UNIVERS UNIQUE EN DANGER !
Lac d’eau douce situé dans les montagnes de l’État shan, dans l’Est de la Birmanie. Une surface estimée de 12 000 hectares, et un des plus hauts, à 884 m. Sa profondeur moyenne n’est que de 2,10 m à la saison sèche (profondeur maximale : 3,60 m) mais elle peut dépasser 4 m à la saison des pluies. Son bassin versant, relativement grand, se trouve à l’ouest et au nord. Son exutoire est la Nam Pilu (ou Balu Chaung) à son extrémité sud. Il y aussi une source chaude près de sa berge nord. Le lac Inle abrite de nombreuses espèces endémiques, notamment plus de 20 espèces de gastéropodes et neuf espèces de poissons. L’augmentation de la population, l’affluence touristique, la déforestation, l’intensification de l’agriculture et l’invasion de la jacinthe d’eau dégradent cependant l’écosystème du lac. En 2015, le lac Inle est reconnu « Réserve de biosphère par l’Unesco ».
La population (70 mille personnes) est constituée principalement d’Inthas et d’autres Shans, de Taungyo, Pa-O (Taungthu), Danus, Kayah, Danaw et Birmans. Ils sont bouddhistes. Vivent dans quatre villes au bord du lac, dans de nombreux petits villages sur ses berges et sur le lac lui-même, dans des maisons de bois et de bambou tressé sur pilotis. Ils sont surtout pêcheurs et fermiers. Les transports sur le lac se font par bateau moteur. Les pêcheurs rament d’une façon unique, debout sur une jambe à la poupe et l’autre enroulée autour de la godille cependant les femmes rament de la manière courante, à la main, assises les jambes croisées à la poupe. Les poissons pêchés dans le lac (le plus abondant est la carpe) sont une des bases de l’alimentation. Un plat courant est un mélange de riz fermenté et de poisson et/ou de pomme de terre, servi avec du tofu birman frit deux fois. Les habitants cultivent aussi des légumes et des fruits sur des jardins flottants. Ceux-ci sont formés de racines extraites des parties les plus profondes du lac, qui sont rassemblées en « nappes » ancrées par des piquets de bambous. Ces jardins montent et descendent avec le niveau de l’eau, ce qui leur permet de résister aux inondations. Ils sont extrêmement fertiles, grâce à l’eau chargée de nutriments. Le riz est aussi cultivé sur les berges.
Les habitants fabriquent de nombreux produits traditionnels, dont ils font commerce. Ce sont des outils, des objets sculptés et ornementaux, des textiles. Le marché local est itinérant, il tourne cinq jours dans cinq lieux différents. Le jour où il a lieu sur le lac lui-même, c’est un véritable « marché flottant » qui attire beaucoup de touristes. La région du lac est renommée pour ses tissages. Les sacs Shan, utilisés quotidiennement par de nombreux Birmans, sont produits en grande quantité. Les soieries artisanales sont réputées pour leur qualité, particulièrement les longyi aux motifs particuliers, dits Longyi d’Inle. Le kya thingahn (robe de lotus) est un tissu fabriqué uniquement sur place à partir de fibres de lotus et utilisé pour fabriquer des robes pour les statues de Bouddha.
Le lac souffre de l’augmentation de sa population. Sa surface a diminué, les collines environnantes ont été déboisées pour le bois de chauffage. Cette déforestation et l’augmentation de l’agriculture sur son bassin versant ont augmenté l’apport de vase et de nutriments : la vase comble le lac et les nutriments favorisent la croissance des plantes et des algues et pourrait provoquer un phénomène d’eutrophisation. Les jardins flottants eux-mêmes diminuent la surface du lac, à mesure que leur support se transforme en sol. La jacinthe d’eau, originaire du Brésil, pose aussi un problème majeur. Elle obstrue les canaux et couvre de larges surfaces du lac, privant les plantes et les animaux de la lumière du soleil. Des campagnes de lutte mécanique à grande échelle ont eu lieu depuis vingt ans, avec un certain succès. Les efforts d’éducation de la population et d’autres mesures de contrôle ont aussi porté leurs fruits. À un moment, tout bateau arrivant à Nyaung Shwe depuis le lac était ainsi tenu d’apporter une certains quantité de jacinthes d’eau. Un autre problème est l’introduction d’espèces piscicoles étrangères, comme la carpe. L’assainissement des villages autour du lac est aussi une cause de souci pour les officiels de la santé : les eaux usées vont directement dans le lac. Pour leur apporter une eau saine, certains villages ont maintenant des puits isolés.