1986-Dieu ? Impitoyable…

Dans les années qui précèdent la réalisation de The Mission, le clergé chrétien catholique va par la voie de son pape Jean-Paul 2, prendre des décisions marquantes en ce début des années 80. Pedro Arroupe, supérieur général de l’ordre des Jésuites (1965-1983) va redonner un nouveau souffle à l’ordre vieux de plusieurs siècles. Missionnaire dans l’âme il va mettre en place un système d’aide aux plus démunis et plus particulièrement en Amérique du Sud. Il sera également à l’avant-garde de la nouvelle théologie de la Libération qui prône la possibilité d’être chrétien et révolutionnaire en Amérique Centrale et Latine. Ces actions vont le conduire à se mettre à dos la curie romaine et particulièrement le pape. Après sa thrombose qui le laissera paralysé et muet pour le reste de sa vie, il faut élire un nouveau dirigeant pour l’ordre. Mais Jean-Paul 2 refuse la nomination d’un jésuite au profit d’un homme plus proche de ses convictions. S’en suivent des protestations jésuites en France et aux USA contre la prise de pouvoir du Pape dans l’ordre.

 

 

 

 

1- L’ÉGALITÉ DES HOMMES FACE À DIEU

 

Lors de la Controverse de Valladolid (1550-1551), Las Casas (Dominicain ayant vécu dans le nouveau monde) et Sepulveda (spécialiste d’Aristote et jésuite) s’opposent. Las Casas s’emporte dans un écrit contre les exactions commises par les soldats de Cortès et Pivaro qui massacrent les indiens. Pour autant les cours espagnol et romaine promulguent des lois contre l’esclavage, mais ses lois ne sont pas suivies d’effet. En permanence, le jeu entre le prescrit et le vécu se joue par des groupes de pression interposés et des retours se font sur le vieux continent. Sepulveda reprend les arguments d’Aristote pour justifier l’esclavage des indiens. Arguments antiques qui deviennent religieux. La question étant celle de l’âme. Les indiens sont anthropophages donc selon les européens ils ne sont pas des hommes. Las Casas ne part pas d’Aristote mais du Nouveau Testament, tous les hommes sont égaux devant Dieu. Et ils prouvent qu’ils ont une âme grâce à leurs arts, leur qualité musicale. Finalement, les indiens sont dotés d’une âme, à la différence des africains noirs. La pénétration jésuite chez les Guaranis est pacifique toutefois elle coûte cher à la compagnie, près de 200 jésuites impliqués dans les réductions (village/paroisse), une trentaine trouveront la mort. Dans le film Père Gabriel parvient à entrer en contact avec les Guaranis grâce à la musique.

 

INCULTURATION…Terme du XIXe. Guarani développe un goût particulier pour la musique et la création d’instruments. Fonctionne dans ce sens, mais aussi dans l’autre. Les Jésuites apprennent le guarani et composent un lexique et une grammaire. Contribuent à préserver une culture orale. Première population à être quasiment alphabétisée (pas du tout le cas en Europe). La population guarani, qui était semi-nomade devient sédentaire, elle utilisait de la peinture. Les jésuites apportent la construction en dur, les églises plus l’élevage, culture céréalière et herbe, l’hygiène avec le vêtement au fur et à mesure du film les guaranis sont vêtus de leurs habits traditionnels puis de blanc. A l’inverse, les jésuites acceptent la nudité, mais les poussent vers la monogamie, imposent également la fin de l’anthropophagie. Les guaranis n’ont pas de règles dans l’organisation de la journée. Répartition du temps travail/sans travail mais également prière. Acceptation de la situation car le temps sans travail reste important dans le quotidien guarani, de fait le travail n’est pas considéré comme imposé.

 

A l’époque où le film est tourné, il y avait peu de démocratie en Amérique du Sud, les rapports extrêmes gauche/extrême droite (catholique) sont très compliqués. L’impérialisme capital, de la fin 70 et début 80 des USA, est de plus en plus remis en cause. La place de l’Eglise (héritière de ses jésuites) dans ce monde est remise en cause. Dans le film, le légat du pape a le choix entre conserver ses villages jésuites ou les supprimer sur demande royale…Portugaise et Espagnole avec le Traité des Mythes, qui permet aux Portugais d’étendre leurs possessions, le Pape est sous la pression des deux empires très catholiques. L’Amérique du Sud est concernée tout comme l’Europe car les Turcs sont aux portes de Vienne, l’hérésie protestante se développe dans le Saint Empire Romain Germanique. Le légat visite la réduction jésuite la plus ancienne pour prouver qu’elle réponde à la conception néo-chrétienne. La visite met en évidence deux aspects, religieux et économique. Les domaines économiques appartiennent aux indiens avec mise en commun avec la communauté, chacun produit ce qu’il peut et chacun reçoit ce dont il a besoin. Cela marche tellement bien qu’ils payent l’impôt et font concurrence à d’autres plantations qui emploient des esclaves. Ces communautés attirent également des esclaves d’autres plantations, ce qui met en danger l’économie et la politique locale appliquée par les Portugais qui pratiquent une forme d’esclavage.

 

 

 

 

 

 

ROLAND JOFFE

 

Britannique est né en 1945. A 40 ans il réalise son premier long métrage, La Déchirure en 1984 et remporte trois Oscars. Le film est la fresque dramatique d’un Cambodge mutilé après l’invasion de Phnom Penh par les Khmers rouges, à travers l’histoire d’amitié qui va lier un journaliste américain à son assistant local. Joffé s’impose dès lors comme un cinéaste engagé, désirant avant tout montrer la vérité. Ce même souci lui fait réaliser l’année suivante le bouleversant film Mission, peinture subtile de la conquête et de la domination portugaise et espagnole sur le Nouveau Monde au xviiie siècle. Le film tourné en décors naturels…Colombie, Brésil, Argentine, Paraguay et dans des studios anglais. Porté par Jeremy Irons dans le rôle d’un prêtre catholique et Robert De Niro en mercenaire espagnol, The Mission reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes en 1986. Roland Joffé aime à découvrir des univers totalement différents tout en mettant en exergue des destins d’exception.

Ses deux premiers films sur les 13 réalisés restent les plus beaux et les plus marquants de sa carrière.

 

 

En 1991, La Cité de la joie nous fait découvrir la misère des enfants des rues de Calcutta à travers le parcours d’un chirurgien américain parti en Inde chercher un sens à sa vie. Dans Les Amants du nouveau monde (1995), l’histoire douloureuse d’une jeune femme tombée enceinte pour l’amour d’un pasteur sert de canevas à une peinture de l’Amérique intolérante et puritaine du xviie siècle. Le réalisateur abandonne un temps les « films historiques » le temps de tourner Goodbye Lover (1999), thriller teinté d’humour noir mais y revient vite avec Vatel. Là encore, Roland Joffé se penche sur la misère de l’Homme en ressuscitant la cour de Louis XIV et le plus célèbre cuisinier de l’Histoire que sa trop grande conscience professionnelle poussa jusqu’à la mort. Depuis l’an 2000 il a réalisé 5 autres films sans retrouver le souffle des deux premiers.

 

 

 

 

Comme beaucoup des réalisations de Roland Joffé, le film est centré sur des personnages forts qui portent la dramaturgie du film. Ici, Jeremy Irons/Père Gabriel et Robert de Niro/Rodrigo Mendoza incarnent deux facettes de la religion chrétienne catholique. Le premier est un jésuite, musicien qui part en mission d’évangélisation et qui face à des décisions terrestres va se réfugier dans la prière afin de sauver sa création. Le second, noble, né avec les exigences de son temps, va profiter des faiblesses du pouvoir dans le nouveau monde pour s’enrichir. Sa vie le poussera à assassiner son frère par jalousie, afin de retrouver sa place au Paradis, il va rentrer dans l’ordre jésuite qui le conduira à aider ceux qui autrefois étaient ses proies. Finalement, le monde le retrouve et il est poussé à reprendre les armes afin de défendre son nouvel idéal de vie.

 

 

 

 

 

 

UNE UTOPIE…?

 

Définition…Un récit utopique invente une société idéale située dans un pays imaginaire. On peut considérer le récit utopique comme une variante généralement longue de l’apologue. En effet, l’invention d’une société idéale vise généralement à critiquer indirectement la société réelle. Tout récit utopique soutient plus ou moins explicitement une thèse politique. Les missions jésuites sont présentées dans le film comme un exemple réussi, pacifique et harmonieux de colonisation, elles constituent des micro-sociétés totalement harmonieuses, sans conflits internes, où toutes les conditions semblent réalisées pour l’épanouissement des êtres humains. Certes, l’histoire est basée sur des faits réels. Mais l’éloignement géographique et historique confère au sujet une dimension mythique, qui confine à l’imaginaire. Une Utopie ?

 

Les indiens ne sont pas esclaves, ils sont libres de venir et de partir. Leur système tribal est respecté, le roi reste le roi, leur culture aussi et les prêtres se soumettent partiellement aux coutumes indiennes. L’édification de la mission semble négociée par la douceur mais pas imposé par la violence, 90 % des bénéfices du commerce sont restitués aux indiens, ce bénéfice est également réparti entre les indiens, pas de propriété privée, référence aux premiers chrétiens, accès des indiens à une véritable éducation…Musique, artisanat, agriculture, et même accession à des responsabilités. Le film se présente comme un éloge des Jésuites, contre les attaques dont ils ont été l’objet au 18ème siècle de la part des pouvoirs et aussi des philosophes. Il pose le problème de la colonisation. Il soutient qu’il y avait une autre forme de colonisation et d’évangélisation possible que celle qui a été pratiquée. Il présente les valeurs chrétiennes véritables comme un rempart contre l’oppression économique et politique tout en reconnaissant que ces valeurs n’ont pas toujours été respectées par l’institution de l’Eglise, dans un souci de réalisme politique. Inversement, l’esprit mercantiliste et esclavagiste est imputé à l’influence de l’athéisme sur les cours européennes. Le film se situe assez clairement dans une optique chrétienne. Il semble se situer dans un courant actuel du catholicisme, très présent en Amérique latine, que l’on appelle la « théologie de la libération ». La confrontation entre ce film et Candide est intéressante à deux niveaux…Elle montre qu’il peut y avoir deux points de vue diamétralement opposés concernant un même événement historique. Dans Candide, les missions Jésuites sont présentées comme l’exemple même d’une société oppressive…Los Padres y ont tout, les peuples rien. Elles sont l’opposé de l’Eldorado, qui dans les chapitres suivants représente l’Utopie, la société idéale. Dans le film, au contraire, ce sont les missions jésuites qui sont présentées comme des « Eldorados ». Elle illustre aussi la force de persuasion de l’apologue qui voit le film se laisse persuader de la justesse de la thèse défendue par son auteur, aussi facilement que nous admettons la thèse de Voltaire quand nous lisons Candide. D’où la nécessité de l’esprit critique !

 

 

 

 

La Compagnie de Jésus…

 

L’élan évangélisateur de la Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola en 1540, a très vite atteint les extrémités du monde. Mais sa réalisation la plus originale fut sans conteste la création de Missions chez les peuples amérindiens. Le pape François, premier pape jésuite et latino-américain, est l’héritier de cette utopie généreuse, qui n’a pas craint d’affronter les puissances de l’argent. L’historien argentin Ernesto Maeder regrette que ni ses compatriotes ni les Paraguayens n’aient encore pris conscience…De l’énorme signification de l’expérience jésuite, cette utopie dont le mérite n’a pas été seulement de dénoncer l’injuste réalité et de planifier un monde meilleur, mais aussi de construire effectivement un nouveau système ». À la fin du XVIe siècle, des rapports inquiétants arrivent à Madrid concernant le sort des Amérindiens dans les colonies du Nouveau Monde. C’est aussi à cette époque que les Jésuites arrivent dans le bassin du Paraná (Paraguay, nord-est de l’Argentine et sud du Brésil actuels). Saint Michel Archange, art guarani (Misiones, Argentine) De leur vision originale du monde et du choc avec la réalité coloniale naît l’idée de «réductions indiennes», c’est-à-dire du regroupement des populations natives en vue de favoriser leur évangélisation et les préserver de la rapacité des colons et des grands propriétaires, en quête de main-d’œuvre corvéable. En 1607, le roi d’Espagne Philippe III promulgue de premiers décrets qui protègent les futures Missions jésuites en leur garantissant une complète autonomie par rapport aux autorités locales. Surmontant les obstacles, les Jésuites parviennent à convaincre les Guaranis disséminés dans la forêt tropicale de se regrouper sous leur protection dans des villages de grande taille.

 

Cela n’a pas l’heur de plaire aux grands propriétaires portugais du Brésil, gourmands en main-d’œuvre, qui pratiquent l’esclavage dans les plantations de canne à sucre ou dans les mines d’or, selon le principe colonial de l’encomienda…Sculpture d’une église de mission jésuite (Bolivie) À leur initiative, les chasseurs d’esclaves ou bandeirantes de Sao Paulo multiplient les attaques contre les réductions jésuites et enlèvent leurs habitants en vue de les asservir. Entre 1628 et 1632, ils détruisent de la sorte les Missions du Guayrá (aujourd’hui province de Paraná, au Brésil) et capturent quelque 60.000 indigènes. C’est alors que la Couronne espagnole autorise les Jésuites à armer les Guaranis. Les Pères forment des milices indigènes, au total 4200 hommes armés d’arcs, de frondes, de javelots…ainsi que de 300 arquebuses. Le 11 mars 1641, à Mbororé, ils remportent une nette victoire militaire sur une armée de plusieurs centaines de bandeirantes partis de Sao Paolo. Rassurée sur l’avenir de ses missions, la Compagnie décide pour plus de sûreté de se replier sur le territoire paraguayen et la colonie du Río de la Plata (Argentine). Les Missions connaissent alors leur plus grand essor sur un territoire comparable à la France. Chaque village abrite jusqu’à cinq mille habitants et l’on en compte trente dans la région guarani. À la fin du XVIIe siècle, la Compagnie étend la fondation de «reductiones» au peuple chiquitano, en Bolivie une vingtaine en tout. À la différence des missions guaranis dont il ne reste que des ruines, ces réductions boliviennes, beaucoup moins connues, ont traversé le temps. Il en existe encore une demi-douzaine…San Francisco Javier, Concepción, Santa Ana, San Miguel, San Rafael et San José.

 

 

 

 

De 1610 à 1767, les Pères jésuites organisent la défense des Amérindiens de la forêt tropicale, contre les exactions des colons et les marchands d’esclaves venus du Brésil (les bandeirantes). Ils les regroupent dans de grands villages fortifiés, les réductions, qui fonctionnent sur un mode communautaire et démocratique. Les principales de ces réductions se trouvent dans le bassin du Parana (République du Paraguay et État argentin des Misiones), dans le domaine des Indiens Guaranis. D’autres missions sont développées avec succès dans le domaine des Chiquitos (Bolivie actuelle). Les missions de l’Amazonie n’arrivent pas, quant à elles, à se développer. L’ensemble des missions jésuites couvre un territoire d’environ 500.000 km2, avec une cinquantaine de réductions et quelques centaines de milliers d’Indiens…Une vie communautaire partir de 1640, une paix relative permet aux réductions de prospérer. D’un peu plus de 40.000 Guaranis habitant les trente villages jésuites de la région paraguayenne, on passe à 140.000 vers 1730. Les villages s’organisent suivant un plan géométrique autour d’une place centrale bordée par l’Église et la résidence des Pères, les entrepôts et les ateliers. Le tout est ceinturé par les maisons à pergola des familles indiennes. Deux Pères jésuites suffisent à assurer le bon fonctionnement de chaque communauté villageoise en veillant à la formation et à la vie spirituelle des Amérindiens, avec une discipline stricte. Les villageois exploitent les terres en commun selon un principe que l’on retrouvera plus tard dans les kolkhozes soviétiques ou les kibboutzim de Palestine. Ils produisent des céréales, du coton, de la canne à sucre et de la yerba mate (maté). Chaque famille dispose aussi d’une parcelle en propre pour compléter sa consommation. Les Jésuites respectent la langue native des Amérindiens et même promeuvent le guarani en lui donnant une forme écrite. C’est aujourd’hui la deuxième langue officielle du Paraguay, au côté de l’espagnol. Les Guaranis et les Chiquitanos font eux-mêmes preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation et maîtrisent parfaitement les techniques enseignées par les Pères, comme le montre la belle architecture baroque des églises en bois et adobe, qui subsistent notamment en Bolivie. Les hommes des Lumières ne pouvaient pas rester indifférents aux missions jésuites en Amérique du Sud. Plaçant l’Homme au cœur de leur préoccupation, ils observèrent avec le plus grand intérêt cette expérience grandeur nature de mise en place d’une société égalitaire. Un traité entre l’Espagne et le Portugal, en 1750, modifie les limites entre leurs domaines américains respectifs. Art guarani, église de Nuestra Senora del Rosario, Sept missions jésuites proches du fleuve Uruguay se retrouvent en territoire portugais et doivent donc être déplacées. Mais les Guaranis refusent le déplacement. Il s’ensuit une guerre locale qui finit mal pour les Amérindiens et envenime également les relations déjà tendues des Jésuites avec les colons. Plus grave, en Europe, la Compagnie de Jésus, soupçonnée de vouloir gérer un État à l’intérieur de l’État et jalousée pour son aura intellectuelle, est en butte à l’hostilité croissante des élites.

 

En 1767, le roi Charles III d’Espagne signe l’ordre d’expulsion de la Compagnie de Jésus de ses domaines. Les Pères jésuites s’inclinent sans faire de résistance. C’en est fini de leur utopie sud-américaine en laquelle Voltaire lui-même, pourfendeur des Jésuites et de l’Église, voyait un « Triomphe de l’humanité ».

 

 

 

 

 

 

 

UNE MUSIQUE DE LA SALVATION

Lien par le titre d’un article passionnant sur la musique du film par François Faucon

 

De toutes les musiques de films composées par Ennio Morricone, celle pour le film The Mission de Roland Joffé en 1986 a durablement marqué les esprits et s’impose par la profusion et la puissance de ses thèmes musicaux. Là où d’autres compositeurs musicalisent un film en recyclant le même thème à des vitesses, des tonalités et des rythmes différents, Morricone propose une imbrication de thèmes qui correspond à celle des différents protagonistes du film. Il faut, avant de poursuivre et pour clarifier notre propos, identifier ces thèmes avec précision ainsi que leur possible signification dans le film. Au-delà des éloges dont cette musique fait toujours l’objet, on peut s’interroger sur ce qui en constitue la singularité musicale. Musique complexe et subtile ? A la croisée des chemins entre musique occidentale et amérindienne ? Musique fédératrice pour une société utopique ? Manifestation d’une conception du divin fondamentale pour le maestro ? Peut-être tout à la fois. Malgré son succès planétaire, « The Mission » n’a pas reçu beaucoup de récompenses. En 1987, Morricone repart avec un Golden Globe et un BAFTA Award. Nommé aux Oscars, il perd contre Herbie Hancock pour le film Round Midnight de Bertrand Tavernier. Cette défaite de The Mission poussait à se demander si les Etats-Unis savaient apprécier autre chose que leur propre culture…L’album de Hancock relève du jazz et le fait de voir un artiste noir remporté une si prestigieuse récompense a bien dû irriter le tout Hollywood…Alors ? Qu’est-ce que la musique de The Mission ? Une musique protéiforme, à la croisée des chemins entre les passions humaines et la volonté de purifier les conflits. L’œuvre d’un esprit musical religieux permettant de donner du sens à des événements qui nous dépassent ? La plus réussie des compositions du maestro ? Incontestablement une musique de la salvation. Morricone n’a pas spontanément accepté la charge de cette composition, trop impressionné qu’il était par les images. Que l’analyse des musiques de films étant un secteur non rentable, il faudra encore attendre longtemps avant d’avoir une analyse globale de l’œuvre du maître.