Ecossais et rien d’autre !

Il est bien plus qu’un acteur emblématique, était un symbole de charisme, de talent, et d’élégance. Sa carrière, jalonnée de rôles diversifiés et mémorables, a dépassé les frontières du cinéma pour influencer la culture populaire, la mode masculine, et même la politique. Connery a su captiver les audiences avec son charme distinctif et sa présence scénique, tout en restant fidèle à ses racines et à ses convictions. Connery n’était pas seulement l’incarnation de James Bond; il était un acteur versatile, capable de naviguer avec aisance entre différents genres et rôles complexes. Sa capacité à se réinventer et à relever de nouveaux défis artistiques a établi un précédent pour les acteurs de sa génération et des suivantes. Que ce soit en incarnant un agent secret, un roi, ou un policier, Connery a toujours apporté une authenticité et une profondeur uniques à ses personnages. En dehors du grand écran, Connery était un homme aux multiples facettes, passionné par le golf, l’art, et l’activisme. Son engagement envers l’Écosse, sa terre natale, et ses efforts philanthropiques ont montré un homme concerné par le monde qui l’entourait, désireux de contribuer positivement à la société. Son influence sur la mode masculine est indéniable. Connery a défini le style gentleman moderne, alliant élégance naturelle et confort. Son héritage en matière de style continue d’inspirer et de guider les hommes dans leur façon de s’habiller et de se présenter. Figure légendaire, dont l’impact dépasse largement les rôles qu’il a joués. Sa vie, riche et variée, est un témoignage de son talent, de son intégrité et de son style. Il reste dans la mémoire collective comme un icône du cinéma, un symbole de raffinement, et un exemple de persévérance et d’authenticité.

 

Sean Connery l’éternel !

 

 

 

 

 

Sean sans James ou Connery sans Bond !

par Françoise Thibaut



Déjà plus de 30 ans ? Au-delà de boulots temporaires, de figurations et contrats aléatoires, après l’armée, le bodybuilding et les concours de Monsieur Muscle, un assez beau gars, parfaitement inconnu fut sélectionné parmi plusieurs centaines de candidats pour devenir l’agent 007 dans l’adaptation à budget limité (d’où l’absence de star) d’un roman de Ian Fleming. Ce fut James Bond contre docteur No réalisé par Terence Young en 1962, produit par l’indestructible duo Saltzman/Broccoli, dont le succès planétaire doit beaucoup à Sean Connery et aussi au peu couvrant costume de bain de la sublime Ursula Andress. Parfaite recette du film d’aventure à l’ancienne, mais persillé d’engins de science fiction et d’un peu de sexe libéré…Bond consomme des femmes de passage comme un jukebox ses pièces de monnaie…Ce premier opus fut suivi, en 63 et 64, d’un excellent Bons baisers de Russie où Sean prend vraiment sa dimension et du fracassant Goldfinger de Guy Hamilton. La rente de confort est assurée, tout comme la notoriété. Mais Sean, cet écossais malin, a très vite compris qu’il ne devait pas se laisser complètement enfermer dans le personnage de James, certes agréable et bien fringué mais fort répétitif et à la longue encombrant. Donc, ces mêmes années, il essaie l’assistance psychologique avec Alfred Hitchcock dans Pas de printemps pour Marnie avec la pleurnicheuse Tippi Hedren, dans lequel il a l’air un peu empaillé, et surtout dans le fort cruel et viril La colline des hommes perdus de Sidney Lumet où il excelle. Cette rencontre avec Lumet fut sans doute déterminante car La colline lui fit comprendre qu’il était définitivement destiné aux personnages d’action, aux rôles énergiques et plus profonds que l’élégant et superficiel 007. Joe Roberts qui essaie de mettre fin aux cruautés perpétrées au sein du camps disciplinaire de l’armée anglaise, à la fois pathétique, effrayant, reste le personnage qui fit entrer Sean dans la cour des grands. Lumet fit de nouveau appel à lui sur 5 films pour l’excellent Gang des Anderson en 71 et L’offense en 73. L’affaire est ficelée. Les dollars continuent de pleuvoir avec les 3 numéros suivants de James Bond avec en 1967 On ne vit que 2 fois, un des meilleurs, qui fit de lui l’idole des Japonaises. 1968 Operation Tonnerre, et enfin Les diamants sont éternels en 71, tous deux assez ennuyeux. Le contrat se termine enfin, Roger Moore ayant assuré l’intérim, puis, après 2 essais pâlots, le joli Brosnan et le maigrelet Craig continuent la répétitive saga.

 

 

 

 

Sean, alors, se déchaîne avec d’abord le décoiffant Zardoz de John Boorman, en 73, où vêtu de haillons, il essaie en 2293 de rétablir un semblant d’humanité sur une terre ravagée, mais où il séduit tout même Charlotte Rampling. Les années suivantes révèlent, en compagnie de son copain Michael Caine, un chef d’oeuvre absolu de John Huston L’homme qui voulut être roi dont l’intrigue due à Rudyard Kipling mêle les thématiques préférées des récits d’aventures…Exotisme, mystère, quête impossible, paysages magnifiques, guerres cruelles, humilité et orgueil…Le beau Lion dans le vent de John Milius, sensé évoquer un grand moment indépendantiste dans le Sahara de la fin du 19ème siècle, emmitouflé dans ses burnous, il est splendide, Candice Bergen aussi expressive qu’une endive. Il collabore à l’adaptation du Crime de l’Orient Express de Lumet, au sein d’une distribution prestigieuse. C’est un peu mou. Mais en 77 et 79 il prend sa revanche en fringant général britannique coincé à Arnhem en 1944 dans l’interminable Un pont trop loin de Richard Attenborough et surtout en 79 avec La grande attaque du train de l’or de Michael Crichton, dans lequel il s’amuse beaucoup, se déguise avec son ami Sutherland, pour faucher l’or destiné à la solde des armées britanniques stationnées en Inde. Histoire véridique, un peu romancée, du premier hold-up ferroviaire en 1855. Succès considérable. Sean fait une pause. Prend des vacances aux Bahamas. Il est riche, écossais et fier de l’être, connu du monde entier. Il attend la suite. Il n’est pas pressé, et doit, à bientôt 50 ans, faire de bons choix. L’opportunité, extravagante, se présente en 82…Au terme de laborieuses négociations, il accepte d’incarner Bond 007 une ultime fois. Sous exigeantes conditions. Ce sera Jamais, plus jamais d’Irvin Kershner où il affronte Klaus Maria Brandauer et danse un inoubliable tango avec la sublime Kim Basinger. Irrésistible succès de 1983. Sean tire sa révérence, enfin débarrassé d’un James satisfait. Désormais intouchable, il se fait icône de l’indépendance de l’Ecosse. La Reine, bonne fille, ne lui en veut pas et l’anoblit. Il devient Sir Sean Connery en kilt.

 

 

 

 

Quelques années prodigieuses et 4 rôles inoubliables…En 1984, le folklorique Ramirez, couvert de pacotilles et de rubans, qui, dans Highlander de Russell Mulcahy, apprend à Christophe Lambert à conserver son immortalité. Rôle très court mais qui enrichit considérablement l’originalité du récit. Ensuite Le nom de la Rose, de J.J. Annaud, d’après le livre d’Umberto Eco, où il est, en 1387, moine enquêteur sous le nom de Guillaume de Baskerville sur une sale affaire dans une abbaye peu reluisante. En 1988, il obtient un Oscar de « meilleur second rôle » pour son interprétation de l’ex-flic Malone dans Les Incorruptibles de de Palma aux côtés de Costner et de Niro. Il est bien dommage qu’il meure si tôt dans le récit car après sa disparition c’est beaucoup moins original. Enfin en 89/90 sur un très long tournage, il est le magnifique commandant Ramius d’A la poursuite d’Octobre rouge de John Mctiernan, avec un très bon Alec Baldwin et Sam Neill en touchant officier russe rêveur. La fin est très belle. Une inoubliable chasse sous-marine, menée avec subtilité. Quatre films et quatre personnages qui sont peut-être les meilleurs de Sean, si judicieux, pour lesquels il continue de se déguiser et varier ses effets avec délectation. Définitivement, il s’est spécialisé dans le film d’aventure, de quête, d’exploits improbables, où la sentimentalité est rare, les femmes très secondaires. Il enfonce le clou en 89 et accepte d’avoir vieilli en étant le père de Harrison Ford dans Indiana Jones et la dernière croisade de Spielberg. Puis, il se fait plus rare, peut être saturé de tant d’exploits. Il y aura Rock de Michael Bay, une variante de « il faut sauver Alcatraz » et en 1999 il accepte Haute Voltige qui l’amuse, et surtout parce qu’il est tourné en partie en Ecosse, avec Catherine Zeta Jones d’une vulgarité propre à décourager n’importe quel octogénaire un peu éduqué, et termine en 2003 avec l’assez médiocre Ligue des gentlemen extraordinaires…peut être pour s’acheter des clubs de golf en platine…Un parcours et une vie étonnants, traversés de multiples personnages, servis par une forme physique rare et de bonnes évaluations dans une carrière plutôt exceptionnelle. Ce dédoublement de personnalité a sans doute permis à Sean Connery une longévité peu fréquente dans le métier et une notoriété planétaire, tant ses registres furent variés. Il y avait de quoi, vers 90 ans, perdre un peu la tête et s’endormir paisiblement dans son sommeil…sans pistolet sous l’oreiller.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le fabuleux destin de Sir Sean

Pour George Lucas, il a accepté de quitter sa retraite et de reprendre le chemin des studios d’Hollywood. Sean Connery a retrouvé le personnage d’Henry Jones Sr. pour le quatrième volet des aventures d’Indiana Jones, qui devrait clôturer une carrière de cinquante ans et soixante-cinq films. Pourtant l’inoubliable James Bond n’était pas destiné à connaître un parcours aussi incroyablement mouvementé. Issu d’un milieu modeste, sa vie semblait toute tracée. C’était compter sans le destin, qui en a décidé pour le moins autrement…A Edinburgh, au début des années 30 en pleine Dépression, le jeune Thomas Sean Connery grandit dans des conditions précaires, au sein d’une famille d’ouvriers, dans un logement où les robinets ne délivrent que de l’eau froide. Pour subvenir à ses besoins, il accepte des petits boulots dès l’âge de neuf ans comme livreur de lait, maçon, vernisseur de cercueils…Evoquant ses jeunes années, l’homme est philosophe…Ce qui m’étonne toujours, c’est que peu importe la difficulté de la situation dans laquelle se trouve un enfant, il ne la considère pas comme difficile. Je ne pense pas que l’on en ait vraiment conscience lorsque l’on est petit car on n’a pas d’élément de comparaison.

 

 

 

 

 

 

Adolescent courageux et lucide, il raconte…J’ai laissé tomber l’école à 13 ans, et j’ai quitté l’Ecosse à 16 parce que je n’avais de qualification pour rien, si ce n’est pour rejoindre la Marine. Il s’engage donc dans la Marine Marchande et se fait tatouer « Scotland Forever » et « Mum and Dad » sur le bras droit. Mais atteint d’un ulcère à l’estomac, il rentre à Edinburgh au bout de trois ans doté d’une pension d’invalidité. Amoureux de la terre de ses ancêtres et pratiquant l’autodérision avec facilité, il n’hésite pas à confier les petits travers de ses compatriotes…Il y a beaucoup de clichés sur l’Ecosse avec les sablés en boîtes de conserve et le reste…Mais nous, les Ecossais, nous aimons penser avoir inventé tout ce qui valait le coup, de la télé à Dolly, la brebis clonée. Depuis son séjour dans la Marine Marchande cependant, le jeune Thomas Sean n’a plus qu’une envie, celle d’explorer le monde. Doté d’un physique plus qu’avantageux, il devient modèle nu pour la gent estudiantine en art d’Edinburgh, et tourne plusieurs publicités. A Londres en 1953, il concourt du haut de son mètre 88 pour le titre de Mr. Univers et arrive en troisième position. Puis il décroche une place dans la chorale des marins-chanteurs pour la « South Pacific », une production itinérante. Oubliant son premier prénom, et quelques épisodes de séries TV plus tard, il joue un rôle de boxeur dans la version TV de la B.B.C. Requiem for a Heavyweight, en 1957. Il incarne ensuite l’amant de Lana Turner dans Je pleure mon amour au cinéma une courte apparition puisqu’il se fait descendre dès les premières 15 minutes du film…Début de sa fabuleuse carrière se profile lorsqu’on lui propose d’être l’incarnation cinématographique d’un espion créé par Ian Fleming, un certain James Bond. Au départ, l’écrivain londonien ne trouve pas l’acteur assez raffiné pour le rôle et lui préfère Cary Grant. Mais devant le talent évident de Sean Connery, le père de 007 finit par s’incliner. Premier film d’une longue lignée, Dr No marque en 1962 le début de ce qui va devenir une longue et lucrative franchise. De tous les James Bond, le favori de l’acteur est Bons Baisers de Russie…Ce film avait tous les ingrédients de ce genre de production, un lieu quelque peu exotique et mystérieux, la Turquie, une histoire solide et des personnages très intéressants. Les histoires trop spatiales ou technologiques, ce n’est pas mon truc. Mais si l’agent 007 devient une icône grâce à son interprète, ce rôle reste une entrave pour l’acteur. On l’identifie trop à ce personnage, les offres de rôles se font plus rares pendant un bon moment…Si vous étiez de ses amis des premières heures, il ne fallait pas aborder le sujet « Bond », se rappelle son ami Michael Caine. Sean était, et est toujours, un bien trop bon acteur pour se contenter de Bond. En 1987, on lui décerne un Oscar pour son rôle de Jim Malone dans Les Incorruptibles de Brian de Palma. De quoi lui permettre de rebondir et de changer d’image.

 

Quelques années auparavant, en 1975, harcelé par les impôts, Sean Connery décidait de quitter Londres…J’étais dans la tranche des 98 % et mon comptable était complètement désorganisé. J’ai donc choisi d’être non-résident et de quitter le Royaume-Uni, même si j’y reviens souvent. Mais les chiens aboient et la caravane passe…Tout semble être pardonné depuis que l’acteur, vêtu du costume des Highlands tartan vert écossais des MacLeod a été anobli par la reine Elizabeth II au Hollywood Palace d’Edinburgh en 2000. Micheline, sa femme, et Neil, son frère, étaient à ses côtés…Ca a été l’un des plus beaux jours de ma vie, et que cela se soit passé en Ecosse était très important. Féru de golf, sa destination favorite reste le parcours public de St. Andrews, dans le comté de Fife en Ecosse. C’est d’ailleurs lors d’un tournoi au Maroc qu’il rencontre une peintre française qui va devenir sa femme, Micheline Roquebrune…J’avais gagné le tournoi masculin, et Micheline le tournoi féminin. Mais à l’époque, nous étions tous les deux mariés chacun de notre côté. Qu’importe ! Marié depuis 1962 à Diane Cilento, mère de son fils Jason, il divorce en 1973 et épouse Micheline deux ans plus tard. Problème… la barrière de la langue pose problème…J’aime être en France, mais je n’ai aucun don pour les langues. Malheureusement, je ne parle pas français, alors que ma femme est parfaitement bilingue. Honte à moi ! Les Français ont un lien celte avec les Ecossais et les Irlandais bien que les Irlandais semblent avoir plus d’affinités avec eux que les Ecossais. Par le biais de leur cuisine et de leur langue, les Français sont beaucoup plus sophistiqués et beaucoup plus évolués.

 

 

 

 

Citoyen du monde…

 

Sean a élu domicile aux Bahamas, mais aussi à Marbella sur la Costa del Sol. Pendant plusieurs années, les Connery vécurent dans cette maison qu’ils adoraient, sous le soleil d’Espagne, avant de trouver que ces rivages devenaient par trop fréquentés. Autre lieu qu’affectionne le couple c’est New York…Sacrée ville ! Je suis toujours content de séjourner à New York. Et je dois avouer que les gens sont presque trop amicaux…De la Big Apple illuminée par des centaines de milliers de néons à Las Vegas, il n’y avait qu’un pas. L’acteur apprécie le faste et la fascination qu’exerce la capitale du jeu…A mon avis, Las Vegas doit être la ville la plus festive que j’aie jamais connue. Bien plus encore qu’Hollywood…Mais l’homme aime les contrastes et, quittant la frénésie des mégapoles américaines, l’une de ses expériences les plus exotiques eut lieu au cour de la campagne japonaise...Nous étions sur le tournage de On ne vit que deux fois, je séjournais dans un petit hôtel où l’on dort sur de minuscules nattes et des sacs de haricots. Lorsque j’ai demandé la possibilité de prendre un bain, l’hôte des lieux m’a conduit auprès d’un merveilleux bain de vapeur. Je me suis glissé dans l’eau quand, soudain, est apparue une femme nue au milieu du bassin. Elle s’est retournée et s’est assise en face de moi en me fixant. Et au moment où je me demandais ce qu’il allait encore se passer, un type plus jeune nous a rejoints. Nous étions trois dans un espace triangulaire devenu trop étroit. C’était trop pour moi et je suis parti, mais j’ai rougi comme jamais auparavant.

 

 

A l’aube de ses 77 ans, et cinq ans après avoir déclaré vouloir prendre sa retraite, le séduisant acteur a accepté une dernière croisade en 2008, reprenant l’un de ses rôles les plus appréciés. Lorsque George Lucas, producteur d’expérience, lui a proposé de tourner le quatrième volet des aventures d’Indiana Jones, dans lequel Sean Connery a une nouvelle fois prêté ses traits au Dr. Henry Jones Sr., le père du légendaire et intrépide archéologue incarné par Harrison Ford. Et qu’importe leurs 14 années d’écart ! Sean Connery parle de la saga comme…D’une sacrée belle expérience, pleine d’entrain et d’amusement, peut-être le meilleur des tournages que j’ai connu. Et s’éloigner de sa confortable maison de Nassau n’a pas eu l’air de lui poser le moindre souci…De nos jours, c’est la folie dans les villes cosmopolites. Où que ce soit dans le monde, je n’ai pas encore trouvé l’endroit idéal où demeurer à vie. Le meilleur de ma vie est dans le mouvement. J’attends avec impatience de pouvoir partir ». Elu « Senior le plus sexy » de la planète, l’homme est autant apprécié du public que de ses pairs, Steven Spielberg n’hésitant pas à dire de lui...Il y a sept véritables stars dans le monde aujourd’hui, et Sean est l’une d’entre elles.