François Truffaut
06/02/1932 – 21/10/1984
Réalisateur, Scénariste, Dialoguiste, Producteur, Interprète, Auteur de l’oeuvre originale, Adaptateur, Producteur associé. Critique puis réalisateur, François Truffaut est l’un des représentants majeurs de la Nouvelle Vague du cinéma français des années soixante. Cinéaste de la sensibilité, François Truffaut a composé une oeuvre accessible et universelle, un cinéma à hauteur d’homme, dont sa personnalité fait l’unité profonde.
La seule évidence, c’est qu’il existe un univers romanesque de Truffaut qui prime tout, qui englobe aussi bien son propre personnage que ses créatures, le ton de sa voix que les gestes de ses acteurs. Où la question de savoir ce qui a été premier, le roman ou la réalité, la fiction ou la biographie, n’a plus grande importance. Il semble que Truffaut ait eu le désir fervent d’organiser sa vie et ses films avec la belle logique et la belle cohérence de ces romans qu’il a tant aimés, dès sa jeunesse, même si l’on sent de temps en temps les blessures et les failles que la vie oppose inévitablement à ce genre de désir. Serge Toubiana.
Enfant non désiré et mal-aimé, François Truffaut se réfugie dans le cinéma et la littérature. Entre école buissonnière et petite délinquance, la fréquentation assidue des ciné-clubs l’amène à rencontrer le critique de cinéma André Bazin, son père spirituel, qui lui ouvre les portes des revues cinéphiliques : après un engagement dans l’armée en 1951, suivi d’une désertion, François Truffaut entre aux Cahiers du cinéma, puis à la revue Arts en 1953, où il publie des articles violemment polémiques contre l’académisme des cinéastes « de la Tradition de la Qualité ». Adepte d’un cinéma d’auteur, il admire Jean Renoir, Max Ophuls, et certains réalisateurs américains méconnus. Avec Jean-Luc Godard, Jacques Rivette ou Eric Rohmer, François Truffaut prône un cinéma indépendant, inventif et spontané. Sans abandonner totalement son activité de critique, il passe à la réalisation en 1954 avec un court métrage Une visite qu’il reniera par la suite.





En 1957, il tourne deux courts métrages, Les Mistons et Une histoire d’eau, où l’on décèle déjà ses inclinations favorites…Le goût pour l’étude psychologique, l’importance de la femme et des enfants et la conscience du caractère éphémère du bonheur. Il fonde la même année avec son beau-père Ignace Morgenstern la société des Films du Carrosse qui produira la plupart de ses films. Son premier long métrage, Les Quatre cents coups (1958), rencontre un immense succès et révèle le jeune réalisateur au grand public. Le film devient emblématique de la « Nouvelle Vague », expression désignant un groupe de jeunes cinéastes adeptes d’un cinéma d’auteur débarrassé de la toute puissance des scénaristes. Dans ce film en noir et blanc largement inspiré de son enfance secrète et solitaire apparait le personnage d’Antoine Doinel, incarné par Jean-Pierre Léaud, qui sera considéré comme le double à l’écran du réalisateur. Truffaut poursuivra pendant vingt ans le portrait de cet éternel adolescent, avec Antoine et Colette (1961), puis Baisers volés (1968), Domicile conjugal (1970) et L’Amour en fuite (1978), autant de films mêlant scènes drôles ou nostalgiques. Le cinéaste alterne scénarios originaux et adaptations littéraires. En 1966, il fait une incursion dans l’univers de la science fiction en adaptant le roman de l’écrivain américain Ray Bradbury, Farenheit 451, où il décrit une société futuriste et totalitaire qui brûle les livres. Il trouve également une puissante source d’inspiration dans l’oeuvre de l’écrivain français Henri-Pierre Roché, dont il adapte les deux romans, en 1961 Jules et Jim, histoire d’une femme qui aime deux hommes dans une recherche d’absolu, avec l’inoubliable Jeanne Moreau. Dix ans plus tard viendra Les Deux anglaises et le continent dans lequel Truffaut reprend en l’inversant le thème du triangle amoureux.





La passion amoureuse, tumultueuse et souvent tragique, est au cœur du cinéma de François Truffaut. Il offre à ses actrices favorites de beaux portraits de femmes, dans des comédies légères comme Une belle fille comme moi (1972) avec Bernadette Lafont, ou dans des œuvres plus graves qui décrivent les mécanismes destructeurs de la passion, La Peau douce en 1963 avec Françoise Dorléac, L’Histoire d’Adèle H. (1975) avec Isabelle Adjani ou La Femme d’à côté (1981) avec Fanny Ardant. Dans L’Homme qui aimait les femmes (1976), Truffaut fait le portrait d’un séducteur atypique, et rend hommage au théâtre dans Le Dernier métro (1980), L’Argent de poche (1975) une tendre peinture de l’enfance.





Truffaut réalise et joue le rôle principal dans…L’Enfant sauvage (1969), l’histoire de la difficile éducation d’un enfant qui a grandi loin des hommes. En 1972, Truffaut tourne un de ses films majeurs, La Nuit américaine, film sur le tournage d’un film, où, incarnant le réalisateur, il observe comment la vie privée des comédiens vient nourrir la fiction cinématographique. En 1978, il présente un film ambitieux et très personnel sur le rapport que nous entretenons avec les morts, inspiré de deux nouvelles de l’écrivain américain Henry James, La Chambre verte, incompris, le film sera un de ses rares échecs commerciaux.














Plusieurs fois, il puise son inspiration dans le roman noir américain avec Tirez sur le pianiste (1959), son deuxième film, avec Charles Aznavour, est adapté librement d’un livre de David Goodis. Truffaut y livre une réflexion sur le rôle du destin et la complexité des rapports entre hommes et femmes. La Mariée était en noir (1967) et La Sirène du Mississipi (1968), d’après l’écrivain William Irish, sont deux histoires d’amour fou dans lesquels le cinéaste exprime ses sentiments sur le couple à travers les conventions du genre policier. Son dernier film Vivement dimanche ! (1982), d’après Charles Williams, à l’esthétique très « film noir », renoue sur un ton ironique avec la veine policière.





En 1966, il publie un livre d’entretiens avec Alfred Hitchcock qui devient une référence. Il est l’auteur de nombreux textes sur le cinéma. Interprète dans plusieurs de ses propres films, il joue notamment pour Steven Spielberg le rôle de Claude Lacombe, ingénieur français spécialiste des OVNI, dans Rencontres du troisième type (1977).




Spielberg engageait François Truffaut dans son film Rencontre du troisième type (1978). Un cinéaste que Spielberg tenait en haute estime…J’avais besoin d’un homme qui aurait l’âme d’un enfant, quelqu’un de bienveillant, de chaleureux, qui pourrait totalement admettre l’extraordinaire, l’irrationnel.
C’était l’acteur parfait. Il ne posait pas de questions. Il était à l’heure. Il était toujours de bonne volonté. Il faisait à peu près tout ce que je lui suggérais. Il attachait une grande importance à être l’acteur parfait. Il m’a dit comment il définissait cela…Quelqu’un de très patient, qui attend six heures pour travailler quinze minutes et qui ne pose jamais de problème au réalisateur.
22 décembre 1977
Cher François,
Salutations. J’espère que vous vous portez bien et que vous vous consacrez à votre prochain chef d’œuvre. Rencontres du troisième type marche très bien, et comme je l’ai dit plusieurs fois, votre interprétation était superbe !
Comme vous le savez peut-être, nous sommes en train d’écrire un livre sur la réalisation de Rencontres du troisième type. Vous m’accorderez sans doute qu’il s’agit d’une histoire qui mérite d’être racontée. Afin que ce livre soit complet, j’aimerais vous faire une demande personnelle. Pourriez-vous trouver, dans votre emploi du temps chargé, le temps d’écrire une introduction pour le livre ? Vous m’accorderiez là une grande faveur, ainsi qu’à tous ceux qui le liront. Si vous pouvez le faire, merci de me prévenir aussi tôt que possible, et j’en informerai notre éditeur. Cependant je comprendrais très bien que vous ne soyez pas en mesure de le faire.
Je profite de l’occasion pour vous présenter mes vœux de bonheur et de santé pour cette nouvelle année.
Bien cordialement,
Steven Spielberg
François Truffaut décède à l’âge de 52 ans.


