Son histoire, son Oeuvre.

Antoine de Saint-Exupéry est une personne mal connue en dehors du Petit Prince, qu’il s’agisse de son œuvre littéraire, de sa place parmi les pionniers de l’aviation, ou de son engagement humaniste et philosophique. Pilote et écrivain, il est toujours l’un et l’autre. Sa personnalité présente pourtant de nombreuses autres facettes comme…Journaliste, explorateur, inventeur, économiste…toutes tournées vers le même idéal humaniste.

 

 

 

 

Il voit le jour à Lyon, le 29 juin 1900 dans une famille issue de la noblesse française. Il est le troisième d’une famille de cinq enfants dont le père meurt prématurément d’une attaque cérébrale, alors qu’il n’a que quatre ans. Antoine est un enfant distrait et turbulent. A neuf ans il déménage au Mans. Elève chez les jésuites, il est doué mais inconstant, préférant la poésie à l’ingratitude du travail scolaire. Élève médiocre, il est décrit comme indiscipliné et rêveur. Il est attiré par l’ailleurs, le lointain, l’aventure, cherchant depuis l’enfance à échapper à son milieu aristocratique. Il obtiendra toutefois à treize ans le prix de narration de son collège pour l’une de ses rédactions. Son enfance n’est cependant pas épargnée par les drames. En 1917, son frère François décède dans ses bras, à quatorze ans, des suites d’un rhumatisme articulaire. C’est pour Antoine un véritable choc qui signera la fin de l’enfance et d’une certaine insouciance. Le rêve d’Antoine de Saint-Exupéry est de pouvoir un jour voler comme un oiseau ! Il est fasciné très tôt par les nouveaux héros de l’aviation. Il n’a pas dix ans lorsqu’il fabrique une machine volante de son invention, une « bicyclette à voile » qu’il confectionnera avec l’aide du menuisier du village. Il effectue son baptême de l’air à douze ans. Sa passion pour les avions ne le quittera plus…

 

Les bombardements de Zeppelins allemands sur Paris en 1918 impressionnent le jeune Saint-Exupéry, alors interne à pour préparer le concours de l’École Navale. Il est alors convaincu de l’efficacité de la guerre lorsque celle-ci est menée dans les airs. Au moment de son service militaire, en 1921, Antoine choisit évidemment l’armée de l’air. Mais avant d’être admis pilote, il est dans un premier temps affecté au sol à l’entretien des appareils et de la piste. Dès ses premières sorties, il fait preuve d’étourderies, de négligence des consignes et de refus de la discipline. Il égare ses lunettes, perd le contrôle de son appareil au décollage, lâche ses bombes (factices) au mauvais endroit, rate un objectif parce qu’il a oublié un crayon…Gagnant ainsi une réputation de « briseur d’avions ». Il découvre malgré tout la beauté des paysages vus du ciel et la solitude qui nourrissent son monde intérieur.

 

 

Avant de devenir une légende de l’aéropostale, Saint-Exupéry se cherche…Echec à l’école navale, dilettantisme aux Beaux-Arts…Le souvenir illuminé d’un baptême de l’air à 12 ans le pousse à accomplir sa conscription en 1921 dans un régiment d’aviation à Strasbourg. Il est embauché en 1926 par Latécoère, un industriel convaincu de l’intérêt de l’aviation pour le transport du courrier. Il met alors sa vie en péril pour transporter des lettres d’un continent à l’autre, honorant ainsi la noble mission consistant à entretenir des liens entre les personnes que les circonstances ont séparées. Rejoint en 1929 Jean Mermoz en Amérique du Sud pour développer l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. Dans Vol de nuit (1931), prix Femina et immense succès, il raconte ses années en Argentine. Distrait et indiscipliné, il oublie de faire le plein, de verrouiller une porte qui se détache en plein vol…On le surnomme « Pique la Lune ». En 1935, il s’écrase dans le désert pendant un raid Paris-Saïgon…Je me suis retrouvé pris dans les sables comme dans une glu et j’ai cru en mourir, Terre des Hommes (1939). Après trois jours d’errance sans eau, il est sauvé par des Bédouins. 

 

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Dès 1932, il travaille pour Marianne, Paris-Soir et L’Intransigeant…Voyage au Vietnam, en Russie, suit la guerre d’Espagne…Cet humaniste en rentre bouleversé en 1936…Les hommes ne se respectent plus les uns les autres. On se fusille comme on déboise. Pour Paris-Soir, il retourne à Madrid et y rencontre Kessel, Hemingway, Dos Passos. Ses réflexions politiques et philosophiques, consignées dans des calepins, seront éditées dans ses Carnets (1953). En Allemagne, il constate la montée du nazisme. Après les accords de Munich en 1938, il prédit l’imminence de la guerre.

 

 

 

 

Devenu chef de l’Aéropostale argentine, il rencontre Consuelo Suncin fin 1930 à Buenos Aires. Belle et excentrique, cette veuve salvadorienne passionnée de peinture a vécu en Californie, au Mexique et à Paris avec l’avant-garde littéraire. Ils se marient le 21 avril 1931. Leur correspondance dévoile quatorze années d’une relation intense compliquée d’infidélités. Consuelo songe à divorcer. Après la débâcle de 1940, Saint-Exupéry s’exile à New York…Il veut convaincre les Américains de rentrer en guerre. Tiraillé entre ses maîtresses et Consuelo restée en France, frustré de ne pouvoir combattre et en complet décalage avec les expatriés, il va mal. Fin 1941, Consuelo le rejoint. Le Petit Prince naîtra l’été 1942 dans leur maison de Long Island…Sa fleur, c’était moi. Lui, c’était le Petit Prince. Il avait une fleur à soigner, une fleur qui craignait les courants d’air, Cette rose toussait beaucoup et le tourmentait, alors il s’enfuyait avec des oiseaux migrateurs c’était quand il partait pour ses grands voyages et que je restais à m’angoisser.

 

 

 

 

 

 

En 1943, l’écrivain est exilé aux États-Unis. Il habite dans une grande maison à Long Island, avec sa femme. « La maison du Petit Prince », dira plus tard Consuelo. La rose, ce serait elle. Plusieurs histoires entourent la genèse de ce conte…Il l’aurait écrit à la demande de son éditeur américain, voyant un dessin du Petit Prince par Saint-Exupéry. Une autre version prétend que Saint-Exupéry, chagriné par la mort de son frère François, qu’il nommait « le roi soleil » dans l’enfance, porte ce « petit bonhomme dans le cœur » depuis des années. Le Petit Prince sort en 1943 en anglais et en français. Gallimard le publie en France à titre posthume en 1946. Devenu immédiatement un phénomène littéraire, ce conte, écoulé à plus de 200 millions d’exemplaires, figure parmi les livres les plus vendus au monde et les plus traduits en 587 langues, après la Bible.

 

 

 

 

 

Accablé par le poids de la guerre et par l’échec de sa mission diplomatique aux Etats-Unis, malade, blessé lors de précédents accidents, on le juge trop vieux à 44 ans pour piloter les nouveaux engins rapides. Il s’entête et les Américains l’autorisent finalement à voler il intègre les troupes alliées une semaine après la publication du Petit Prince…Alger à partir du 13 avril 1943, il effectue des survols de reconnaissance pour renforcer la stratégie militaire contre l’invasion allemandeSi je suis descendu, je ne regretterai absolument rien, j’irai jusqu’au bout, soit vers la fin de la guerre soit à la mort. Le 31 juillet 1944, le commandant Antoine de Saint-Exupéry, 44 ans, quitte dans son Lightning P38 l’aérodrome de Borgo, en Haute-Corse, pour une mission de reconnaissance en Savoie. Il ne regagnera jamais la base. Déclaré « mort pour la France ». Sa disparition reste un mystère. Les hypothèses les plus diverses circulent sur sa disparition, jusqu’à la découverte en 1998, d’une gourmette à son nom remontée dans les filets d’un pêcheur au large de Marseille. Deux ans plus tard, un plongeur archéologue marseillais, Luc Vanrell, retrouve l’épave du Lightning F5-B 223, près de l’île de Riou, entre Marseille et Cassis. Les morceaux de l’épave sont remontés à la surface trois ans plus tard et un numéro de série sur la carlingue permet d’identifier définitivement l’appareil.

 

 

 

 

Des débris d’un Messerschmitt allemand retrouvés près de l’épave, orientent alors l’enquête vers l’Allemagne.Les dernières révélations datent de 2008, lorsque l’auteur des tirs, sort de l’ombre. « Vous pouvez arrêter de chercher c’est moi qui ai abattu Saint-Exupéry », confie à Luc Vanrell, Horst Rippert, retrouvé après de longues recherches. En poste en Provence deux semaines avant le débarquement de Provence, l’aviateur allemand explique que c’est en regagnant sa base qu’il a aperçu un avion d’observation Lightning P-38 volant vers Marseille, trois mille mètres au-dessus de lui. « Le pilote, je ne l’ai pas vu. C’est après que j’ai appris que c’était Saint-Exupéry », expliqua Horst Rippert, décédé aujourd’hui. Très affecté, il avait confié avoir « espéré que ce n’était pas lui », car, « dans notre jeunesse nous l’avions tous lu, on adorait ses bouquins ». Saint-Ex avait en effet suscité de nombreuses vocations parmi les pilotes allemands…« C’est pourquoi l’Allemagne a fait profil bas », selon M. d’Agay pour lequel le témoignage de Rippert « est crédible à 90%. Saint-Ex était le pilote à ne pas abattre », renchérit Luc Vanrell certain que les Allemands « ont su très tôt qu’il s’agissait de Saint-Ex ». Une question n’a pas trouvé de réponse: que faisait Saint-Ex, envoyé en mission en Savoie au large de Marseille ? Pour M. D’Agay, « il n’a pas pu effectuer sa mission en raison de mauvaises conditions météorologiques et a décidé de survoler la zone de Toulon et Marseille, sans doute pour faire des repérages pour le débarquement de Provence qui aura lieu en août. S’il a pris des photos, elles auraient été très utiles. Il a pris des risques, il le savait ». Une hypothèse partagée par Luc Vanrell. Faute d’effectuer sa mission savoyarde, Saint-Ex a pu choisir de se déplacer vers l’Ouest, du côté de Hyères, une zone extrêmement surveillée par l’armée allemande. Rippert aurait été spécialement envoyé en mission depuis la base de Marignane. Et il a détruit l’avion après avoir tenté une manoeuvre d’intimidation. Rippert « annonce aussitôt sa victoire dans un message intercepté par les Américains. Mais les informations ne sont pas transmises aux Français », notamment pour des problèmes de langue, explique Luc Vanrell. L’avion repêché en 2004 au large de Marseille. Les morceaux de l’avion de l’auteur du « Petit Prince » et de « Pilote de guerre » ont été remis en juin 2004 au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. La ville de Cassis rend hommage, le 31 juillet, avec la participation de la Patrouille de France, à « l’immense écrivain, le pilote, mort pour son pays » qui « 70 ans après sa disparition propose toujours des repères et nourrit la réflexion sur les questions qui se posent au monde contemporain », selon le maire de Cassis, Danielle Milon.

 

 

 

 

 

LITTERATURE avec SAINT-EXUPERY

 

Il se consacre au journalisme en entreprenant de grands reportages en Indochine tout d’abord (1934, une mission pour Air France en tant qu’employé au Service de la Propagande. Indochine où réside en outre sa sœur Simone), à Moscou (1935) et en Espagne (1936), qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes. Alors que ces homologues fréquentaient les milieux à la mode, notamment Saint Germain des Prés, Antoine de Saint-Exupéry écrit sept ouvrages (publiés entre 1926 à 1943) au rythme de ses escales et entre deux terrains d’aviation…N’ayant pas suivi d’étude littéraires, Saint-Exupéry doute régulièrement de ses compétences d’écrivain et de sa légitimité. Il rature, griffonne et retravaille sans cesse sa phrase. Il dit de lui…Quand j’écris, je suis persuadé que le livre est bon. Quand j’ai fini, je suis persuadé qu’il ne vaut rien. D’autres ouvrages seront publiés après sa mort, tels que Citadelle (1948) Carnets (1953) Lettres à sa mère (1955) Lettres à l’inconnue (2008)



 

 

L’Aviateur /1926 – Le premier texte édité, fragment qui servira de matériau pour son prochain livre.

 

Courrier sud /1929 – Saint-Exupéry raconte sa propre expérience et ses propres émotions de pilote.

 

Vol de nuit /1931 – Obtient le prix Femina et le consacre comme homme de lettres. Le personnage principal, Rivière, est inspiré par son chef Didier Daurat. Il donne vie à un chef qui sait pousser ses hommes au bout d’eux-mêmes pour la réalisation de leur mission. Valeurs de devoirs et de responsabilité de la tâche à accomplir pouvant aller jusqu’au sacrifice.

 

Terre des hommes /1939 – Obtient le Grand prix du roman de l’Académie française. Suite de récits, de témoignages et de méditations accumulés lors des nombreux voyages de Saint-Exupéry. Hommage à l’amitié et à ses amis Mermoz et Guillaumet.

 

Pilote de guerre /1942 – Récit de missions effectuées par Saint-Exupéry destiné à montrer aux américains que la France s’est courageusement défendue contre l’invasion allemande en 1940, malgré ce que laissait penser certaines voix et la rapide signature de l’armistice. Ce livre sera censuré une première fois par les pétainistes et la censure allemande en 1943 puis, en décembre 1943, le Général de Gaulle interdira sa publication en Algérie fortifiant ainsi le dédain de Saint-Exupéry envers ceux qu’il appelle les « super-patriotes »…

 

Le Petit Prince /1943 – Voyant Saint-Exupéry dessiner régulièrement un curieux petit personnage, son éditeur américain lui propose d’écrire un conte de Noël pour enfants. Ce célèbre conte philosophique est publié en 1943 à New York puis en France en 1946, soit deux ans après la mort de son auteur. 

 

 

 

 

 

Il est impossible de parler d’Antoine de Saint-Exupéry sans évoquer les femmes qui ont joué un rôle majeur dans sa vie. Sa mère tout d’abord, à qui il reste fidèle toute sa vie et ne cesse jamais d’écrire. Louise de Vilmorin par la suite, qui fut le premier grand amour de Saint-Exupéry. Antoine éprouve des sentiments sincères pour celle qui surnomme « Loulou » . Pourtant tout semble opposer les Vilmorin, riche famille de grenetiers, aux Saint-Exupéry provinciaux et sans grande fortune. Madame de Vilmorin considère d’ailleurs Antoine comme un parti peu brillant. Malgré tout, Antoine et Louise se fiancent en 1923 et le mariage est programmé pour la fin de l’année. Ne s’imaginant pas future veuve, Louise demande à son futur mari de renoncer à sa passion l’aviation. Il accepte, toutefois les fiançailles sont rompues après seulement quelques mois, plongeant Antoine dans une grande tristesse. Cette expérience amoureuse lui inspire le personnage de Geneviève dans Courrier Sud. Il continuera de lui écrire durant de nombreuses années et ne l’oubliera jamais.

 

Antoine de Saint-Exupéry rencontre Nelly de Vogüé en 1929 chez Louise de Vilmorin dont elle est une amie. Une liaison s’engage entre Antoine et Nelly, cette dernière offrant à Antoine une stabilité qui mène alors une vie décousue et aventureuse. Elle deviendra une amie intime et une confidente toujours présente, allant jusqu’à retrouver Saint-Ex à New York en 1938 ou le rejoindre à Alger en 1943. Dans le même temps, Antoine de Saint-Exupéry rencontre Consuelo de Suncin, fin 1930, avec qui il se marie le 22 avril 1931. Leur liaison sera passionnelle et chaotique, truffée d’adultères de part et d’autre, ponctuée par les brouilles et les réconciliations. De leur rencontre à Buenos Aires jusqu’à l’été 1944, le couple entretient une correspondance témoignant de leur union aussi inaliénable qu’irréalisable.

 

Il rencontre Sylvia Hamilton, une jeune journaliste new yorkaise au début de l’année 1942. Antoine ne parle pas anglais, elle ne parle pas le français…Nouent toutefois une amitié amoureuse brève et intense. Il travaille à son livre Le Petit Prince et, pour l’illustrer, effectue des dessins et pour modèle son chien, ses peluches ou Sylvia elle-même. D’après Sylvia, la célèbre phrase du renard « on ne voit bien qu’avec le cœur » , lui est adressée. Lorsqu’il la voit pour la dernière fois avant de quitter l’Amérique en avril 1943, Antoine lui laisse ce qu’il a de plus précieux au monde…Son appareil photo et le manuscrit du Petit Prince acquis plus tard par la Morgan Library de New York.