisé la première ascension solo de la voie Corkscrew sur le Cerro Torre, dans le champ de glace Sud de Patagonie, une performance que la légende locale de l’escalade, Rolando Garibotti, a qualifiée…D’ascension aux proportions surhumaines. Après que Leclerc a escaladé le mont Robson, le plus sacré et le plus effrayant des Rocheuses canadiennes, le vétéran Jim Elzinga, chef d’expédition, déclare…Il a redéfinit ce qui est possible. Le Canadien Barry Blanchard, pionnier des itinéraires alpins extrêmes il y a plusieurs dizaines d’années, proclame…C’est l’évolution de l’alpinisme, et cela se passe en ce moment même chez nous, avec ce jeune homme. Compte tenu des capacités extraordinaires de Leclerc et de sa sérénité face à la mort, The Alpinist aurait pu facilement être un autre mauvais documentaire d’aventure en plein air. Pendant trop longtemps, il manquait à ces formats un développement de personnages, une histoire, une véritable narration. Ils manquaient d’ironie ou d’hypocrisie, de doute ou de nuance, de trahison, de haine ou de ces trucs sombres qui font de nous des humains. The Alpinist présente Leclerc comme un surdoué, mais aussi comme un gamin maladroit amoureux de la nature. The Alpinist fait ce que tous les grands films font, il raconte une histoire. L’histoire d’un jeune homme passionné, poussé inexorablement à escalader d’immenses sommets recouverts de glace. Oui, nous l’observons en train d’escalader des lignes inimaginables, sans corde, aussi calme que les nuages flottant sous ses pieds, mais nous le voyons aussi comme un gamin maladroit et dégingandé amoureux de la nature. Nous le voyons perdu et sous l’emprise de l’acide, s’enfonçant dans un monde dont il s’échappe à peine et seulement grâce à sa petite amie. Nous voyons son visage poupin couvert de sang après une chute sérieuse. Nous le voyons vivre dans une cage d’escalier comme un clochard. Nous le voyons timide et inarticulé sous les projecteurs de la gloire naissante. Mais surtout, nous voyons Leclerc à travers la voix des autres, sa petite amie, la célèbre grimpeuse Brette Harrington, sa mère, Michelle Kuipers, et de nombreux alpinistes canadiens célèbres. Même Reinhold Messner, le plus grand alpiniste du XXe siècle, y prononce ces mots solennels…L’escalade en solitaire à haut niveau est une expression artistique. La moitié peut-être des plus grands alpinistes solitaires de tous les temps sont morts en montagne. C’est tragique et c’est difficile à défendre. Dans The Alpinist, nous apprenons à connaître, à défaut de complètement comprendre, non seulement un grimpeur mais aussi un être humain avec ses forces, ses faiblesses, ses désirs et ses problèmes.
Seule une poignée d’alpinistes d’élite, peut faire du solo intégral sur des parois rocheuses, mais le faire sur des voies alpines est encore plus difficile.
L’une des premières choses que l’on apprend sur Leclerc, c’est qu’il a une peur bleue de la caméra et qu’il se fiche de la célébrité comme de sa première chemise. Il est vraiment d’une autre époque. Difficile à croire mais il fut un temps où les grands alpinistes ne partageaient pas avec des followers ce qu’ils avaient eu pour déjeuner. Avant les réseaux sociaux, les histoires étaient partagées avec de vrais amis, de préférence autour d’un feu de camp. Lors d’une expédition, on passait du temps avec son équipe à discuter de la vie, de la logistique et de la météo. Lors de mes dernières grandes expéditions, mes coéquipiers, grâce à la magie moderne d’un modem satellite, ont passé leurs soirées à envoyer des images d’eux-mêmes entretenant soigneusement leur personnalité publique et déformant complètement leurs véritables sentiments. Marc-André Leclerc n’en avait rien à foutre. Il faisait un solo monstrueux et n’en parlait à personne. Son mépris pour les médias a posé des problèmes à Peter Mortimer et Nick Rosen, les réalisateurs du film. Un exemple parfait est le moment où Leclerc grimpe en solo le mont Robson sans les prévenir. Lorsqu’ils le joignent enfin au téléphone, il explique…Pour moi, ce ne serait pas un solo s’il y avait quelqu’un d’autre. Il n’est pas facile de faire un film sur un type qui ne se soucie pas de ce que le monde pense. Il est comme un olympien qui se produirait dans son propre gymnase, sans un seul spectateur, et qui réaliserait des prouesses dont aucun autre humain n’est capable. Alex Honnold grimpe avec ce genre d’assurance dans Free Solo, mais sur du granit solide, alors que Marc-André Leclerc grimpe sur les plus capricieuses des substances, la glace et la neige…Marc a passé tous les jours dehors depuis qu’il est ado. À voir l’histoire de ses ascensions, on pourrait croire qu’il avait 75 ans. Il ne pouvait résister à l’appel de la montagne. Dès qu’une fenêtre météo s’ouvrait, il fallait qu’il soit là. Il était en quête d’une vision. C’était pur. Il n’avait ni le temps ni l’envie de penser aux médias ou à notre film. Nous l’avons saisi au moment où son potentiel devenait sa réalité. »
Leclerc n’informait que trois personnes, sa mère, sa sœur Bridget et sa compagne Brette Harrington. Elles savaient qui il était et le comprenaient. Il leur envoyait des messages depuis les sommets, un pic après l’autre, juste pour leur faire savoir qu’il était en sécurité…Certaines des ascensions qu’il a faites ont changé la face de l’alpinisme, dit sa mère. Il était suffisamment ferré en histoire de l’escalade pour le savoir, mais il ne tenait absolument pas à devenir célèbre. Quand il était jeune, les fins de mois étaient rudes. Dépourvue de voiture, la famille allait partout à pied. Quand il pleuvait et qu’il faisait froid, Kuipers imaginait une histoire dans laquelle les enfants étaient des explorateurs intrépides fuyant un endroit dangereux ou en route pour sauver un ami. Leclerc était un lecteur vorace et dès l’âge de quatre ans, il connaissait l’histoire d’Edmund Hillary et de Tenzing Norgay qui ont conquis l’Everest en 1953. Scolarisé à domicile une partie de sa jeunesse, il était intellectuellement et physiquement précoce, mais socialement maladroit. À 14 ans, il travaillait dans la construction avec son père pour payer son matériel d’escalade. À 15, il vissait des anneaux de levage dans les poutres de sa chambre au sous-sol et se suspendait à ses piolets. Encore enfant, il passait beaucoup de nuits inconfortables, seul dans les montagnes. Il a acquis de l’expérience dans la gestion de situations difficiles. On voit Leclerc pris au piège dans une tempête de neige en Patagonie. Mais, gardant son sang-froid, il redescend en sécurité. Mais aussi entrain d’escalader en solo l’impressionnant Stanley Headwall dans les Rocheuses canadiennes, suspendu de manière précaire mais précise grâce à son équipement, les pics fixés à quelques millimètres de roche. Son sang-froid est envoûtant.
Son amour pour sa petite amie l’est tout autant. Dès les premiers jours de leur relation, Harrington et Leclerc furent inséparables. Ils ont vécu ensemble dans une cage d’escalier, dans les bois, ils ont grimpé, grimpé et grimpé encore…Marc est intéressé par les expériences intenses, vivre pleinement elle reconnaît qu’elle était semblable et que ce besoin mutuel de vivre sur la brèche explique, du moins en partie, pourquoi ils sont tombés si profondément amoureux...Nous nous accordions en intensité, les expériences les plus significatives de ma vie sont les ascensions que j’ai faites par mauvais temps, dans des endroits extrêmes. J’aime ce genre de choses. Lorsque Leclerc est devenu alpiniste, son caractère turbulent ne s’est pas traduit par le mépris du danger que pouvaient représenter les avalanches et les chutes de glace. Leclerc étudiait tous les aspects d’une montagne pour déterminer la ligne la plus sûre possible, et vérifiait sans cesse la météo. Il avait une approche globale de l’escalade…Marc-André a consacré toute sa vie à l’escalade, plus de 90 % du temps, nous grimpions avec une corde. Il appréciait tous les aspects de la grimpe comme l’escalade artificielle, glaciaire, alpine et voulait être vraiment bien équilibré, il ne s’agissait pas seulement d’escalade mixte ou solo. C’est une évidence en le regardant grimper dans The Alpinist. Qu’il pratique l’escalade, sur glace ou mixte, les mouvements de Leclerc sont gracieux et fluides. Pas de gestes brusques, pas d’étirements trop longs, pas de désespoir. On y voit une lenteur presque paresseuse, comme un danseur moderne exécutant une figure difficile. L’expérience crée la confiance, la confiance créé l’esprit calme, un esprit calme crée un corps calme, un corps calme est capable de grimper de façon étonnante.
Vous pouvez voir Alex Honnold grimper avec ce genre d’assurance dans Free Solo, mais il y a un gouffre de différence, Honnold grimpe sur du granit solide, alors que Leclerc grimpe sur les plus capricieuses des substances, la glace et la neige, et sous cette couche fragile se trouve littéralement cette litière pour chat qu’on appelle «roche» dans les Rocheuses canadiennes. Si l’escalade en solo de parois rocheuses dures n’est réservée qu’à une poignée d’alpinistes chevronnés, l’escalade alpine solo avec le risque constant d’avalanche, d’effondrement de séracs, de conditions changeantes et de faibles chances de retraite relève des dieux. De plus, Leclerc a fait ses ascensions en solo à vue, sur des voies dans lesquelles il n’avait jamais planté ses piolets auparavant. Honnold a pratiqué encore et encore l’itinéraire qu’il a emprunté en solo sur El Capitan pour Free Solo avec une corde. Leclerc se présentait en bas d’un massif montagneux et partait vers l’inconnu. La glace allait-elle être collante ou creuse et traître ? La neige serait-elle comme de la mousse de polystyrène ou comme une bouillie sans consistance ? Rien n’avait été répété, rien n’avait été câblé ni composé. L’escalade alpine en solo intégral à vue est le fin du fin dans le monde complexe de l’escalade. Il n’y a pas de marge d’erreur, pas de filet, il n’y a que vous.
Le spectateur lambda pourrait voir en Leclerc un drogué de l’adrénaline. C’est l’idée fausse que se font la plupart des non-grimpeurs. En réalité, l’adrénaline est l’ennemi d’une bonne escalade. Si vous avez peur, votre amygdale « reptilienne » l’une des parties les plus primitives de votre cerveau prend le contrôle et votre cortex cérébral est écarté du processus de décision. C’est à ce moment-là que vous faites des choses stupides. Une grande partie de l’escalade consiste à apprendre à contrôler sa peur. Les meilleurs grimpeurs éteignent leur peur comme s’ils appuyaient sur un interrupteur. Juste avant la toute fin du film la véritable coda est un rebondissement tragique qu’il vaut mieux taire ici alors que nous voyons Leclerc se hisser seul au sommet d’un sommet incrusté de glace, nous entendons la voix de sa mère…
Beaucoup d’entre nous vivent leur vie en pensant aux choses qu’ils aimeraient faire, ou aux aventures qu’ils aimeraient vivre, mais nous nous retenons. C’est ce qui m’a le plus frappée dans le parcours de Marc-André. Qu’est-ce que vous feriez si vous étiez capable de surmonter les choses que vous considérez comme des limites, ou les choses dont vous avez peur ? Que feriez-vous ? Certaines ascensions de mon fils ont changé la face de l’alpinisme.
The Alpinist vous laissera abasourdi par les prouesses et le culot de Leclerc mais, contrairement à d’autres bons films d’aventure, ce n’est pas le cœur de l’histoire. C’est le portrait d’un jeune homme fait artiste. Comme Stephen Dedalus, alter ego littéraire de James Joyce, Leclerc nous permet d’assister à un éveil physique, intellectuel et émotionnel de l’esprit humain. À force d’ardeur et d’intensité, il devient celui qu’il rêve de devenir, sous nos yeux.
Écrit par Mark Jenkins – Écrivain, alpiniste et aventurier.